Un Postillon de Lonjumeau vivant et rafraîchissant au Tiroler Festspiele 2022

Xl_le_postillon_de_lonjumeau_tiroler_festspiele_erl_xiomara_bender © Xiomara Bender

Le Postillon de Lonjumeau d'Adolphe Adam - Festival d'hiver d'Erl (Tyrol), 5 janvier 2022

L’édition hivernale du Tiroler Festspiele fait front contre la pandémie et propose à son public le plus fidèle une soirée d'opéra à la fois enthousiasmante et très divertissante. Le Postillon de Lonjumeau est l'un des nombreux opéras d'Adolphe Adam, injustement tombé dans l'oubli. Le compositeur français décède à l'âge de 53 ans en 1856 à Paris, laissant une œuvre considérable dont seuls quelques ballets, comme Giselle ou Le Corsaire, sont restés à l'affiche. Richard Wagner était séduit par sa musique et de son côté, Adolphe Adam vénérait également le travail du maître allemand, si bien qu’un court passage de Lohengrin se retrouve dans l’opéra-comique du compositeur français. Le livret du Postillon de Lonjumeau est aussi peu réaliste que savoureux : Chapelou quitte sa jeune épouse Madeleine avant la nuit de noces pour faire carrière à Paris en tant chanteur d'opéra. Dix ans plus tard, l'épouse délaissée, devenue entre-temps une riche marquise grâce à un héritage, embrase de nouveau le cœur du mari renégat – lui n’a pas reconnu Madeleine sous ses traits de marquise, mais elle a bien identifié son époux. Ils se remarient et alors que Chapelou est accusé de bigamie, elle révèle son identité : les deux époux se sont en fait remariés.

Le metteur en scène Hans Walter Richter, et Kaspar Glarner qui signe les décors et les costumes, présentent l'ouvrage sur la scène du Festspielhaus sous la forme d'un théâtre dans le théâtre, dans une production dynamique et rafraichissante. Une scène de théâtre baroque sur une tournette focalise l'action à la manière d'une boîte à images, les somptueux costumes baroques colorés et une direction d’acteurs intelligente contribuent à insuffler de la vie dans l'action des protagonistes.

Sur le plan musical, l'opéra multiplie les mélodies enflammées, que le chef d'orchestre Beomseok Yi assaisonne avec cœur, à la tête d’un orchestre du Tiroler Festspiele Erl particulièrement engagé : sa direction du chœur et des chanteurs est à la fois sensible et efficace. Francesco Demuro exécute la partition exigeante du rôle-titre avec un ténor rayonnant et l’assurance requise pour en surmonter les aigus. Le soprano de Monika Buczkowska, l'épouse raffinée, est puissant, lumineux et brille d'un éclat métallique dans les aigus. Le baryton-basse Joel Allison mime avec succès le forgeron Biju, même si en tant que chanteur, il tient davantage du choriste et peine face Chapelou. Gabriel Wanka attire bien plus l'attention dans le rôle parlé de la servante Rose, que le metteur en scène utilise dans les passages légers pour détendre l'atmosphère et dans un impressionnant intermède dansé.

Le public, très enthousiaste, salue la performance de tous les interprètes.

traduction libre de la chronique en allemand d'Helmut Pitsch

Crédit photo : Xiomara Bender

| Imprimer

En savoir plus

Commentaires

Loading