Un Elixir d'amour de haut vol à l'Opéra de Nice

Xl_elsir © Dominique Jaussein

C’est un plaisir simple, sans arrière-pensée que dispense cette nouvelle production de L’Elisir d’amore de Gaetano Donizetti à l’Opéra de Nice, signée par le maître des lieux Eric Chevalier. L’ouvrage est ainsi traité dans la plus fidèle tradition, mais avec les outils de notre temps : à la place de lourds et encombrants décors, la place du village méridional où se déroule l’action est ici suggérée par les très belles vidéos colorées et suggestives de Gabriel Grinda. Il y pointe par ailleurs souvent de l’humour comme la scène où - après l’absorption de l’elixir par Nemorino (en fait, comme chacun sait, du Bordeaux…) -, les images se mettent à être troubles et toutes de travers ! Et comme un « plein-feu » à peu près permanent règne sur scène, on comprend de toute façon qu’il ne peut que survenir des événements heureux dans un cadre aussi bon enfant...

Déjà présent en fosse lors de la dernière production niçoise (Rigoletto), le chef allemand Roland Boër respecte Donizetti à la lettre. C’est avec un sens parfait de l’équilibre qu’il sait conférer à cette partition son mélange continuel de gravité et de légèreté. Le discours musical colle ainsi aux soubresauts de l’intrigue amoureuse en trouvant à tout moment l’expression la plus juste. Du beau travail de la part de l’Orchestre Philharmonique de Nice assurément qui, associé à l’excellente préparation des chœurs maisons (dirigés par Giulio Magnanini), place les forces musicales de l’Opéra de Nice sous les meilleures auspices.

D’une distribution réunissant surtout de jeunes chanteurs (essentiellement français) se dégage une unité de ton évidente. Après son Antonia (Les Contes d’Hoffmann) toulonnaise ou sa Caroline (La Chauve-Souris) avignonnaise, Gabrielle Philiponet confirme qu’elle a tous les atouts dans sa voix pour faire une belle carrière dans le répertoire de soprano lyrique : qualité du timbre, homogénéité de l’émission, facilité dans l’aigu, aisance dans les vocalises… auxquelles s’ajoutent une présence scénique particulièrement séduisante. Déjà entendu dans le rôle, la saison passée à l’Opéra Royal de Wallonie, le superbe ténor italien Davide Giusti se situe sur les mêmes hauteurs et son Nemorino renouvelle notre enthousiasme. Vocalement, bien sûr, mais aussi scéniquement, grâce à la candeur et à la spontanéité de son incarnation. De son côté, le baryton français Philippe-Nicolas Martin est bien un « talent à suivre » : le grave a encore gagné en ampleur et le timbre en puissance depuis son Hérault stéphanois, et l’élégance du chanteur, le soin qu’il apporte à la prononciation de l’italien, ainsi que les dons du comédien (doté par ailleurs d’un physique très avantageux) augurent d’un avenir des plus prometteurs. Pilier des théâtres du sud de la France, le baryton nîmois Marc Barrard offre son solide métier au personnage de Dulcamara... mais plus encore de vraies aptitudes au belcantisme. Enfin, Aude Fabre est une Giannetta pétulante et pleine de fraîcheur.

Une soirée de haute volée belcantiste à l’Opéra de Nice !

Emmanuel Andrieu

L’Elisir d’amore de Gaetano Donizetti à l’Opéra de Nice, jusqu'au 28 novembre 2017

Crédit photographique © Dominique Jaussein

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