Après l’Opéra de Marseille l’an passé, c’est l’Opéra-Théâtre de Saint-Etienne qui met à l’affiche La vie parisienne de Jacques Offenbach pour les fêtes de fin d’année dans une ancienne production de feu Jérôme Savary (qu’il avait signé pour l’Opéra-Théâtre de Metz). On le sait, entre Savary et le compositeur allemand, il y avait une vraie histoire d’amour, et l’homme de théâtre français s’était ainsi attaqué à toutes ses grandes œuvres. Reprise par Frédérique Lombart, la production se permet quelques libertés, mais elles restent dans le ton goguenard de Meilhac et Halévy.
Tout cela contribue à la bonne humeur endiablée qui caractérise le spectacle. La mise en scène file à vive allure, avec des chœurs et des cancans déchaînés. Les costumes de Michel Dussarat sont placés sous le signe de l’extravagance humoristique, avec débauche de plumes d’autruches et dessous froufroutants. Les décors de Michel Lebois restituent l’opulence des bourgeois et des fêtards du Second Empire, et ils ont le mérite de se prêter à des changements rapides, ce qui permet de conserver à la représentation son rythme vif. La chorégraphie de Nadège Maruta est particulièrement enlevée, avec un étonnant contorsionniste qui rappelle Valentin le Désossé - et qu’il faut nommer ici - : Giuseppe Preziosa !
Sous la baguette alerte du jeune chef français Benjamin Levy (tout nouveau directeur musical de l’Orchestre Régional de Cannes Provence Alpes Côte d'Azur), la distribution fait feu des quatre fers. Lionel Peintre déploie ainsi un abattage étourdissant dans le rôle du Baron de Gondremarck, ébloui par les petites femmes de Paris. Le jeune et très prometteur baryton français Guillaume Andrieux campe un Raoul de Gardefeu sémillant, bondissant et virevoltant en diable. Il forme un duo très bien assorti avec le désopilant Bobinet de Christophe Berry qui donne beaucoup de sa personne ici : il chante le fameux air « Mon habit a craqué dans le dos » avec un habit qui a craqué jusqu'à son postérieur - qu'il exhibe sans pudeur - pour la plus grande hilarité des spectateurs. Marc Larcher (le Brésilien, Frick) et Antoine Normand (Prosper, Alphonse, Le Major) complètent très efficacement la distribution masculine.
Du coté des dames, on remarque d’abord la Gabrielle pleine d'espièglerie de la soprano québécoise Mélanie Boisvert, au timbre superbe de fraîcheur et aux aigus aussi lumineux qu'aériens. De son côté, Pauline Sabatier donne à la courtisane Métella toutes les ruses voulues, tandis qu’Elodie Hache – à la voix ample et rayonnante - campe une Baronne mutine face à la gracieuse Pauline d’Olivia Doray. Enfin, dans le rôle parlé de la Comtesse de Quimper-Karedec, qui voit son hôtel envahi par les fêtards, Marie-José Dolorian dessine une cocasse caricature qui semble d’époque.
Un public visiblement conquis oblige le chef à reprendre et reprendre encore le feu d’artifice final !
La Vie parisienne de Jacques Offenbach à l’Opéra-Théâtre de Saint-Etienne, jusqu’au 3 janvier 2017
Crédit photographique © Marc Larcher
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