Informations générales
- Nom:Price
- Prénom:Leontyne
- Date de naissance:10/02/1927
- Nationalité:États-unis
- Tessiture:Soprano
Biographie
Leontyne Price avouait elle-même qu’elle adorait sa voix, et elle n’hésitait pas à déclarer : « je suis mon artiste préférée et ma plus grande fan ! ». On conviendra que c’est un parti pris peu banal... mais pleinement justifié par l’exceptionnelle qualité d’un timbre charnu et incandescent qui a fait de la chanteuse une interprète idéale pour Verdi. Dotée d’une grande voix aussi puissante qu’agile dans les aigus, cette soprano lirico-spinto a fait merveille en Aïda – dont elle avait de surcroît la couleur de peau sans besoin de maquillages artificiels. Mais précisément, avant de savourer les joies du succès, Leontyne Price a dû surmonter les obstacles qui attendaient une artiste noire dans une Amérique où sévissait la ségrégation.
Leontyne Price et William Warfield ; © DR
Leontyne Price est née le 10 février 1927 à Laurel, dans le Mississipi. Dès son plus jeune âge, elle joue du piano et chante aux offices religieux, encouragée par sa mère qui possède elle-même une jolie voix. C’est un récital de la contralto noire Marian Anderson (1897-1993) qui détermine la vocation de la fillette : celle-ci est fascinée par cette chanteuse suffisamment déterminée pour s’être imposée malgré la chape de plomb que fait peser la ségrégation dans les Etats du Sud. Décidée elle aussi à devenir chanteuse lyrique, Leontyne Price commence par étudier le chant dans une faculté réservée aux étudiants noirs, le Wilberforce Collège, dans l’Ohio. La jeune fille obtient bientôt une bourse qui lui ouvre les portes de la prestigieuse Julliard School de New-York où elle fait ses débuts sur scène en 1952 en chantant Alice Ford dans Falstaff de Verdi. Puis, le compositeur Virgil Thomson (1896-1989) lui donne rapidement sa chance en l’engageant pour son opéra Four Saints in Three Acts (1934). L’ouvrage a pour particularité d’être uniquement chanté par des artistes noirs, comme Porgy and Bess de Gershwin que la jeune femme chantera également aux côtés du baryton-basse William Warfield dont elle devient l’épouse. Si une tournée a permis à Leontyne Price de faire ses débuts en France, il lui semble difficile d’envisager une grande carrière aux Etats-Unis car, comme beaucoup de chanteurs de couleur, elle ne peut se faire connaître qu’à travers le récital ou la participation à des opéras mettant en scène des héros noirs.
Marian Anderson ; © DR
Leontyne Price dans Aida au Metropolitan ; © Metropolitan Opera
En janvier 1955, un événement décisif va modifier profondément le paysage lyrique : Rudolf Bing, le directeur du Metropolitan Opera de New-York, décide de braver tous les préjugés pour imposer Marian Anderson dans le rôle d’Ulrica d’Un Bal masqué de Verdi. Dès lors, tout devient possible et, la même année, Leontyne Price sera la première chanteuse noire à participer à un opéra retransmis par la NBC, Tosca de Puccini. Ensuite tout s’enchaîne très vite. En 1957, l’Opéra de San Francisco engage la soprano pour chanter Madame Lidoine dans Dialogues des Carmélites de Poulenc puis, en octobre, elle est distribuée dans Aïda de Verdi. L’année suivante elle y sera Leonora dans Le Trouvère avant d’être engagée à Vienne par Herbert von Karajan. Désormais toutes les plus grandes scènes l’accueillent que ce soit le Covent Garden de Londres, le Festival de Salzbourg, la Scala de Milan ou l’Opéra de Paris.
La consécration définitive arrive en janvier 1961 avec le rôle de Leonora dans Le Trouvère de Verdi qu’elle chante au Metropolitan Opera de New York. C’est un incroyable triomphe (plus de 40 minutes d’ovation finale !) et une victoire éclatante sur les années passées dans l’atmosphère délétère de la ségrégation. Leontyne Price donnera plus de deux cents représentations au Metropolitan où elle se sent maintenant parfaitement chez elle. En 1966, elle sera d’ailleurs choisie pour inaugurer la nouvelle salle du Met au Lincoln Center.
Leontyne Price va mener sa brillante carrière en se consacrant à trois compositeurs, Mozart, Verdi et Puccini, qui sont pour elle le « bread and butter » de l’opéra. Parmi les héroïnes verdiennes, Aïda conserve sa préférence. Cette prédilection ne s’explique pas seulement par l’adéquation physique entre le personnage et la chanteuse mais elle repose aussi sur la qualité particulière d’une voix idéalement faite pour servir ce Verdi au style accompli, ainsi qu’en témoignent de nombreux enregistrements. On y entend la longueur du souffle et la beauté du legato qui font le grand style verdien dont Leontyne Price est une parfaite ambassadrice.
Après avoir fait ses adieux à la scène en 1985, la chanteuse se produira en récital jusqu’en 1997, année après laquelle elle ne chantera plus que lors de circonstances exceptionnelles comme lors du concert donné en mémoire des victimes de l’attentat du 11 septembre 2001. Leontyne Price est assurément l’une des plus grandes sopranos du XXème siècle et tous ceux qui l’ont entendue conservent encore le frisson d’une voix qui produisait un effet délibérément physique.
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