La Khovantchina dirigée par Esa-Pekka Salonen au Festival de Pâques de Salzbourg 2025

Xl_la-khovantchina_festival-de-paques-de-salzbourg-2025 © Festival de Pâques de Salzbourg 2025

Sous-titré « Wounds and Wonders » (blessures et merveilles), le Festival de Pâques de Salzbourg 2025 sera notamment articulé autour de La Khovantchina, opéra inachevé de Moussorgski plusieurs fois modifié. À Salzbourg, Simon et Gerard McBurney souhaitent faire entendre « chaque note écrite par Moussorgski ». 

« Wounds and Wonders », littéralement « Blessures et Merveilles ». Tel est le sous-titre de l’édition 2025 du Festival de Pâques de Salzbourg, qui se tiendra du 12 au 21 avril de l’année prochaine. Un sous-titre qui cache une programmation articulée autour de La Khovantchina, le « drame populaire musical » de Modest Petrovich Moussorgski qui sera donnée dans une nouvelle mise en scène de Simon McBurney. Un sous-titre qui prend tout son sens quand on rappelle que le compositeur était profondément torturé et que son œuvre aux allures de fresque monumentale pleine de fureur et de passion nous est parvenu de façon parcellaire.

La santé précaire de Modest Moussorgski a toute sa vie obéré sa capacité créatrice et, on le sait, il n’achèvera jamais son opéra – il avait débuté la composition de La Khovantchina en 1872 mais sans avoir le temps de terminer sa partition, avant son décès en 1881. À sa mort, il ne laissait qu’une partition pour piano et des fragments de la partition orchestrale, sans que la fin de l’ouvrage nous soit parvenue. L’opéra sera finalement complété par Nikolaï Rimski-Korsakov en 1882, Igor Stravinsky en proposera une fin alternative en 1913, et Chostakovitch en fit une nouvelle orchestration en 1958 avec une fin de sa propre composition – et c’est cette version parachevée par Chostakovitch qu’on donne habituellement de nos jours.

Une recomposition de La Khovantchina de Moussorgski

C’est cette « nature fragmentaire et incomplète » de l’opéra qui a d’abord suscité la « fascination » du metteur en scène Simon McBurney. La production qui sera donnée au Festival de Pâques de Salzbourg proposera « une version de cette fin qui tente de rester aussi proche que possible des esquisses manuscrites de Moussorgski qui ont survécu avant de mener au final signé par Stravinski au début du XXe siècle ». Ce travail sur la partition parcellaire de Moussorgski a été dirigé par Gerard McBurney, le frère de Simon McBurney et son collaborateur régulier, à la fois spécialiste de la musique russe, compositeur et orchestrateur, en s’appuyant notamment sur des documents découverts plusieurs décennies après que Chostakovitch a achevé sa version.

Selon Gerard McBurney, « cette fragmentation de la musique conservée nous permet de passer de la merveilleuse version de Chostakovitch à une sorte de friche réunissant ce qui nous reste des esquisses fragmentaires de Moussorgski, jusqu'à la magnifique rédemption de la fin de Stravinsky ». Il poursuit : « Nous voulions nous assurer que le public entende chaque note écrite par Moussorgski ». Il y ajoute également « des éléments discrets de son électronique pour accompagner la continuité dramatique de ces esquisses ».

Au Festival de Pâques de Salzbourg 2025, cette musique réinventée prendra vie sous la baguette du chef finlandais Esa-Pekka Salonen, à la tête du Finnish Radio Symphony Orchestra. Et le chef d’orchestre a déjà travaillé avec Gerard McBurney : ensemble, ils ont notamment assuré la première mondiale d’Orango en 2011, opéra recomposé de Chostakovitch déjà sur la base de fragments incomplets. À cette heure, la distribution de la production n’est pas encore annoncée, mais le projet se dévoile sur le site du Festival.

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