Informations générales
- Nom:Pons
- Prénom:Lily
- Date de naissance:12/04/1898
- Date de mort:13/02/1976
- Nationalité:France
- Tessiture:Soprano
Biographie
Comment imaginer aujourd’hui l’extraordinaire popularité de cette soprano française de la première moitié du XXème siècle que les Américains avaient surnommée « The Pocket Diva » (la diva de poche) en raison de sa petite taille et de sa minceur ? Placido Domingo a eu le privilège de l’avoir pour partenaire dans Lucia di lammermoor en 1962 quand il n’était encore qu’un débutant : il a dit qu’il la considérait comme une véritable « légende vivante ». Elle avait choisi de faire ses adieux à Fort Worth sur cette ultime représentation de Lucia, un de ses ouvrages de prédilection qu’elle avait chanté pour la première fois avec une autre légende de l’art lyrique, Beniamino Gigli (1890-1957). Le destin de cette soprano colorature au timbre délicieusement léger et aux vocalises aériennes illustre parfaitement le fameux dicton qui affirme que nul n’est prophète en son pays. Lily Pons est devenue la star du Metropolitan Opera de New-York en une soirée, alors que le directeur de l’Opéra de Paris Jacques Rouché n’avait pas cru utile de retenir sa candidature. De 1931 à 1958, année de ses adieux, la chanteuse aura donné plus de trois cents représentations au Met, en incluant les tournées. Son engagement durant la Seconde Guerre Mondiale suggéra cette amusante réflexion à Franklin D.Roosevelt le président des Etats-Unis : « La Fayette et Lily Pons, voilà pourquoi nous sommes les amis de la France ! 1, 60 m, 42 kg, tel est notre plus grand avocat de par le monde… ».
Reynaldo Hahn ; © DR
Amelita Galli-Curci ; © DR
Alice Joséphine Pons, dite Lily Pons, est née à Draguignan le 12 avril 1898 d’un père imprimeur et d’une mère couturière. Après avoir étudié le piano au Conservatoire de Paris où elle obtient un premier prix à l’âge de 15 ans, elle fait ses premiers pas sur scène dans la revue du Théâtre des Variétés. En 1925, elle rencontre un avocat hollandais, Auguste Mesritz, qui la convainc de travailler sa voix pour développer ses dons. Il deviendra son mari cinq ans plus tard pour trois brèves années. La jeune femme prend des cours auprès d’une ancienne cantatrice, Dina Beumer-Sellier, puis elle devient l’élève d’Alberto de Gorostiaga. Sa carrière lyrique débute réellement le 25 novembre 1927 sous la baguette du chef d’orchestre et compositeur Reynaldo Hahn qui la dirige dans Lakmé de Léo Delibes à Mulhouse. Elle apparaît ensuite sur plusieurs scènes de province, passe une audition avec le directeur de l’Opéra de Paris, Jacques Rouché, mais n’est pas engagée. La chance finit par lui sourire car elle a été remarquée par le ténor italien Giovanni Zenatello, reconverti en agent artistique. Ce dernier lui conseille de partir pour les Etats-Unis où elle obtient une audition au Metropolitan Opera. Le chef Tullio Serafin et le Directeur Giulio Gatti-Casazza sont conquis d’emblée par la jeune soprano colorature : elle leur semble de taille à prendre la succession de la grande Amelita Galli-Curci (1882-1963) qui vient de faire ses adieux à la scène. Le 3 janvier 1931 Lily Pons triomphe dans Lucia di lammermoor de Donizetti. En l’espace d’une seule soirée, une étoile est née. La « diva du Met » prend la nationalité américaine en 1940 mais elle reste attachée à son pays d’origine où elle triomphera en 1935 et en 1938 à l’Opéra de Paris. Elle s’y produira une dernière fois en 1953. Mais elle aura aussi été présente en Europe, que ce soit au Covent Garden ou à l’Opéra de Monte-Carlo.
Lily Pons chantant la Marseillaise durant La Fille du Régiment (1942) ; © DR
Durant la Seconde Guerre Mondiale Lily Pons s’engage résolument pour son pays en apportant son soutien à l’American War French Relief et à l’association des organisations gaullistes américaines France for Ever. Au cours des représentations de La Fille du Régiment de Donizetti, elle s’autorise à ajouter La Marseillaise au « Salut à la France » entonné par Marie, l’héroïne, et elle va même jusqu’à brandir sur la scène du Met un drapeau tricolore avec la bénédiction de Roosevelt ! Lily Pons chante régulièrement devant les troupes alliées et son attitude exemplaire lui vaudra d’être conviée aux fêtes commémoratives de la libération de Paris le 25 août 1945. Le général de Gaulle lui remet personnellement les insignes de l’ordre de la Croix de Lorraine. Lily Pons est devenue une diva adulée d’un public que séduit autant sa personnalité que son talent. On va jusqu’à donner son nom à une ville du Maryland et on vend même des poupées à son effigie ! Il faut dire qu’elle est photogénique et fait merveille sur les photographies promotionnelles. De nombreuses retransmissions radiophoniques et des films tournés à Hollywood contribuent encore à amplifier son succès. L’opéra devient ainsi accessible à un large public. Grâce à Lily Pons, la petite Maria Callas découvre l’art lyrique en se passionnant pour les retransmissions du Met qui détermineront sa vocation de chanteuse. Lily Pons se retire progressivement de la scène et donne son dernier récital en mars 1973 à Palm Springs. Elle meurt à Dallas le 13 février 1976.
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