Nous vous l'avions promis il y a quelques jours, après une pétillante Chauve-Souris dans la ville voisine de Trier (Trèves), c'est à Aachen (Aix-la-Chapelle) – où s'achève notre périple germanique – que nous sommes venu assister à une (enthousiasmante) représentation de Hansel und Gretel. Boudé - à notre grand regret - par les pays latins, le chef d'œuvre d'Engelbert Humperdinck reste en revanche – avec l'opérette de Strauss – un rite obligé outre-Rhin, pendant la période des fêtes de fin d'année.
Confiée à la régisseuse allemande Ewa Teilmans, la production s'avère plutôt conventionnelle – ainsi toujours au service de l'ouvrage et de la musique -, sans pour autant renoncer à la multiplication d'inventions aussi ingénieuses que poétiques. Ce qui nous vaut plus d'un tableau suggestif et délicat, tels les enchantements de la forêt à l'acte II, avec l'apparition dans les airs de deux génies tout droit sortis de l'univers féerique de Tim Burton (mais plutôt version Beetlejuice). Réussite encore avec la scène difficile de la sorcière prise avec ce qu'il faut de distanciation comique, sans être excessivement chargée, et suivie d'une belle libération des enfants captifs. Les jolis décors d'Andrea Becker (qui signent également les costumes) ne sont pas moins méritoires, avec notamment une maison tout en confiseries très réussie.
En fosse, le chef étasunien Kazem Abdullah fait sonner l'Orchestre Symphonique d'Aix-la-Chapelle avec beaucoup de vigueur et d'aplomb, tout en restant attentif à ne pas couvrir une distribution encore jeune mais solide. Dans le rôle de Hänsel, la chanteuse serbe Jelena Rakic se montre étonnamment convaincante dans sa masculinité gauche et fanfaronne, avec un beau mezzo, tandis que la soprano Astrid Lourenço de Azevedo dessine une Gretel à la fois ardente et émouvante. Autre mezzo serbe, Sanja Radisic fait preuve d'un irrésistible abattage dans le rôle de la Sorcière – sans l'usure vocale, ni le poitrinage excessif qu'on trouve trop ordinairement ici -, avec un personnage d'une conception originale et d'un grand relief. Götz Seiz (Le Père) et Irina Popova (La Mère) campent un couple de parents bourrus à souhait (mais bien chantants), Carla Hussong un Marchand de sable svelte et éthéré, et enfin Kate Louise McFarlane une Fée Rosée tout en délicatesse.
Ovation chaleureuse pour le chœur d'enfants (le Kinderchor Theater Aachen), splendide, mais aussi pour l'ensemble des signataires de cette production, aussi soignée qu'attachante.
Emmanuel Andrieu
Hänsel und Gretel au Théâtre d'Aix-la-Chapelle
Jusqu'au 19 mars 2014
24 décembre 2013 | Imprimer
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