Informations générales
- Nom:Ferrier
- Prénom:Kathleen
- Date de naissance:22/04/1912
- Date de mort:08/10/1953
- Nationalité:Royaume-uni
- Tessiture:Contralto
Biographie
Reconnaissable entre toutes, la voix de Kathleen Ferrier a bouleversé des milliers de personnes saisies par le charme profond et souverain de son timbre à nul autre pareil. La beauté lumineuse et presque irréelle du chant s’accompagnait du rayonnement d’une personnalité artistique tellement exceptionnelle que le grand chef d’orchestre Bruno Walter déclara : « La plus grande chose qui me soit arrivée dans ma vie musicale, c’est d’avoir rencontré Kathleen Ferrier et Gustav Mahler. Dans l’ordre que je viens de vous donner ». Les enregistrements réalisés par la contralto britannique et Bruno Walter atteignent des sommets inégalés, en particulier Le Chant de la Terre de Mahler, un compositeur essentiel dans la trop brève carrière de la chanteuse.
Kathleen Ferrier est née le 22 avril 1912 à Higher Walton, dans le Lancashire. Elle est le troisième enfant de William et Alice Ferrier. Son père est instituteur et sa mère chante en amateur. Très douée pour le piano, la jeune Kathleen remporte de nombreuses compétitions. Des difficultés financières l’obligent à quitter l’école à quatorze ans pour travailler comme télégraphiste à la Poste mais en parvenant à poursuivre ses études musicales. Elle décroche un premier prix de piano et, à dix-neuf ans, elle entame des études de chant. En 1940, elle obtient une bourse qui lui permet de s’installer à Londres où elle suit des cours à la Royal Academy of Music auprès du baryton Roy Henderson. La jeune femme travaille d’arrache-pied sa technique vocale pour développer tout le potentiel de sa magnifique voix de contralto, la voix féminine la plus grave et la plus rare. En 1942, elle donne son premier récital à la National Gallery de Londres. Le 17 mai 1943, à l’abbaye de Westminster, Kathleen Ferrier chante Le Messie de Haendel aux côtés du grand ténor anglais Peter Pears, ami de Benjamin Britten. C’est le début de toute une série d’engagements et la BBC lui permet bientôt d’entrer dans tous les foyers britanniques. Kathleen Ferrier deviendra une chanteuse véritablement populaire car son répertoire allait des chansons folkloriques aux lieder de Mahler en passant par la musique contemporaine. En 1946, Benjamin Britten la choisit pour créer son deuxième opéra, Le Viol de Lucrèce, au Festival de Glyndebourne. Bien qu’elle ait donné une magnifique interprétation de l’héroïne de Britten, la chanteuse n’est pas vraiment à l’aise en scène car sa personnalité réservée répugne à se livrer en public. Par choix, la chanteuse ne chantera que dans deux opéras, Le Viol de Lucrèce et Orphée et Eurydice de Gluck.
En 1947, toujours au Festival de Glyndebourne, Kathleen Ferrier interprète pour la première fois un rôle qu’elle a profondément marqué, l’Orphée de Gluck. C’est dans ce rôle qu’elle fera sa dernière apparition en public le 6 février 1953 au Covent Garden de Londres. Son interprétation devenue mythique a été fixée par le disque dans une version abrégée de l’ouvrage chez Decca et dans une version intégrale chez EMI/Warner Classics. Après l’Orphée de Glyndebourne, les triomphes s’enchaînent. De 1948 à 1950, la chanteuse effectue trois tournées aux Etats-Unis tout en continuant à parcourir l’Europe, et sans cesser de se produire régulièrement dans son pays natal. Elle travaille avec les meilleurs musiciens parmi lesquels l’accompagnateur Gerald Moore et Bruno Walter sous la direction duquel elle enregistre Le Chant de la Terre de Mahler qu’ils donneront ensemble à New-York en 1948, en présence d’Alma Mahler. Il faudrait encore mentionner de sublimes interprétations de Bach comme La Messe en si ou Le Magnificat et les inoubliables Kindertotenlieder de Mahler. La discographie de Kathleen Ferrier est d’une richesse exceptionnelle car elle a été liée à EMI puis à Decca, deux labels qui offrent un catalogue impressionnant. Le mélomane d’aujourd’hui peut ainsi parfaitement apprécier l’art et l’engagement émotionnel d’une interprète de légende. En 1951, on lui diagnostique un cancer du sein qui nécessite une opération. A trente-neuf ans, Kathleen Ferrier est au sommet de sa carrière et le public ne soupçonne rien de sa maladie, qu’elle combat tout en continuant à chanter. En janvier 1953, elle commence à répéter la nouvelle production d’Orphée et Eurydice dans laquelle elle doit faire ses débuts au Covent Garden de Londres. Elle triomphe le soir de la première mais son état se détériore lors de la seconde représentation, le 6 février. La chanteuse passera ses derniers mois à l’hôpital et elle s’éteindra le 8 octobre 1953, à quarante et un ans. En 1982, dans son recueil Hier régnant désert, le poète Yves Bonnefoy a écrit un poème intitulé « A la voix de Kathleen Ferrier » :
« Il semble que tu connaisses les deux rives,
L’extrême joie et l’extrême douleur.
Là-bas, parmi ces roseaux gris dans la lumière,
Il semble que tu puises de l’éternel. »
CD
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