Les Talens Lyriques de retour à Ambronay avec Paul Figuier et Bach

Xl_thumbnail__dsc1704_dxo © Bertrand Pichène

Si le weekend du 4 au 6 octobre était le dernier weekend du Festival d'Ambronay, il n’était pas pour autant des moindres avec le retour des Talens Lyriques et de Christophe Rousset après quatre ans d’absence ! Accompagnés par le contre-ténor Paul Figuier, l’ensemble proposait de mettre en avant des cantates de Bach pour alto.

Jean-Sébastien Bach a composé un nombre important de cantates, dont plus de 200 nous restent aujourd’hui. Ainsi que le rappelle la note d’intention, « entre 1723 et 1728, alors qu’il vient d’être nommé directeur artistique de l’église Saint-Thomas de Leipzig, prenant le titre de Thomaskantor, Bach, âgé d’une quarantaine d’années, compose ses cantates à un rythme effréné hebdomadaire ». Pour le programme concocté par Paul Figuier et Christophe Rousset vendredi soir, choix a été fait de se concentrer sur ces cinq premières années de Bach au poste de Kantor de l’église Saint-Thomas de Leipzig, à l’exception de la  cantate BWV 197 (de 1736-1737, mais toujours depuis Leipzig).

Outre les airs pour alto, le programme prévoyait également des Sinfonie composées pour d’autres cantates, permettant des alternances entre chants et parties instrumentales pour rythmer la soirée. Une belle façon aussi de mettre en avant les musiciens des Talens Lyriques, comme lors de la première extraite d’Am Abend aber desselbigen Sabbats dans laquelle la ligne basse est fort bien appuyée, ou encore celle extraite d’Ich hatte viel Bekümmernis, véritable moment suspendu dans lequel s’exprime une légèreté, un équilibre et un accord parfait au sein des musiciens. Quant au hautbois de Gilles Vanssons, il se déploie tout particulièrement dans la seconde partie du programme, qui s’ouvre davantage à l’expression de la joie introduite après l’ultime air avant la pause. L’espoir pointe ses rayons solaires après l’introspection de la première partie. Toutefois, la première apparition solo de Gilles Vanssons était tout aussi remarquable que les suivantes : il répondait alors à la voix de Paul Figuier dans « Schäfert allen Sorgenkummer », créant un lien étroit entre le chanteur et le reste de l’orchestre. L’harmonie de l’ensemble était superbe, sans jamais effacer les personnalités et les voix de chacun. À la fois à la direction et à l’orgue, Christophe Rousset mène sa barque avec calme assurance, prêtant attention à ses musiciens afin de ne jamais les mettre en porte-à-faux. La sérénité règne en ces lieux, et le navire est particulièrement solide.

Paul Figuier offre pour sa part une projection claire et lumineuse, sans aucun accro, marquant avec une belle énergie chaque note – notamment dans « Was mein Herz von dir begehrt » –, le tout dans une diction maîtrisée. Les élans de la voix accompagnent la balade instrumentale de « Wie furchtsam », tandis que l’impression d’élévation qui s’écoule dans « Gott ha talles wohl gemacht » transparaît jusque dans la ligne de chant. La gymnastique de la bouche du contre-ténor étonne et interpelle, mais ce qui compte avant tout demeure cette prononciation, cette longueur de voix ou encore ce raffinement du chant qui se déploie dans l’abbaye et vibre au rythme de Bach et de son introspection parfois langoureuse.

Heureux, le public ne laisse pas les artistes quitter la scène après ces treize extraits et cantates. Paul Figuier, Christophe Rousset et les Talens Lyriques offrent alors deux bis en réponse : un extrait de l’Oratorio de l’Ascension de Bach, ainsi que la reprise de « Wie furchtsam ». Une belle soirée qui, à défaut de réveiller les morts, aura permis de communier avec soi-même.

Elodie Martinez
(Ambronay, le 4 octobre)

Cantates de Bach, airs pour alto, le 4 octobre à Ambronay et en direct sur Culturebox.

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