La Veuve joyeuse clôture l'année à l'Opéra de Saint-Etienne

Xl_la_veuve_joyeuse___l_op_ra_de_saint-etienne © Hubert Genouilhac

Initialement programmée pendant la saison 20/21 de l’Opéra de Saint-Etienne, mais empêchée par la pandémie de Covid, cette nouvelle production de La Veuve joyeuse de Franz Lehar (dans sa version française de 1909) est signée par rien moins que l’ancien directeur de la maison ligérienne, Jean-Louis Pichon, mais réalisée par Jean-Christophe Mast, car le metteur en scène stéphanois n’a pas été en mesure d’en assurer la création.

Quand le rideau se lève sur l’Ambassade de Marsovie, un grand escalier surmonté d’une estrade occupe le centre de la scène (décors de Jérôme Bourdin), plongé dans une lumière bleutée, sans autre élément scénographique. Au II, pour la demeure de Missa Palmieri, viennent s’adjoindre un imposant lustre et un haut pavillon parsemé de roses, tandis que la scène chez Maxim’s, au III, est simplment sculptée par les subtils éclairages de Michel Theuil. Le spectacle est complété par les chorégraphies étudiées de Laure Fanon et des costumes particulièrement variés et réussis, confiés également à Jérôme Bourdin (aidé par Sirpa Leionen). Une direction d’acteurs millimétrée vient souder l’ensemble, qui rend la production très vivante et alerte, sans temps mort, d’une totale lisibilité.

La direction de Laurent Touche (également directeur permanent du Chœur lyrique Saint-Etienne Loire) restitue le raffinement symphonique d’un compositeur très attentif à l’œuvre de Dvorak, Puccini et Richard Strauss. Les chœurs rappellent notamment que l’opérette viennoise exige des interprètes dignes de l’opéra, qui ne se déchainent pas moins dans l’irrépressible « Femmes, femmes, femmes » !

Côté voix, Jean-Christophe Lanièce, timbre clair de baryton martin, campe un Danilo hors du commun. Avec son aigu facile, il brille dès son entrée et enjôle dans la valse tant attendue (« Heure exquise »). Sa présence, sa diction, un chant rare en font un jeune chanteur à suivre de près. Olivia Doray est tout aussi idéale en Missa Palmieri : avec une silhouette ravissante, elle se montre adroite comédienne, et chante d’une voix si fraîche et spontanée qu’on a l’impression de redécouvrir l’air susmentionné. L’épatante Chloé Chaume n’est pas en reste qui donne beaucoup d’allure à Nadia, dessinant une amoureuse dont la coquetterie n’exclut pas la sensibilité, tandis que le ténor lyrique Camille Tresmontant se montre infaillible dans la tessiture élevée de Camille de Coutançon. De son côté, Olivier Grand prête au Baron Popoff son embonpoint et sa bonhomie, composant une caricature de son personnage d’une grande drôlerie. Enfin, les Pantins Figg (Jacques Lemaire), Lérida (Marc Larcher) et D’estillac (Frédéric Cornille) bénéficient de remarquables acteurs-chanteurs qui contribuent au succès de la soirée.

Tout se termine par un cancan survolté repris plusieurs fois, des jets de papiers dorés... et par des vœux de bonne année !

Emmanuel Andrieu

La Veuve joyeuse à l’Opéra de Saint-Etienne - du 29 décembre 22 au 1er janvier 23

Crédit photographique © Hubert Genouilhac

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