Informations générales
- Nom:Caballé
- Prénom:Montserrat
- Date de naissance:12/04/1933
- Date de mort:06/10/2018
- Nationalité:Espagne
- Tessiture:Soprano
Biographie
Considérée à juste titre comme l’une des plus grandes sopranos du XXème siècle, Montserrat Caballé a conquis le public grâce à une incomparable technique belcantiste. La diva possédait le don d’allier de somptueux pianissimi aux prouesses de la plus brillante virtuosité. Sa voix, à la fois riche et légère, semblait enveloppante et limpide. Le raffinement musical de ses interprétations a fait oublier son manque d’aisance en scène mais les acrobaties vocales des reines de Donizetti ou de Rossini peuvent sans trop d’inconvénient se passer des talents d’une tragédienne. « Je n’ai jamais été une bonne actrice », concédait la diva espagnole en 2008 dans la revue Opéra Magazine. Qu’importe puisque, en avril 1965, après une soirée triomphale à Carnegie Hall, on pouvait lire dans le Herald Tribune : « Puisqu’on a surnommé Callas « la Divina », Sutherland « la Stupenda », Montserrat Caballé sera désormais « la Superba ». » La soprano avait remplacé au pied levé Marilyn Horne dans Lucrèce Borgia de Donizetti et le public était subjugué par la pureté de son timbre et par son étonnante longueur de souffle. Toutes ces qualités étaient aussi le fruit d’un immense travail.
Napoleone Annovazzi ; © DR
Montserrat Caballé est née à Barcelone le 12 avril 1933. Dès l’âge de sept ans, elle étudie au prestigieux Conservatoire du Liceu où elle bénéficie de l’enseignement du directeur musical, le chef d’orchestre Napoleone Annovazzi (1907-1984). Parallèlement, la jeune fille complète sa formation auprès de la soprano espagnole Conchita Badia (1897-1975) qui a travaillé avec de grands compositeurs comme Manuel de Falla ou Enrique Granados. Parfaitement préparée pour affronter l’univers de l’opéra, Montserrat Caballé peine cependant à trouver des engagements à la mesure de ses capacités. Elle a reçu à 22 ans une médaille d’or, la plus haute récompense décernée pour le chant en Espagne. Mais ce n’est qu’en 1956 que la chanteuse attire véritablement l’attention sur elle en interprétant Mimi dans La Bohème de Puccini au Stadttheater de Bâle. Elle intègre la troupe et se perfectionne en abordant une grande variété de rôles. Elle confiera plus tard que c’est au cours de ces années qu’elle a appris son métier, d’abord à Bâle, puis ensuite à Brème, où elle est engagée en 1958, après avoir fait ses débuts au Staatsoper de Vienne en artiste invitée, dans Salomé de Richard Strauss, un de ses rôles de prédilection.
Marilyn Horne ; © DR
En 1962, fatiguée du système de troupe, Montserrat Caballé décide de voler de ses propres ailes. « La troupe n’était pas une fin en soi et j’avais parfois l’impression d’aller à l’usine plus qu’à l’Opéra. Je me suis donc retrouvée libre. » On ne peut être plus clair ! Et cette liberté retrouvée lui permet de faire ses débuts dans sa ville natale, Barcelone, où elle est à l’affiche du Gran Teatre del Liceu. 1962 est aussi l’année où elle entame sa carrière française avec l’oratorio El Pessebre de Pablo Casals à Toulouse. Mais c’est 1965 qui marque un tournant dans la carrière de la chanteuse qui a accepté de remplacer Marilyn Horne pour assurer la version de concert de Lucrezia Borgia donnée à Carnegie Hall. Le 20 avril 1965, Montserrat Caballé triomphe dans cet opéra de Donizetti alors qu’elle n’avait encore jamais abordé le répertoire du bel canto romantique. Désormais réclamée dans le monde entier, la soprano se produit sur les plus grandes scènes ainsi que dans les plus grands festivals.
1972 marque l’apogée de la carrière de Montserrat Caballé qui éblouit le public que ce soit à la Fenice de Venise, à l’Opéra de Paris ou à Covent Garden. Sans abandonner le reste du répertoire lyrique, elle devient la reine incontestée du « bel canto » en s’imposant dans les plus grands ouvrages de Donizetti et de Bellini, grâce à un timbre lumineux, des aigus amples et brillants et une longueur de souffle exceptionnelle. Il est important de souligner que Montserrat Caballé continuait à assurer un large éventail de rôles passant de Rossini à Gluck, de Verdi à Wagner sans oublier Puccini ou Richard Strauss, un de ses compositeurs de prédilection.
Montserrat Caballé et Bernabé Marti ; © DR
En 1974, au Festival d’Orange, le mistral se déchaîne sans pour autant perturber la diva qui subjugue le public dans Norma de Bellini. Au cours de cette soirée devenue mythique Montserrat Caballé est acclamée dans un incroyable « Casta diva », dont elle demeure une des plus sublimes interprètes. Parallèlement, toute une série d’enregistrements vient immortaliser sa voix rayonnante. La soprano réalise, entre autres, la première intégrale en studio d’Il Pirata de Donizetti avec pour partenaire son propre mari, le ténor Bernabé Marti.
A la fin des années 1970, la chanteuse semble traverser des moments plus difficiles. La voix se fatigue après une vingtaine d’années où elle a enchaîné, à une cadence folle, productions et récitals. La diva annule beaucoup à la dernière minute, comme ce soir de 1976 où elle ne peut pas assurer la représentation donnée à la Scala pour le cinquantième anniversaire de la création de Turandot de Puccini. Montserrat Caballé apparaît alors pour certains comme une star capricieuse – ce qu’elle n’est pas. C’est au contraire une femme sympathique, bonne vivante et qui aime toujours passionnément la scène.
Freddie Mercury et Montserrat Caballé ; © DR
En 1980, elle fait un triomphe mémorable en chantant Sémiramis de Rossini au Festival d’Aix-en-Provence avec sa grande amie Marilyn Horne : ceux qui ont vécu ces soirées exceptionnelles s’en souviennent encore ! Mais durant ces années 1980, sa santé l’oblige à réduire ses apparitions et à préférer le concert aux représentations d’opéra, plus fatigantes.
Toutefois, le grand public va la découvrir à cette époque quand elle s’amuse à chanter en duo avec le chanteur pop Freddie Mercury en 1987 : leur duo, Barcelona, va donner lieu à un album qui atteint des ventes qui se chiffrent en millions ! Il sera d’ailleurs choisi pour être l’hymne des Jeux Olympiques de Barcelone en 1992 ! Elle continuera cette incursion dans le domaine du cross over avec un album, Friends of life.
Durant le début des années 2000, elle donne encore quelques rares récitals mais préfère se réfugier dans ses terres, en Espagne. Pourtant, le Liceu de Barcelone l’invite pour ses cinquante ans de carrière, le 3 janvier 2012 : ce sera sa dernière apparition sur scène. Le 20 octobre de cette même année, elle est hospitalisée à la suite d’un accident vasculaire cérébral. Elle s’en remettra et vivra tranquillement chez elle jusqu’à sa mort, le 6 octobre 2018, à l’hôpital Sant Pau de Barcelone, à 85 ans.
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