Informations générales
- Compositeur:Jacques Offenbach
- Librettiste:Ludovic Halevy
- Date de création:1867
- Lieu de création:France
- Nombre d'acte:3
- Langue originale:Français
- Maison d'opéra de la production originale:Théâtre des Variétés
Description de l'Œuvre
La Grande Duchesse de Gerolstein occupe une place de choix parmi les quelques quatre-vingt-dix ouvrages que composa Jacques Offenbach. Créée au moment de l’Exposition Universelle de 1867, elle est le reflet désopilant autant que l’ornement parfait du Second Empire sur lequel a régné avec brio son compositeur. Tous les souverains européens vinrent applaudir cette Grande Duchesse qui avait la voix ensorcelante de la sémillante Hortense Schneider. Sa loge, rendez-vous incontournable du Tout-Paris, était appelée le « passage des Princes ». L’œuvre demeure un des plus grands succès de celui dont le célèbre photographe Nadar disait qu’il était « né du croisement d’un coq et d’une sauterelle ». La Grande Duchesse présente toutes les caractéristiques de « l’offenbachiade ». La partition assemble avec un étonnant savoir-faire les pages burlesques et les moments d’une grande subtilité musicale. Se jouant des réticences de la censure, Offenbach se lance avec charme et virtuosité dans une parodie du régime. Pour cette souveraine fantaisiste qu’on veut tenir à bonne distance de l’actualité politique, la censure lui impose le choix d’un nom de pays imaginaire pris dans Les Mystères de Paris d’Eugène Sue. Le compositeur se moque aussi bien des militaires irresponsables et ridicules que de la capricieuse vanité des têtes couronnées, en parodiant les plus beaux airs du Grand Opéra à la française tel Les Huguenots de Meyerbeer. Le comique naît alors de la distorsion entre le ridicule des paroles et la grandiloquence de la musique. La réussite de La Grande Duchesse doit beaucoup aux deux librettistes, complices inséparables d’Offenbach : Ludovic Halévy son alter ego, impitoyable observateur de l’époque et Henry Meilhac, le brillant technicien dramatique. Offenbach, dans le talent duquel Nietzsche décelait « la forme suprême de la drôlerie » compose une œuvre où perce un certain désenchantement sous l’ingénieux savoir-faire : le brave Fritz gagne gloire et fortune aussi vite qu’il les perd tandis que la société frivole que gouvernent sur le théâtre, les caprices de la Grande Duchesse et dans le réel, les décisions de Napoléon III, continue, elle, de s’étourdir sans soupçonner que les désastres de la guerre sont si proches.
Résumé
Dans une principauté imaginaire, le Grand-Duché de Gerolstein, règne une souveraine plus sensible au prestige de l’uniforme qu’aux arcanes de la politique. La Grande-Duchesse se détourne de son prétendant, le Prince Paul, pour s’enticher d’un beau soldat, Fritz, qu’elle propulse au sommet de la hiérarchie militaire. Sans y rien comprendre, le simple soldat devient général en chef, s’attirant définitivement la haine du ridicule général Boum, du vaniteux baron Puck et de l’inconsistant prince Paul qui cherchent désormais à l’éliminer définitivement pour reprendre le contrôle du pouvoir. Les trois fantoches échafaudent un complot auquel se joint contre toute attente, la Grande-Duchesse elle-même ! Elle finit par se résoudre à épouser son prétendant, tandis que Fritz, malheureux jouet de son insaisissable humeur, retrouve sa très modeste condition initiale qu’il partagera avec Wanda, sa jeune amie devenue son épouse.
Acte 1
La Grande-Duchesse de Gerolstein s’est lancée par ennui dans une guerre nullement nécessaire dont elle a confié la conduite au vaniteux général Boum (« A cheval sur la discipline »). Très sensible au charme des beaux militaires, elle remarque le jeune Fritz, simple soldat, déjà fiancé à la jeune Wanda (« Ah, que j’aime les militaires »).Elle dit sa fierté en évoquant le sabre glorieux de son père dont elle confie la garde à Fritz propulsé au grade prestigieux de général en chef. Devant cette fulgurante promotion qui vient bouleverser la hiérarchie du petit royaume d’opérette, le général Boum, le baron Puck et le prince Paul, prétendant de la Grande-Duchesse, décident de réagir au plus vite.
Acte 2
Le général Fritz a remporté la guerre en quatre jours grâce à une stratégie aussi originale que grotesque ; il a fait boire à l’armée ennemie les réserves de vin de ses propres troupes... La Grande-Duchesse, plus amoureuse que jamais, lui fait une déclaration à laquelle, en bon militaire, il ne comprend rien ! (« Dites-lui qu’on l’a remarqué »). Il commet de surcroît l’imprudence de lui confier ses projets de mariage avec Wanda. Pendant ce temps, Boum, Puck et Paul fomentent un complot contre le beau général sur le modèle de l’élimination du favori d’une ancêtre de la Grande-Duchesse (« Max était soldat de fortune »). Quand celle-ci les surprend, contre toute attente, elle se joint à leur complot, humiliée par la naïve franchise de Fritz.
Acte 3
Dans la chambre rouge où la Grande-Duchesse Victorine avait autrefois assassiné son amant, le comte Max de Sedlitz-Calembour, les conjurés aiguisent leurs poignards (« Tournez, tournez, manivelles »). Ce Chant des Rémouleurs est une parodie de La Bénédiction des poignards des Huguenots de Meyerbeer. Finalement, la Grande-Duchesse tombe sous le charme d’un certain baron Grog qui lui semble « chaud ». Fidèle à son étonnante versatilité, elle décide soudain d’épouser le prince Paul. Quant au pauvre Fritz, après avoir été envoyé dans un traquenard qui lui a été réservé au château d’une certaine dame Roc-à-Pic, il redevient simple soldat et retrouve sa modeste condition qu’il partagera avec la jeune paysanne Wanda devenue son épouse. Tout rentre donc dans l’ordre au duché de Gerolstein « où les gens marchent la tête en bas ».
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