Informations générales
- Date de naissance:01/06/1804
- Date de décès:15/02/1857
- Nationalité:Russie, fédération de
Biographie
Glinka, le père de la musique russe. Mikhaïl Glinka voit le jour en 1904 à Novospasskoïe. Il étudie la musique à Saint-Pétersbourg puis voyage en Italie, où il approfondit ses connaissances et se découvre une passion pour le bel canto ; il y rencontre entre autres Gioacchino Rossini.
En France, il sympathise avec Hector Berlioz qui, plus tard, fera jouer sa musique. En rentrant en Russie, Glinka s’arrête à Vienne et à Berlin et y parfait encore sa technique. Se souvenant de chants populaires slaves et de musiques religieuses, il écrit un grand opéra sur son pays, La vie pour le Tsar (Ivan Sousanine), accueilli triomphalement à Saint-Pétersbourg en 1836. En revanche, l’accueil réservé à Rousslan et Ludmilla, sur lequel il a travaillé pendant cinq longues années, mine ses attentes. De passage à Saint-Pétersbourg, Franz Liszt en personne s’avoue séduit par Rousslan, mais cet avis ne change pas grand-chose : Glinka est déçu.
Il repart en voyage, traverse la France et gagne l’Espagne, qui lui inspire une Jota aragonaise et un Souvenir d’une nuit d’été à Madrid.
Mais la Russie est là qui le hante. De passage à Varsovie, Mikhaïl Glinka compose Kamarinskaïa, fantaisie pour orchestre sur deux airs russes, où résonnent ses qualités les plus avantageuses : orchestre coloré, art de la variation, foisonnement mélodique parsemé de touches folkloriques ; voilà le patrimoine national coulé dans les formes italiennes et françaises qu’il a croisées en chemin et qui l’ont fasciné.
Glinka s’éteint à Berlin en 1857, laissant un corpus d’œuvres certes réduit, mais dont l’influence sera décisive sur toute l’école russe du XIXe siècle.
Mikhaïl Glinka : « Notre joie est exubérante »
« J’eus le plus grand mal à m’adapter à ce que les Italiens appellent sentimento brillante, cet état de bien-être que communique à l’organisme le brillant soleil du Midi. Nous autres habitants du Nord ressentons tout différemment, et soit les impressions ne nous touchent pas, soit elles s’ancrent profondément dans notre âme. Notre joie est exubérante, nos larmes sont amères. L’amour, ce sentiment exaltant qui féconde l’univers, est toujours pour nous lié à la tristesse. Il en fait pas de doute que notre chanson russe si nostalgique est une enfant du Nord, ou peut-être a-t-elle été dans une certaine mesure transmise par les Orientaux, dont les chants sont pareillement nostalgiques, même dans l’heure Andalousie. Ecoutez un voiturier de la Volga : son chant est une lamentation, on y ressent la domination tatare ; il chante comme on chantait autrefois, c’est tout. »
Extrait des Mémoires de Glinka
Modest Moussorgski : « Honneur et fierté de la terre russe »
« Glinka a été sauvé par vous, et par vous seule, jusque dans les moindres manifestations de son activité artistique – Glinka dont la puissance créatrice a pu se déployer grâce à la force de votre action, Glunka que vous avez offert à la connaissance du monde entier au travers de son génial Rousslan et Ludmilla, honneur et fierté de la terre russe et du monde slave tout entier. »
Lettre à Ludmilla Chestakova, sœur de Glinka, décembre 1879
Piotr Ilitch Tchaïkovski : « Une succession de merveilles musicales »
« Si l’on ne considère Rousslan que d’un point de vue musical, on ne peut que s’étonner de la diversité et de la richesse de ses attraits musicaux. L’ouverture, enflammée, ardente, solennellement joyeuse, juste assombrie à la fin par la gamme par tons entiers faisant allusion aux sortilèges de Tchernomor, inaugure une succession de magnifiques pièces musicales auxquelles il manque malheureusement une unité de mouvement dramatique. (…) Le quatrième acte nous transporte dans l’univers enchanté du magnifique jardin de Tchernomor. La musique de cet acte constitue une succession de merveilles musicales qui envoutent complètement l’auditeur. Les deux airs de Ludmilla qui se morfond, la marche de Tchernomor, les danses des jeunes filles, la lezghinka, le chœur ‘Qui vaincra’, sont autant de modèles inimitables de création musicale. »
Article publié dans les Rousskié vedomosti, septembre 1872, traduction André Lischke
Nikolaï Rimski-Korsakov : « Tout est si fin chez lui ! »
« Le travail sur les partitions de Glinka fut pour moi une école inattendue. Jusque-là je connaissais et idolâtrais ses opéras ; mais en travaillant sur la rédaction des partitions, il me fallut étudier l’écriture et l’instrumentation de Glinka jusqu’à la plus petite note. Mon admiration envers le génie de cet homme était sans limite. Tout est si fin chez lui, et en même temps si simple et si naturel, et quelle connaissance des voix et des instruments ! J’assimilais avec avidité tous ses procédés. J’étudiais son traitement des cuivres naturels qui confèrent à son orchestration une transparence et une légèreté ineffable, et j’analysais sa conduite des voix subtile et spontanée. »
Chronique de ma vie musicale, 1875/1876, traduction André Lischke
Hector Berlioz : « Une étrangeté charmante »
« Ses mélodies ont des accents imprévus, des périodes d’une étrangeté charmante ; il est grand harmoniste et écrit les instruments avec un soin et une connaissance de leurs plus secrètes ressources qui font de son orchestre un des orchestres modernes les plus neufs et les plus vivaces que l’on puisse entendre. »
Journal des débats, avril 1845
Igor Stravinski : « Les éléments d’un plaisir musical »
« C’est à compter de Glinka que l’on peut observer l’emploi du folklore dans la musique russe. C’est dans l’opéra La vie pour le Tsar que le mélos populaire s’introduit comme naturellement dans la musique savante. Glinka n’obéit pas ici à une règle de conduite. Il ne songe pas à préparer une vaste entreprise pour les besoins de l’exportation : il prend le motif populaire comme matière première et le traite tout instinctivement selon les usages de la musique italienne alors à la mode. Glinka ne prend pas un bain de peuple, comme certains de ses successeurs, pour affermir sa vigueur au contact de la vérité. Il ne cherche que les éléments d’un plaisir musical. D’une culture acquise au contact des Italiens, il conserva toujours un goût naturel pour la musique italienne et c’est sans esprit de système qu’il introduisit dans son œuvre des mélodies d’origine ou de sentiment populaire. »
Extrait de Poétique Musicale, 1945
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