Informations générales
- Compositeur:Richard Strauss
- Librettiste:Hedwig Lachmann
- Date de création:1905
- Lieu de création:Allemagne
- Nombre d'acte:5
- Catalogue:op.54
- Langue originale:Allemand
- Maison d'opéra de la production originale:Festival de Menton
- Orchestration originale:Piccolo, 3 flûtes, 2 hautbois, cor anglais, heckelphone,clarinette en mi bémol, 2 clarinettes en la, 2 clarinettes en si bémol, clarinette basse, 3 bassons, contrebasson ;6 cors d'harmonie, 4 trompettes, 4 trombones, tuba ;4 timbales, une petite timbale,
Description de l'Œuvre
Dès les premières notes sinueuses qui s’élèvent, le décor est planté : un ciel d’Orient très lourd où la menace pèse, bien réelle, derrière ces sonorités capiteuses. Pas besoin de prélude ni d’Ouverture pour cela : Richard Strauss nous plonge d’emblée dans le vif du drame, comme si celui-ci avait d’ailleurs commencé lorsque le rideau s’ouvre. Objet de toutes les obsessions du garde Narraboth : la beauté de la princesse Salomé, une beauté dangereuse, dont la naïveté perverse verse peu à peu un goût de sexe et de sang sur l’opéra. Figure marquante de l’Evangile selon Saint Matthieu, cette Salomé biblique est d’abord ici celle d’Oscar Wilde, dont Strauss restitue les éthers décadents par une écriture faite de raffinements contournés et de force primale, à l’image de la scène finale, apothéose d’un crescendo implacable dans sa montée serrée : un grand cri d’effroi qui brise net ce jardin des perversions.
Résumé
L’action se déroule à Tibérias, en Galilée au début de notre ère. S’échappant du banquet du roi Hérode, époux en secondes noces de sa mère Hérodias, la princesse Salomé trouve refuge sur la terrasse : de là, elle entend la voix du prophète Jochanaan s’élever d’une citerne, qui profère menaces et imprécations. Malgré l’interdiction d’Hérode de l’approcher, Salomé parvient à rencontrer le prophète à qui elle confesse son brûlant désir charnel – elle veut toucher son corps et embrasser sa bouche ; Jochanaan la maudit et la repousse violemment. Au roi Hérode, qui lui a juré de satisfaire la moindre de ses volontés si elle dansait pour lui, Salomé réclame très naïvement qu’on lui donne, sur un plateau d’argent, la tête du prophète : rien ne la fera changer d’avis – pas même la promesse de mille richesses offertes par Hérode. En possession de la tête ensanglantée du prophète, Salomé embrasse voluptueusement sa bouche, dans une scène où sa passion et son désir confinent à l’hystérie. Horrifié, Hérode la fait tuer.
Scène 1
La princesse Salomé, fille d’Hérodias, s’ennuie mortellement au banquet donné par Hérode, tétrarque de Judée et époux de sa mère : comment éviter les regards concupiscents qu’Hérode lui jette sans cesse ? Lorsque Salomé gagne la terrasse du palais pour goûter un air moins vicié, elle tombe nez à nez sur le jeune Syrien Narraboth, garde du corps du tétrarque, hypnotisé par sa beauté. Soudain, la voix du prophète Jochannan (Jean-Baptiste) s’élève, souveraine, des profondeurs de la citerne où il est retenu. En présence des gardes et devant une Salomé saisie par cette voix, Jochannan évoque la venue du Messie.
Scène 2
Salomé a bravé l’interdiction formelle d’Hérode d’approcher Jochanaan : elle a même obtenu de Narraboth qu’il le fasse sortir de sa citerne. Le prophète se tient devant Salomé, multiplie ses imprécations et condamne l’atmosphère de stupre qui ravage la cour d’Hérode – il insulte même Hérodias. Mais Salomé ne l’entend pas : prise d’un désir irrépressible pour lui, elle lui avoue sans la moindre pudeur vouloir toucher son corps et embrasser sa bouche. Jochanaan redouble ses anathèmes, maudit Salomé, qu’il traite de fille de Sodome, et regagne sa prison sans avoir croisé une seule fois son regard.
Scène 3
Tandis que la voix du prophète ne cesse de tonner et de condamner depuis le souterrain, Hérode et Hérodias rejoignent Salomé, perdue dans ses pensées. Hérode est à la fois conscient et inconscient du caractère sacré de l’homme qu’il retient prisonnier ; mais pour l’heure, seul compte pour lui l’éclat envoûtant de Salomé. Le tétrarque la supplie de danser pour lui – ce que la princesse finit par accepter après s’être fait promettre qu’il accèdera, en échange de sa danse, au moindre de ses désirs. Salomé entame la Danse des Sept voiles, au cours de laquelle elle se dévêt peu à peu pour terminer totalement nue, sous les regards lubriques d’Hérode. Tous les degrés de ses fantasmes se coulent dans l’orchestre moite et luxuriant de Strauss.
Scène 4
Hérode exulte, prêt à tout pour récompenser Salomé d’avoir ainsi dansé. Sur un ton parfaitement naïf, Salomé lui réclame alors… la tête de Jochanaan ! Hérode refuse d’emblée et lui propose toutes ses richesses, voire même la moitié de son royaume, plutôt que ce caprice insensé ! Mais rien n’y fait. Salomé s’obstine et exige son dû : la tête du prophète sur un plateau d’argent. Acculé, car tenu par son serment, Hérode n’a d’autre choix que de s’exécuter. Il envoie un bourreau dans la prison de Jochanaan.
Scène 5
Salomé a obtenu la tête de Jochanaan. Après un monologue adressé à la tête en sang du prophète, elle atteint le comble de la jouissance lorsqu’elle la saisit et embrasse à pleine bouche ses lèvres mortes. Horrifié, Hérode ordonne la mise à mort de Salomé, que les soldats écrasent en un éclair sous leurs boucliers.
Extrait : « Ah ! Ich habe deinen Mund geküsst, Jochanaan »
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