Pour de nombreux amateurs d’opéra, Montserrat Caballé s’impose comme l’une des figures incontournables du bel canto, après avoir mis la pureté de sa voix et sa technique exceptionnelle au service des principaux rôles de Rossini, Bellini ou Donizetti. On apprenait vendredi 28 septembre que la soprano espagnole, de santé fragile, était admise à l’hôpital de Sant-Pau de Barcelone. Et si sa famille se voulait rassurante, l’établissement hospitalier fait savoir aujourd’hui 6 octobre 2018 que Montserrat Caballé s’est éteinte, à l’âge de 85 ans.
Reste le souvenir d’une interprète hors norme, revendiquant un répertoire de plus de quatre-vingts rôles d’opéra, principalement bel cantiste (sa longue carrière professionnelle débutait à l’Opéra de Bâle en 1956, avec le rôle de Mimi dans La Bohème), mais aussi dans le répertoire baroque, wagnérien ou straussien. C’est par exemple dans le rôle-titre d'Arabella de Strauss, qu’elle faisait ses débuts au Liceu de Barcelone en 1962, et tout au long de sa carrière, elle restera fidèle à la maison catalane jusqu’à son dernier récital en janvier 2012 commémorant ses 50 ans de carrière (quelques mois plus tard, en octobre de la même année, un accident vasculaire cérébral mettra un terme à ses activités professionnelles).
Surnommée La Superba (« la superbe »), Montserrat Caballé fera une impressionnante carrière internationale, sur les plus grandes scènes lyriques mondiales : dès 1965 au Metropolitan Opera de New York dans le rôle de Marguerite dans le Faust de Gounod, à partir de 1972 à la Scala de Milan dans Norma (qu'elle reprendra deux ans plus tard aux Chorégies d'Orange avec succès), ou à Covent Garden la même année dans le rôle de Violetta dans La traviata. Elle enchainera avec Manon Lescaut, Tosca, Turandot ou Salome, reste dans les mémoires pour son interprétation de Cléopâtre de Massenet ou de Lucia di Lammermoor, d’Imogène dans Il Pirata ou Santuzza dans Cavalleria rusticana. Et elle se fera connaitre aussi du grand public grâce à ses duos improbables, par exemple avec Freddie Mercury (avec qui elle avait notamment enregistré Barcelona, qui deviendra l'Hymne des Jeux Olympiques de 1992) ou Bruce Dickinson (du groupe Iron Maiden).
Et même alors qu’elle fréquentait moins les scènes d’opéra, Montserrat Caballé s’imposait toujours le même engagement, notamment auprès d’organisations caritatives (elle était ambassadrice de bonne volonté de l'Unesco) mais aussi à destination des jeunes chanteurs. On se souvient notamment de ses master classes, empreintes de douceur et de bonne humeur, au cours desquelles elle partageait ses années d’expérience auprès d’élèves dont certains feront carrière (à commencer par Pretty Yende) et qui entretiennent son héritage musical.
Sur les réseaux sociaux, le premier ministre espagnol Pedro Sanchez indique qu’ « une grande ambassadrice de notre pays est morte. Sa voix et sa tendresse resteront pour toujours ». Une veillée funéraire aura lieu ce dimanche, suivi de funérailles ce lundi, dans le quartier Les Corts de Barcelone.
Crédit photo : AFP/Pascal Guyot
06 octobre 2018 | Imprimer
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