Pour sa neuvième édition, le Concours International de Belcanto « Vincenzo Bellini » – co-fondé et co-dirigé par la pétulante Youra Nymoff-Simonetti et le chef italien Marco Guidarini – se tenait pour la seconde fois d’affilée à Vendôme, au sein de l’Auditorium des Assurances Monceau (premier mécène de la compétition). Parmi ses multiples qualités, ce concours de chant très particulier a eu pour grand mérite, lors de sa première édition en 2010, de découvrir – en lui accordant le statut de lauréate – la star du chant belcantiste qu’est (devenue) Pretty Yende (et après elle, d’autres superbes chanteuses... telles Anna Kasyan en 2013 ou Roberta Mantegna en 2016).
A l’instar de la précédente édition, les huit finalistes (uniquement des femmes cette année !..) doivent interpréter deux airs de leur choix, un premier extrait d’un des ouvrages du cygne de Catane, et un deuxième tiré du répertoire français (romantique). Elles sont accompagnées au piano par Sébastien Joly et Maguelone Parigot, tandis que le jury de cette neuvième édition comprend les chefs d’orchestre Marco Guidarini et Antonello Allemandi, l’ancien rédacteur en chef de Forumopera Christophe Rizoud, l’incontournable Président de la Warner Music Group / Erato Alain Lanceron et la grande mezzo roumaine Viorica Cortez (toujours bon pied bon œil, malgré ses 84 printemps, et que l’on n'a encore moins besoin de présenter !).
Contre toute attente (la nôtre en tout cas…), c’est la soprano franco-mexicaine Déborah Salazar-Sanfeld (25 ans) qui obtient le Premier grand Prix « Vincenzo Bellini », mais on apprendra par la suite que c’est grâce à sa « magnifique prestation » de la veille, lors de la demi-finale (à laquelle nous n’avons malheureusement pas pu assister pour nous en rendre compte par nous-même). Ce n’est pas qu’elle ait déçue en cette soirée de finale, loin s’en faut, mais une autre chanteuse a tout simplement – et nettement ! – survolé les débats (mais nous allons y revenir…). Pour ce qui la concerne, elle interprète successivement l’air d’Elvira « O rendetemi la speme » dans Les Puritains, puis l’air d’Adèle « En proie à la tristesse » dans Le Comte Ory de Rossini. Dans la première aria, sans bien évidemment atteindre l’absolue perfection de sa consœur Jessica Pratt quelques jours plus tôt à l’Opéra de Marseille, la jeune cantatrice fait déjà preuve d’un bel art des sons filés et de celui des diminuendi, avec une voix souple et un timbre agréable. L’excellence de la diction, dans le deuxième air, et surtout des vocalises aussi vivantes que brillantes, lui valent des applaudissements nourris de la part du public (plutôt clairsemé, au demeurant, en cette froide et pluvieuse nuit de novembre…).
Mais passons à la révélation de la soirée, la mezzo ukrainienne Olga Syniakova, qui rafle, à elle seule, rien moins que trois des six prix : le Prix du public, le Prix des voix féminines, et le Prix spécial du jury ! Avec son matériau vocal somptueux, sa technique vocale déjà accomplie, et son irradiante présence scénique, voilà un nom à retenir… et dont on aura certainement l’occasion de reparler dans les colonnes d'Opera-Online ! Elle fait chavirer l’audience avec deux airs qui mettent particulièrement en valeur ses dons exceptionnels, d’abord avec l’air « Se Romeo t’uccise un figlio » (extrait d’I Capuleti ed i Montecchi), puis l’électrisant air de Gounod, « O ma lyre immortelle », tiré de son opéra Sapho. Qu’admirer le plus, dans l’un comme dans l’autre air, de la beauté et de la sensualité de la ligne, du caractère capiteux des graves, de la fulgurance des aigus, de l’homogénéité des registres, ou encore de son superbe sens du rubato et du chiaroscuro, s’appuyant sur une diction habitée ?...
Autre talent à suivre, la jeune soprano colorature française Clara Guillon, qui reçoit le Prix Vendôme, et qui fait forte impression dans l’air de Giuletta, « Oh quante volte » (I Capuleti), grâce à son joli timbre charmeur, et à ses aigus aériens distillés sur le souffle. Elle peine cependant dans le redoutable « Salut à la France ! », extrait de La Fille du régiment de Gaetano Donizetti, dans lequel elle court parfois après son souffle, et où le suraigu est obtenu quelque peu à l’arrachée. Enfin, le Prix Mady Mesplé (ou Meilleure interprétation d’un air d’opéra français) est attribué à une autre Française, l’ex-championne de rinck hockey Elsa Roux-Chamoux. La chanteuse offre une riche voix de mezzo qui brille dans le très flatteur (mais ô combien difficile !) air « O mon Fernand », tiré de La Favorite de Donizetti. La puissance autant que la précision de l’aigu font en effet forte impression, doublée ici par un chant d’une impeccable diction... et c’est donc un autre talent à suivre, révélé par l’attachant concours belcantiste.
Vivement le 10ème anniversaire en 2020 !
Finale du Concours International de Belcanto « Vincenzo Bellini » à l’Auditorium des Assurances Monceau (Vendôme), le 9 novembre 2019
12 novembre 2019 | Imprimer
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