Créée ici-même (avec succès) à l'Opéra de Marseille en 2010, cette production de Hamlet de Ambroise Thomas - signée Vincent Boussard - revient dans la cité phocéenne après avoir fait également les beaux soirs des opéras de Strasbourg et d'Avignon, ville dans laquelle nous avons vu le spectacle en mai dernier. Reprise ici par Natasha Ursuliak, la mise en scène n'a subi aucun changement significatif, et nous renvoyons donc le lecteur à nos commentaires d'alors, tout en soulignant que son efficacité intemporelle devrait, selon nous, la préserver des modes et des ans.
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Les deux rôles principaux restent également inchangés par rapport aux représentations de la Cité des Papes, et avouons d'emblée que c'est à nouveau un bonheur sans nuage que nous procurent le chant - et le jeu - de Jean-François Lapointe dans le rôle-titre, et de Patrizia Ciofi dans celui d'Ophélie. Le baryton québecois semble aujourd'hui être sans rival dans ce rôle (son préféré nous a t-il confié lors d'une interview à paraître prochainement dans ces colonnes), et continue d'imposer une incarnation dramatique de haute volée, doublée d'un chant de grande qualité et d'une élocution du français superlative. Quant à la soprano italienne, elle campe toujours à la perfection les ingénues, et son Ophélie - d'une sensibilité et d'un lyrisme à fleur de peau - s'appuie sur une voix toute d'évanescence et de flexibilité, qualités idéales pour cet emploi. C'est un triomphe mérité qu'elle récolte à l'issue de la fameuse scène de la folie !
Sylvie Brunet-Grupposo – bouleversante Geneviève dans Pelléas cet été au Festival d'Aix – s'impose dans le rôle de Gertrude, par le style comme par la force d'incarnation. Déjà présent en 2010, le baryton nîmois Marc Barrard offre à Claudius une éloquence et un naturel de haute tenue. Signalons également l'élégant et fort prometteur Laërte du ténor niçois Rémy Mathieu, Patrick Bolleire (Le Spectre), Samy Camps (Marcellus), Christophe Gay (Horatio) et Jean-Marie Delpas (Polonius) jouant les faire-valoir avec aplomb. Et n'oublions pas le Chœur de l'Opéra de Marseille, remarquablement préparé par Emmanuel Trenque, et tout simplement superbe dans la déploration finale.
Enfin, à la tête d'un Orchestre de l'Opéra de Marseille en grande forme, le chef américain Lawrence Foster impose une lecture d'une suprême élégance et une direction fluide et vive, apportant ainsi un élément essentiel à la réhabilitation d'une partition trop longtemps sous-estimée.
Bref, un début de saison de bon augure pour l'Opéra de Marseille !
Hamlet de Ambroise Thomas à l'Opéra de Marseille, le 2 octobre 2016
Crédit photographique © Christian Dresse
04 octobre 2016 | Imprimer
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