Informations générales
- Nom:Vanzo
- Prénom:Alain
- Date de naissance:02/04/1928
- Date de mort:27/01/2002
- Nationalité:France
- Tessiture:Ténor
Biographie
Qui n’a pas été ébloui et définitivement conquis par le charme envoûtant et l’élégance aérienne de la voix d’Alain Vanzo chantant la fameuse romance de Nadir des Pêcheurs de perles ? Bizet n’aurait sans doute pas souhaiter mieux pour rendre l’ineffable émotion provoquée par l’évocation de « ce charmant souvenir ». Ce rêve fragile empli de mystère prend forme sous nos yeux et le chanteur parvient à nous persuader que ce souvenir est aussi le nôtre. Grâce à la beauté naturelle de sa voix et à ses qualités expressives Alain Vanzo s’imposa comme le plus grand ténor français des années 1960-1970, et même si le raffinement de son style peut sembler aujourd’hui d’une préciosité démodée, il continue de nous séduire par-delà les années.
D’origine italienne, Alain Vanzo est né le 2 avril 1928 à Monaco. Son parcours n’a rien de classique car il s’apparente à celui d’un autodidacte aux dons exceptionnels. Avec une parfaite conscience de sa chance, il déclarait lui-même : « Je suis né avec ma voix, avec ce timbre et ces aigus rayonnants, ces demi-teintes souples et ce legato inné… ».
Luis Mariano ; © DR
Durant son enfance, Alain Vanzo se produit dans des églises et il va jusqu’à envisager d’entrer dans les ordres. Cette vocation est de courte durée puisque nous le retrouvons au début de la Seconde Guerre Mondiale en accordéoniste et batteur dans des bals et des cabarets à Aix-les-Bains, où s’est installée sa famille. Il arrive aussi au jeune Alain de chanter de la variété et bientôt il aborde le répertoire du chant lyrique en prenant des leçons pour acquérir les bases techniques d’une bonne émission vocale. Il part ensuite pour la capitale où il joue et chante dans un orchestre tzigane avant de débuter comme doublure de Luis Mariano au Châtelet dans Le Chanteur de Mexico. Le jeune homme continue à se perfectionner sous la houlette de Rolande Darcoeur qui le prépare à aborder le répertoire de l’opéra.
C’est en 1954 que sa carrière débute véritablement. Alors qu’il n’a jamais fréquenté le moindre conservatoire, il remporte le premier prix d’un concours international de ténors, à Cannes. Ce succès lui vaut d’être engagé dans la troupe de la Réunion des Théâtres Lyriques Nationaux, la fameuse RTLN, qui réunit à partir de 1939 l’Opéra de Paris et l’Opéra-Comique en une seule structure gérée par l’Etat. Ce type de fonctionnement permet aux chanteurs de faire leurs débuts sur deux scènes essentielles pour se faire remarquer. Durant trois ans, Alain Vanzo acquiert une expérience des plus précieuses dans des rôles de second plan comme Cassio dans l’Otello de Verdi ou Beppe dans Paillasses de Leoncavallo.
Alain Vanzo dans Rigoletto ; © DR
La saison 1956-1957 marque un véritable tournant dans sa carrière. Le jeune ténor obtient la consécration avec deux rôles qui seront déterminants dans la suite de son parcours : le Duc de Mantoue dans Rigoletto de Verdi et Gérald dans Lakmé de Léo Delibes. Désormais s’ouvre pour Alain Vanzo une grande carrière de ténor lyrique léger : il est appelé à devenir l’ambassadeur d’un style de chant français caractérisé par l’élégance du phrasé allié au rayonnement et à la facilité des aigus projetés avec puissance. On a souvent souligné que l’art d’Alain Vanzo constituait un trait d’union entre celui de Georges Thill (1897-1984) et celui de Roberto Alagna. On peut aussi le comparer à Alfredo Kraus (1927-1999), son exact contemporain, à ceci près que Vanzo s’est aventuré hors de son répertoire d’origine pour aborder des emplois plus lourds comme Mario Cavaradossi dans Tosca de Puccini ou Don José dans Carmen de Bizet, ce à quoi s’est prudemment refusé le ténor espagnol.
Joan Sutherland en Amina ; © DR
Alain Vanzo triomphe en chantant Nadir dans Les Pêcheurs de perles de Bizet, ou Des Grieux dans Manon de Massenet mais il excelle aussi en Alfredo dans La Traviata de Verdi et offre un Vincent convaincant dans Mireille de Gounod. En 1961, le chanteur entame une brillante carrière internationale en débutant au Covent Garden de Londres en Edgardo de Lucia di Lammermoor de Donizetti, aux côtés de Joan Sutherland. Tous les plus grands opéras l’accueillent et en 1973 il est le seul Français à participer à Naples au concert organisé pour le centenaire de la naissance d’Enrico Caruso. Vanzo partage alors l’affiche avec Mario Del Monaco et Luciano Pavarotti, entre autres ! Mais si les propositions affluent, le ténor français reste attaché à son pays. Il est aussi très sollicité par les maisons de disques qui lui font enregistrer de nombreux opéras aux côtés de prestigieuses partenaires comme Mirella Freni, Ileana Cotrubas, Marilyn Horne ou encore Régine Crespin. Alain Vanzo laisse une discographie importante où se signalent deux ouvrages rarissimes de Jules Massenet : La Navarraise et Le Jongleur de Notre-Dame.
En 1972 est créée à Lille Pêcheur d’étoiles, une opérette composée par Alain Vanzo. Dix ans plus tard, à Avignon, c’est un opéra, Les Chouans qui confirme que le ténor était décidément un musicien complet. Il devait s’éteindre à 73 ans le 27 janvier 2002, à Gournay-sur-Marne, près de Paris, en laissant le souvenir d’une des plus grandes personnalités lyriques de l’après-guerre, et surtout d’un chant à l’élégance rarement retrouvée.
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