Informations générales
- Nom:Simionato
- Prénom:Giulietta
- Date de naissance:12/05/1910
- Date de mort:05/05/2010
- Nationalité:Italie
- Tessiture:Mezzo soprano
Biographie
Faut-il croire Giulietta Simionato quand elle déclare avec une pointe de désinvolture : « Possédant d’emblée une voix naturelle, j’ai simplement appris les règles de base » ? S’il est certain que sa voix de mezzo-soprano était d’une qualité et d’une plénitude exceptionnelles, tout n’a pas été si simple dans son ascension vers les sommets de l’art lyrique. Celle que l’on considère, à juste titre, comme une des plus grandes chanteuses de l’après-guerre, a longtemps été cantonnée dans des rôles secondaires avant de se voir acclamée sur les scènes du monde entier où s’exprimait avec brio son formidable tempérament d’actrice. Et si ses débuts furent précoces, son talent n’éclata qu’en octobre 1947, quand elle triompha dans le rôle-titre de Mignon à la Scala. Giulietta Simionato incarne l’héroïne candide d’Ambroise Thomas avec autant de charme et de subtilité qu’elle mettra de sensualité et d’ardeur dans ses interprétations de Carmen ou d’Amnéris, l’implacable rivale d’Aïda. Grâce à la richesse de son timbre sombre et opulent, allié à une étonnante facilité dans l’aigu, Giulietta Simionato triomphait régulièrement dans les grands rôles rossiniens, qui exigent de la virtuosité. Elle pouvait aussi briller dans des personnages très différents, que ce soit l’irrésistible Chérubin des Noces de Figaro ou l’inquiétante bohémienne Azucena dans Le Trouvère de Verdi. Elle a souvent été considérée comme le type même du « falcon », une catégorie vocale intermédiaire entre la tessiture de mezzo-soprano et celle de soprano, ainsi nommée en hommage à Cornélie Falcon, soprano dramatique dotée de graves puissants avec une étendue assez importante dans les aigus. La liste des rôles qu’a abordés Giulietta Simionato est donc aussi impressionnante que variée. Ajoutons qu’elle a été dirigée par les plus grands chefs et qu’elle a été une des partenaires régulières de Maria Callas avec laquelle elle a partagé l’affiche d’une Anna Bolena de légende, à la Scala de Milan, en 1957. La mise en scène de cet ouvrage de Donizetti que l’on voulait remettre à l’honneur, avait été confiée à Lucchino Visconti. L’affrontement entre Callas, en Anna Bolena, et Giulietta Simionato, en Giovanna Seymour, était d’une intensité et d’une vérité dramatiques inoubliables.
Giulietta Simionato est née à Forli, le 12 mai 1910. Elle apparaît pour la première fois en public en 1927, dans une opérette donnée au Teatro Sociale de Rovigo, là où elle fait ses études de chant. En 1933, la jeune femme remporte le Premier Prix du « Primo Concorso di Bel Canto » de Florence, mais cette prestigieuse distinction ne lui apporte pas les opportunités escomptées. Si elle commence à se produire dans des rôles importants comme Adalgisa dans la Norma de Bellini ou Ulrica dans Un bal masqué de Verdi, c’est toujours dans des théâtres mineurs, à Malte, Tripoli ou Tunis. Il lui faut attendre 1936 pour être enfin engagée à la Scala. Giulietta Simionato peut croire que son heure est enfin venue ! Hélas, il n’en est rien, car pendant plus d’une dizaine d’années, on ne lui offrira que des rôles secondaires qui ne lui permettent pas de s’imposer comme une grande interprète. La Scala a déjà de grandes mezzos à l’affiche comme Ebe Stignani ou Fedora Barbieri.
Maria Callas et Giulietta Simionato ; © DR
Puis, soudain, en 1947, arrive le triomphe avec Mignon. Giulietta Simionato a 37 ans et sa carrière va prendre un essor fulgurant. Durant une vingtaine d’années, qu’elle qualifiera elle-même d’« absolument folles », elle sera invitée dans tous les plus grands opéras et festivals, donnant jusqu’à quatre-vingt représentations par saison ! En 1962, elle participe à la résurrection des Huguenots de Meyerbeer aux côtés de Franco Corelli et Joan Sutherland avec laquelle elle triomphe aussi, en Arsace, dans la Semiramide de Rossini. De ce tableau exceptionnel, on retiendra également la grande complicité que Giulietta Simionato partageait avec Maria Callas : les deux chanteuses ont régulièrement partagé la scène lors de productions devenues légendaires comme Norma, en 1955, à la Scala, ou encore, Anna Bolena, en 1957, qui reste une référence absolue.
En 1966, au sommet de sa gloire et de ses possibilités, Giulietta Simionato met un terme à sa carrière pour se consacrer à l’enseignement. Elle devait s’éteindre le 5 mai 2010, une semaine seulement avant son centième anniversaire. De nombreux enregistrements de référence nous permettent d’apprécier encore aujourd’hui quelle exceptionnelle interprète elle a été, à la fois adulée par le public et appréciée par ses partenaires qui soulignaient son impeccable professionnalisme.
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