Informations générales
- Compositeur:Saverio Mercadante
- Librettiste:Gaetano Rossi
- Date de création:1839
- Lieu de création:Italie
- Nombre d'acte:3
- Langue originale:Italien
- Maison d'opéra de la production originale:Teatro alla Scala.
Description de l'Œuvre
Presque totalement oublié de nos jours, Giuseppe Saverio Mercadante (1795-1870) est l’auteur d’une soixantaine d’opéras dont la production s’étale sur les cinquante années durant lesquelles s’illustrent Rossini (1792-1868), puis Donizetti (1797-1848), Bellini (1801-1835) et le jeune Verdi (1813-1901). Face à une telle concurrence il est bien difficile de s’imposer et l’importance de la contribution de Mercadante à l’histoire de l’opéra romantique italien est souvent occultée. Pourtant, le compositeur bénéficie d’une certaine réévaluation à la faveur de la « renaissance belcantiste » et on lui reconnaît une influence sur les premiers ouvrages de Verdi qui admirait son sens de l’invention mélodique. Mercadante se signale par le raffinement de son écriture harmonique comme par la richesse de son art de l’orchestration, toujours alliés à l’observance des règles du « bel canto ». Après la mort de Bellini en 1835, et le départ de Donizetti pour Paris en 1838, s’ouvre une période durant laquelle Mercadante domine la scène lyrique italienne avec des ouvrages comme I Due Illustri Rivali (1838) ou Il Bravo ossia la Veneziana (Il Bravo ou la Vénitienne) qui lui vaut le plus grand triomphe de toute sa carrière. Verdi, la nouvelle étoile montante, viendra bientôt éclipser le talent de Mercadante.
Avec plus de trois heures de musique en version intégrale, Il Bravo est le plus long ouvrage du compositeur. C’est aussi son opéra le plus romanesque et le plus trépidant avec son avalanche d’enlèvements, de vengeurs masqués et de malentendus auxquels s’ajoutent des amours contrariées et une mystérieuse enfant perdue et retrouvée. Tous ces éléments dignes d’un roman de cape et d’épée ont pour décor une Venise à l’atmosphère envoûtante. Cette intrigue d’une grande complexité s’explique en partie par les circonstances qui entourent la rédaction du livret. Ce dernier est d’abord confié à Antonio Bindocci qui s’inspire d’un drame d’Auguste Anicet-Bourgeois (1806-1871), La Vénitienne (1834), déjà adapté d’un roman de Fenimore Cooper (1789-1851), The Bravo: A venitian story (1831). Mais Bindocci déclare bientôt forfait, et Mercadante s’adresse à Gaetano Rossi (1774-1855) qui finit par confier le livret à un de ses élèves, Marco Marcelliano Marcello (1820-1865). Felice Romani (1788-1865), un des meilleurs librettistes de son temps, apporte encore quelques modifications à l’intrigue mais le résultat reste assez bancal. Malgré la totale extravagance de son intrigue Il Bravo remporte un triomphe, et part rapidement à la conquête de l’Europe. Ce fut un des derniers succès du célèbre ténor Domenico Donzelli (1790-1873), créateur du rôle-titre.
Résumé
Le Bravo est un mystérieux tueur à gages. Masqué et vêtu de noir, il suscite la crainte chez les Vénitiens. En réalité, il s’agit d’un proscrit du nom de Carlo qui a accepté ce rôle sinistre dans l’espoir de sauver son père, prisonnier des geôles du Conseil des Dix. Carlo, alias Le Bravo, retrouvera sa femme et sa fille qu’il croyait avoir définitivement perdues mais il ne parviendra pas à libérer son père et il recevra l’ordre d’assassiner l’épouse qu’il venait à peine de revoir.
