Au lendemain d’un intense Messie de Haendel, Les Rencontres Musicales d’Evian se poursuivaient avec un récital du ténor star Juan Diego Flórez, accompagné au piano par le fidèle Vincenzo Scalera, et consacré aux répertoires italiens et français. Du belcanto, bien sûr, par lequel le chanteur péruvien s’est fait connaître et grâce auquel il s’est produit sur toutes les plus grandes scènes internationales, mais aussi du Verdi et du Puccini. Depuis quelques années maintenant, il s’est à la fois aventuré vers de nouveaux horizons et vers un répertoire plus « lourd » – à l’instar de Rodolfo de La Bohème abordé l’an passé à l’Opernhaus Zürich, et dont il livre ce soir le célèbre « Che gelida manina » avec beaucoup d’ardeur et de sensibilité mêlées. De verdi, il se frotte au « De miei bollenti spiriti » extrait de La Traviata, dont il se joue des aigus, même s’il doit s’appuyer sur le piano de son collègue pour l’aider à projeter ses notes pour un surcroît de soutien. Mais c’est tout de même dans son répertoire de prédilection, celui du belcanto romantique, qu’il convainc le plus, et force toujours la même admiration. Au travers du « Furtiva lagrima » de Donizetti ou d’un morceau plus rare de Rossini tiré de sa Pietra del paragone, le chanteur régale son auditoire avec sa technique à toute épreuve, son chant élégant et raffiné, ses aigus rayonnants, son sens des nuances et ses vocalises caracolantes.
Le répertoire français – avec des airs aussi variés que le « Vainement, ma bien aimée » de Lalo ou le « Pourquoi me réveiller » de Gounod – révèle une autre facette de son talent, comme il nous l'a dernièrement démontré avec son Hoffmann à l’Opéra de Monte-Carlo. L’on peut notamment goûter à l’excellence de sa diction de la langue de Molière, mais aussi à sa sensibilité à fleur de peau qui ne peut que faire mouche dans la délicate Romance de Mylio.
Après l’italien et le français, c’est le tour de l’espagnol avec certains bis qui sont accordés – comme de coutume avec lui – avec beaucoup de générosité. Juan Diego Flórez se lance en effet dans des chansons populaires en s’accompagnant lui-même à la guitare, comme il en a pris l’habitude lors de ses derniers récitals. Après le très beau Parlami d’amore Mariu de Vittorio de Sica, il interprète notamment le fameux Cucurrucucú paloma de Tomás Méndez qui met le public en transe... après une note tenue miraculeusement pendant près de 20 secondes ! Le non moins célèbre « Nessun dorma » de Turandot, avec en point d’orgue de longs aigus rayonnants, vient terminer la soirée en beauté ; mais après une dernière salve de hourras, le ténor péruvien le promet : « I'll be back! ».
Récital de Juan Diego Florez dans le cadre des Rencontres Musicales d’Evian, le 27 juin 2021
Crédit photographique © Matthieu Joffres
04 juillet 2021 | Imprimer
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