Mardi soir, l’Auditorium de Lyon accueillait dans le cadre du Festival d’Ambronay La Création (Die Schöpfung) de Haydn. Un véritable événement puisque Laurence Equilbey était pour cette occasion à la tête d’Insula Orchestra, de son chœur Accentus et de trois jeunes solistes qui ont su exceller durant cette soirée : Chiara Skerath, Martin Mitterrutzner et Rafael Fingerlos.
Les premières secondes donnent le ton pour la suite : d’emblée, nous sommes plongés dans le chaos de l’explosion originelle parfaitement transmises par les musiciens d’Insula Orchestra qui n’auront de cesse durant les deux heures qui suivront sous la direction de Laurence Equilbey de peindre, à l’aide de la partition, les différents éléments décrits par le livret. Nous en arrivons même à un tel niveau d’excellence qu’ici, les notes montrent plus que les mots. Ainsi, le spectateur sait avant de le lire qu’il assiste à une tempête, il voit par la musique les cimes émerger, les eaux et la terre se séparer, de même la lumière et les ténèbres. Si la partition de Haydn est très visuelle, les peintres que sont ce soir les musiciens lui donnent toute sa dimension, sa grandeur et sa profondeur. L’orchestre n’aura de cesse de jouer admirablement avec les contrastes et les nuances, chacun apportant sa pierre à l’édifice final, créant ainsi une Création qui marque les esprits. Le chœur Accentus, véritable modèle d’excellence, ne déroge pas à son haut niveau de perfection et offre des moments tantôt doux, tantôt vifs, emplis d’énergie ou encore aériens et irréels lorsque caché dans la salle (ou bien en coulisse ?) après l’entracte.
Saluts lors de La Création ; © Elodie Martinez
Si nous avons été gâté par l’orchestre et le chœur, il en a été de même côté solistes. C’était pourtant là notre plus grande crainte : si l’acoustique de l’Auditorium de Lyon séduit pour les instruments, le placement au balcon nous a toujours fait une terrible impression pour les voix. Ce soir, les chanteurs ont pourtant réussi à vaincre cette acoustique pour offrir une prestation remarquable. Rafael Fingerlos fait montre d’une belle projection (de même que ses camarades), d’un timbre assuré et d’une belle voix profonde, sans oublier une autorité naturelle qui conviennent parfaitement à Raphaël et Adam. Le ténor Martin Mitterrutzner, solaire, à la ligne de chant claire et distinguée se fait un excellent Uriel. Enfin, la jeune soprano Chiara Skerath éblouit par son timbre si particulier dans les rôles de Gabriel et d’Eve. Comment ne pas succomber, encore une fois, à cette voix à nulle autre pareil soulignée par un air guilleret et un regard pétillant ?
Le public lyonnais, absolument conquis, attend la fin de la soirée pour laisser exploser son enthousiasme qui se voit récompensé par un bis reprenant le chœur final (avec les solistes), plein d’énergie et d’espoir. Une très belle manière de conclure cette Création absolument divine !
27 septembre 2018 | Imprimer
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