Acte 1
Foscari projette l’enlèvement de la jeune Violetta pour laquelle il a rejeté son ancienne maîtresse, la courtisane Teodora. Pour enlever Violetta, Foscari est bien décidé à assassiner son tuteur, Maffeo. Ce forfait aurait pu être facilité par l’intervention d’un tueur à gages, Bravo, qui n’a pas accepté de s’en mêler. Vêtu de noir et masqué, Bravo est en proie à une sombre mélancolie quand il reçoit la visite d’un jeune proscrit, Pisani auquel il accepte d’apporter son soutien. Pisani est venu à Venise pour retrouver la jeune fille qu’il aime et accomplir une vengeance. Bravo accepte de lui prêter son masque et son poignard. Déguisé en noble Dalmatien, Bravo fait savoir à Foscari qu’il connaît ses crimes. Le corps de Maffeo a été retrouvé dans une gondole abandonnée et Violetta erre désemparée dans les rues de Venise. Sous son déguisement, Bravo lui vient en aide tandis que Pisani, sous le masque noir de Bravo, se fait passer pour lui et pénètre dans le Palais du Doge.
Acte 2
Teodora apprend avec angoisse la mort de Maffeo et l’adoption de Violetta par un mystérieux étranger. La courtisane avoue qu’elle est la propre mère de la jeune fille. Teodora pense que Bravo, le tueur à gages, est le seul capable de récupérer sa fille. Teodora accueille Pisani déguisé en Bravo : il lui jure de retrouver Violetta. Cette dernière est en sécurité chez le véritable Bravo qui lui conte sa malheureuse histoire. Faussement accusé devant le Conseil des Dix, il a été condamné à l’exil tandis que son père devait être exécuté. Pour sauver la vie de son père, Bravo a dû accepter de devenir tueur à gages pour le compte du Conseil des Dix. Bientôt Pisani retrouve Violetta et les deux jeunes gens s’avouent leur mutuelle passion. Pisani révèle à Violetta qu’elle est la fille de Teodora. Bravo les surprend. Il leur jure de conduire lui-même Violetta auprès de sa mère en promettant qu’il favorisera leur union. Bravo et Violetta se rendent masqués dans les salons de Teodora où se déroule un bal auquel participe aussi Pisani. Bravo présente Violetta à sa mère, ce qui déclenche un scandale. Teodora provoque alors un incendie qui lui permet de fuir avec sa fille.
Acte 3
Teodora et sa fille se livrent au bonheur des retrouvailles à l’abri des regards indiscrets, mais elles sont surprises par Bravo qui exige des preuves tangibles de la filiation des deux femmes. Seul Maffeo aurait pu attester que Teodora était bien la mère de Violetta et qu’elle avait préféré fuir loin d’un cruel époux du nom de Carlo. Bravo révèle alors qu’il est ce Carlo et qu’il croyait avoir causé la mort de son épouse. Surgit alors Pisani portant toujours le masque du Bravo. Le jeune homme exige la main de Violetta et Bravo lui donne rendez-vous à minuit, l’heure où il devra lui restituer son masque et son poignard. Pendant ce temps, les gardes du Conseil des Dix rôdent autour de la demeure de Teodora. On apprend que Foscari a été condamné à l’exil pour le meurtre de Maffeo. Bravo aide sa femme et sa fille retrouvées à fuir avec Pisani qui lui rend son masque, son poignard et un ordre écrit du Conseil. Teodora découvre la réalité des activités du Bravo, identité derrière laquelle se cachait Carlo. Ce dernier n’a pas réussi à faire sortir son père des prisons du Conseil. Carlo et Teodora regardent s’éloigner la gondole qui emporte leur fille et Pisani. Pour comble de malheur, Bravo ouvre alors l’ordre du Conseil qui lui désigne Teodora comme prochaine victime à exécuter. Apprenant la sentence, Teodora se donne la mort elle-même. Un messager du Conseil apporte à Carlo la nouvelle du décès de son père. Désormais, le Bravo est délivré de ses obligations de tueur à gages, mais sa vie est définitivement brisée, et il s’effondre sur le cadavre de son épouse.
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