Informations générales
- Compositeur:Richard Strauss
- Librettiste:Stefan Zweig
- Date de création:1935
- Lieu de création:Allemagne
- Nombre d'acte:3
- Langue originale:Allemand
- Maison d'opéra de la production originale:Semperoper Dresden.
Description de l'Œuvre
La Femme silencieuse (Die schweigsame Frau), onzième des quinze opéras de Richard Strauss, apparaît d’emblée comme un irrésistible et joyeux tourbillon, mêlant humour et sagesse dans une partition pleine de virtuosité orchestrale et vocale. Une joie de vivre contagieuse irrigue ces flots de musique lumineuse sans pour autant les empêcher de venir se briser sur les sinistres écueils de l’Histoire. Deux ans après la mort de l’irremplaçable Hugo von Hofmannsthal, le compositeur retrouva un librettiste à sa mesure en travaillant avec l’écrivain autrichien, Stefan Zweig qui lui proposa d’adapter une pièce du dramaturge britannique Ben Jonson (1572-1637). Malheureusement, entre 1931, début de leur fructueuse collaboration et 1935, année de la création de La Femme silencieuse, l’Allemagne était devenue nazie. Le nom de Zweig, écrivain juif, est effacé de l’affiche, ce qui entraine un grave conflit entre le régime et le compositeur. L’opéra créé sous la direction de Karl Böhm, est boycotté, puis interdit après trois représentations. Richard Strauss, qui a pris parti pour Stefan Zweig, doit démissionner de la présidence de la Chambre de musique du Reich. La rupture est définitivement consommée.
Quel contraste entre l’époque qui voit sombrer le « monde d’hier » et l’atmosphère d’un opéra-bouffe plein de gaité et de légèreté. On retrouve la même inspiration que celle du Don Pasquale de Donizetti et la même veine que celle du Falstaff de Verdi. L’irascible Morosus ne supporte aucun bruit, ce qui le conduit à se laisser convaincre d’épouser une « femme silencieuse », sous l’apparence de laquelle se dissimule la rusée Aminta, comédienne très bruyante !
La Femme silencieuse commence par un éclatant prologue orchestral, éblouissant feu d’artifice symphonique intitulé « pot-pourri », qui annonce les principaux thèmes de l’œuvre dans laquelle abondent les citations ou parodies musicales en forme d’hommage à la musique baroque. Les sopranos coloratures peuvent déployer toute leur virtuosité dans le rôle d’Aminta, sœur de la Zerbinette d’Ariane à Naxos (1916). Natalie Dessay a su parfaitement s’approprier ce rôle marqué par l’extrême difficulté que représente l’art de « la conversation en musique », chère à Richard Strauss. Peu souvent donnée dans sa version complète qui dure près de trois heures, La Femme silencieuse ne figure pas parmi les grands opéras straussiens. La création scénique en France n’en eut lieu qu’en 1981 à l’Opéra de Lyon sous la direction de Marek Janowski.
Résumé de La Femme silencieuse de Richard Strauss
À la suite d’un accident, Morosus ne peut supporter aucun bruit. Henry, son neveu et unique héritier, qu’il croyait mort en Italie, revient pour sa plus grande joie. Hélas, il est accompagné d’une très bruyante troupe de chanteurs ambulants ! Scandalisé, Morosus décide de le déshériter et d’épouser une « femme silencieuse » pour assurer tranquillement sa descendance. Quand celle dont on lui a vanté la réserve, se révèle être une mégère bruyante et malfaisante, il ne lui reste plus qu’à demander le divorce. Heureusement, Henry lui révèle qu’il est victime d’une supercherie et que son mariage n’était qu’une comédie destinée à lui servir de leçon.
Acte 1
Morosus, amiral en retraite, n’aspire qu’au silence et à la tranquillité. Son barbier en qui il a toute confiance, lui conseille d’épouser une femme jeune et silencieuse pour égayer un tant soit peu sa triste vieillesse.
Arrive soudain Henry, le neveu que Morosus croyait mort. Tout serait parfait si ce revenant, providentiel descendant, n’était pas accompagné de bruyants chanteurs tout à fait insupportables ! Comble de malheur, Henry avoue faire partie de cette troupe d’opéra italien et en avoir épousé la prima donna, Aminta. Morosus déverse un flot d’injures sur les chanteurs, déshérite son neveu et ordonne à son barbier de lui trouver une épouse silencieuse au plus vite. Les pauvres artistes sont consternés.
Le barbier leur explique néanmoins que c’est à la suite de l’explosion d’une poudrière que Morosus est devenu si intolérant au bruit. Il propose à la troupe de monter une supercherie pour récupérer l’héritage : ils organiseront pour le vieil atrabilaire un simulacre de mariage qui le guérira de son mauvais caractère.
Acte 2
Comme convenu, le barbier présente à Morosus trois fiancées possibles qui sont les trois chanteuses de la troupe déguisées pour la circonstance. Le vieil amiral jette son dévolu sur une certaine Timidia « douce et silencieuse fille de la bourgeoisie », sous l’apparence de laquelle se cache en réalité, Aminta. Le simulacre de mariage a lieu. Morosus se révèle empressé et sincère, plongeant Aminta dans l’indécision. Malgré ses scrupules face au vieil homme devenu sympathique, elle se transforme en horrible mégère selon le plan établi. Morosus est désespéré par cette imprévisible transformation. Henry se pose en sauveur et promet de l’aider à divorcer.
Acte 3
Le lendemain, le calvaire du pauvre Morosus reprend de plus belle. Aminta orchestre toutes sortes de bruits : déménagement de meubles, bruyants travaux de transformation, cours de chant accompagné au clavecin… Quand les trois chanteurs de la troupe déguisés en hommes de loi arrivent pour procéder au divorce, Morosus constate avec horreur qu’aucun motif de séparation ne peut être retenu ! Le suicide semble la seule issue à ce cauchemar.
On lui révèle enfin la supercherie et il finit par éclater de rire, se laissant gagner par l’indulgence, tout heureux de voir la situation s’arranger au mieux. Grâce au talent des artistes qui ont si bien réussi leur supercherie, il a retrouvé une famille et la joie de vivre, surtout maintenant qu’avec la fin de la comédie, la musique va se taire !
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