Feuersnot - Feuersnot

A l’origine de Feuernost, le deuxième opéra de Richard Strauss, se trouve une évidente volonté de revanche à l’égard du public munichois qui avait très mal accueilli Guntram (1894), son premier ouvrage lyrique. A travers un    sujet emprunté à un recueil de légendes flamandes, le compositeur cherche à mettre en lumière la singularité d’un homme, le magicien Kunrad, seul face à l’aveugle hostilité des Munichois du XIIème siècle. Dans cet ouvrage tissé d’allusions et de citations musicales proches du pastiche, Strauss affirme à nouveau et avec encore plus de force, son allégeance à Richard Wagner. Curieux mélange en vérité, où se côtoient des thèmes wagnériens et des motifs repris directement du premier opéra, Guntram. Le héros de Feuernost, le jeune Kunrad a pour maître  Reichart, un vieux sorcier, en qui se devine Wagner, d’autant plus aisément que le texte du livret fourmille de jeux de mots éclairants. Cependant, ce deuxième essai lyrique d’inspiration burlesque révèle de nouveaux horizons et annonce des thèmes majeurs. Le lyrisme s’affirme dans les duos entre les jeunes amants, l’orchestration gagne en raffinement et les rythmes de valses préfigurent ceux du Chevalier à la Rose. Richard Strauss développe déjà le thème nietzschéen de la suprématie de l’individu, et singulièrement de l’artiste, seul et libre face à la médiocrité générale. Feuernost est une véritable comédie à clefs dont le librettiste était  un chansonnier, Ernst von Wolzogen, futur propriétaire d’un célèbre cabaret de Berlin, ville où Richard Strauss occupait le poste de premier chef à L’Opéra. Comme Berlin refusait de monter son nouvel ouvrage, le compositeur profondément déçu, jura que plus jamais on n’y verrait la création d’une de ses œuvres. La première de Feuernost eut lieu à Dresde avec un succès considérable. Gustav Mahler dirigea les reprises viennoises de cet ouvrage qui nécessite un orchestre très important  et un public apte à en saisir toutes les allusions et références musicales. 

Résumé

L’action se passe au  XIIème siècle, à Munich. Le soir de la Saint-Jean, Diemut, la fille du bourgmestre, décide de se venger d’un prétendant un peu trop fougueux, le mystérieux Kunrad , en le plaçant dans une situation ridicule qui en fait la risée des Munichois. Mais Kunrad utilise ses dons de magicien pour éteindre toutes les lumières de la ville. Il  prononce un discours vengeur à l’encontre des Munichois qui font preuve selon lui de médiocrité et d’étroitesse d’esprit. Pour que les feux se rallument, Kunrad exige que  Diemut se donne à lui. 

Acte unique

Le soir de la Saint-Jean, les enfants parcourent Munich afin de récolter le bois nécessaire pour nourrir les feux du solstice d’été. Kunrad, artisan doté de pouvoirs magiques, leur propose de prendre tout le bois qu’ils trouveront dans sa maison, quitte à la démonter entièrement. Puis, emporté par une irrésistible passion, il provoque une sorte de scandale en embrassant fougueusement Diemut, la fille du bourgmestre. Tout en étant sensible au charme de son singulier prétendant, Diemut décide de se venger en lui tendant un piège qui le conduit à rester suspendu dans un panier destiné à faciliter son ascension jusqu’au balcon de la chambre de la jeune fille. Tous les passants se moquent de lui. Exaspéré, Kunrad utilise ses dons de magicien pour plonger la ville dans l’obscurité. Puis, dans un discours passionné, il fustige sévèrement l’étroitesse d’esprit des Munichois, les accusant d’avoir autrefois chassé de leur ville son maître Reichart. Seule une femme pourra leur rendre la lumière. Diemut comprend qu’elle doit accueillir Kunrad dans sa chambre. Bientôt, une lueur apparaît à sa fenêtre, annonciatrice du retour de la lumière dans toute la ville de Munich. 

Livret interactif