Le Metropolitan Opera commande un opéra au compositeur ukrainien Maxim Kolomiiets

Xl_maxim-kolomiiets-metropolitan-opera © Sasha Pais

En 40 ans à la direction musicale du Metropolitan Opera, James Levine avait fait de l’Opéra new-yorkais un temple du classicisme lyrique, faisant la part belle à Mozart, Verdi ou Wagner – entre 1971 et 2017, James Levine n’aurait dirigé que deux opéras composés après 1950. Notamment sous l’impulsion de Yannick Nézet-Séguin qui lui succède depuis 2017, le Met Opera diversifie considérablement son répertoire pour l’ouvrir à des œuvres contemporaines (six opéras contemporains seront donnés au Met rien qu’au cours de sa saison 2023-24), et de plus en plus régulièrement, la maison new-yorkaise passe commande de nouvelles œuvres à des compositeurs dont le travail est très ancré dans l’époque.

Nouvel exemple aujourd’hui avec cette commande d’un nouvel opéra par le Met Opera au compositeur ukrainien Maxim Kolomiiets. Si le livret de ce nouvel opéra confié au dramaturge américain George Brant doit mettre en scène des personnages fictifs, l’ouvrage s’inspirera néanmoins « des témoignages bien réels de ces mères ukrainiennes ayant parcouru 5 000 km en territoire occupé par l’armée russe en Ukraine pour récupérer leurs enfants enlevés et détenus par les autorités de Moscou ».

L’épisode fait écho à une enquête de la Cour pénale internationale portant sur l’enlèvement d’enfants ukrainiens par la Russie (prétendument orphelins mais dont les parents s’avéraient être toujours en vie), et qui a donné lieu à l’émission de mandats d’arrêt internationaux pour crimes de guerre contre Vladimir Poutine et la commissaire russe aux droits de l'enfant Maria Lvova-Belova qui orchestrait le programme de déportation d’enfants et adolescents ukrainiens en Russie. Selon le librettiste qui se confie au New York Times, « des milliers d'histoires pourraient et devraient être racontées à propos de ce conflit, mais celle-ci semblait traduire à la fois l'ampleur de l'horreur à laquelle les Ukrainiens sont confrontés et le courage et la résilience de ce peuple ».

Un opéra du compositeur Maxim Kolomiiets

La commande de l’opéra par le Met fait suite à une rencontre l’année dernière entre Peter Gelb, le directeur de l’établissement new-yorkais, et la première dame d'Ukraine, Olena Zelenska. On sait Peter Gelb très investi en faveur de l’Ukraine (son épouse, la cheffe Keri-Lynn Wilson est d’origine ukrainienne) et afin de « soutenir culturellement l'Ukraine dans sa lutte pour la liberté », le directeur du Met avait initié un appel à projet : « Je ne vois pas de meilleur moyen que de proposer un opéra qui documente un aspect de la guerre qui souligne l'héroïsme individuel du peuple ukrainien face aux atrocités et aux circonstances les plus terribles et les plus horribles ». Quelque 72 compositeurs y ont répondu et après examen, le Met a donc retenu le projet d'opéra de Maxim Kolomiiets.

Déjà à l’origine de deux opéras et de nombreuses œuvres pour ensembles, orchestres et chœurs, Maxim Kolomiiets précise que « l’objectif n'est pas seulement d'attirer l'attention sur l'Ukraine, mais aussi de mettre en lumière des situations similaires dans le monde entier, où des mères endurent d'immenses souffrances en essayant de protéger leurs enfants ». Le travail du compositeur et du librettiste débute à peine, mais le Met Opera espère pouvoir en proposer la création d’ici 2027 ou 2028.

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