Une saison 2025-2026 éclatée et éclectique au Komische Oper de Berlin

Xl_komische-oper-berlin-saison-2025-2026 © Komische Oper Berlin

Malgré les coupes budgétaires et une salle encore en travaux, le Komische Oper de Berlin dévoile une saison 2025/26 qui investit les hauts lieux berlinois et reste fidèle à sa tradition : éclectique et colorée, faisant la part belle au grand spectacle – incluant une nouvelle production de l’opéra-rock Jesus Christ Superstar donné dans l’imposant Hangar 4.

Le siège historique de l’Opéra-Comique de Berlin, sur la Behrenstrasse, nécessite des travaux de rénovation importants – finalement confirmés en fin d’année dernière après plusieurs mois de tergiversations et d’études budgétaires. Les travaux sont en cours et attendant de pouvoir réintégrer sa salle, le Komische Oper dévoile une saison 2025-2026 éclectique et éclatée dans différents hauts lieux berlinois : principalement au Théâtre Schiller malgré sa capacité réduite, mais aussi dans la salle du quartier de Neukölln (pour son festival) ou encore dans l’imposant Hangar 4 de l’ancien aéroport de Tempelhof – qui accueille ponctuellement des performances artistiques de très grande envergure (comme le Messie de Haendel interprété par des centaines de choristes la saison dernière).

« Spectacles monumentaux » au Hangar 4

C’est précisément au Hangar 4 que sera inaugurée la saison 2025-2026 du Komische Oper de Berlin, le 19 septembre prochain, avec l’opéra-rock Jesus Christ Superstar d’Andrew Lloyd Webber et Tim Rice – qui retrace les derniers jours de la vie de Jésus du point de vue de Judas Iscariote, afin de dresser un portrait humain des grands personnages bibliques. Dans une nouvelle mise en scène d’Andreas Homoki, la production promet un « spectacle épique et monumental » impliquant des centaines d’artistes, danseurs et musiciens, pour « explorer le pouvoir des médias de masse et le culte de la célébrité ».

Quelques jours plus tard, les 25 et 26 septembre, le Hangar 4 accueillera un autre « spectacle monumental », la Huitième Symphonie de Mahler (la Symphonie des Mille) interprétée par le chœur mixte et le chœur d’enfants du Komische Oper, complétés des forces du Rundfunkchor Berlin. Ils seront accompagnés par l’Orchestre de la maison berlinoise, un orgue et une section de cuivres supplémentaire, le tout dirigé par James Gaffigan pour « faire résonner et résonner encore comme jamais auparavant » la partition de Mahler.

Création et nouvelles productions

La saison se poursuivra dans des proportions plus traditionnelles au Théâtre Schiller, avec une série de nouvelles productions, incluant la création mondiale d’un opéra destiné au jeune public, Conrad or The factory-made boy. Adapté de la fable homonyme de Christine Nöstlinger, le livret de l’ouvrage lyrique débute avec un colis adressé par erreur à Mrs Bertie Bartolotti par la société Himmelblau. Le colis contient... un enfant, le jeune Conrad, sage et bien élevé. Egon et Bertie Bartolotti s’attachent vite au jeune garçon et pour s’assurer que la compagnie Himmelblau ne le retrouve pas, ils entendent le rendre méconnaissable, c’est-à-dire désobéissant, insolent et bruyant. Le compositeur Samuel Penderbayne en fait « une fable moderne et colorée sur la différence et la solidarité », qui se dévoilera dans une mise en scène de Ruth Brauer-Kvam traitant des notions de famille et de perfection.

Suivra fin novembre la Salomé de Richard Strauss avec Nicole Chevalier dans le rôle-titre, dans une nouvelle mise en scène d’Evgeny Titov – le public du Komische Oper avait déjà pu apprécier la puissance de son travail avec Œdipe en 2021. La direction musicale sera assurée par James Gaffigan. 

La maison berlinoise entend aussi commémorer la disparition de Dmitri Chostakovitch (décédé il y a 50 ans cette année) avec une nouvelle production de Lady Macbeth de Mzensk avec Ambur Braid et la reprise du Nez (déjà donnée en 2018) : les deux productions sont signées Barrie Kosky et là encore dirigées par James Gaffigan.

Belshazzar de Haendel, Orlando d'Olga Neuwirth

Le Komische Oper poursuit également son exploration des oratorios de Haendel avec une nouvelle production de Belshazzar relatant l'effondrement de l'empire de Babylone. La mise en scène est confiée à Herbert Fritsch, dont on connait le goût pour les scénographies débridées et colorées. Le metteur en scène entend faire de l’ouvrage de Haendel « une danse endiablée » pour mieux souligner le tumulte psychologiques des personnages, « entre fanfaronnade et joie, amour et haine, espoir et arrogance, horreur et panique ».

La maison berlinoise poursuivra en mai avec la première production allemande d'Orlando d'Olga Neuwirth – ouvrage créé à Vienne en 2019, d'après le roman de Virginia Woolf. Dans la version du Komische Oper, « cette folle escapade dans le temps ne s'arrête pas en 1928, année de publication du roman, mais poursuit l'histoire d'Orlando jusqu'à nos jours », dans la première production d’opéra de la jeune metteuse en scène de théâtre polonaise Ewelina Marciniak.

Hommage à l'Allemagne de l'est

Pour conclure cette saison 2025/26, le Komische Oper entend rendre hommage à son héritage de « maison de théâtre musical » faisant la part belle au Heiteres Musiktheater d’ex-Allemagne de l'Est (le théâtre musical léger). Le chef et comédien Adam Benzwi et le metteur en scène Axel Ranisch s’inspirent d’Ein Kessel Buntes, ce programme de variété diffusé à la télévision est-allemande dans les années 1970, pour concevoir une revue intitulée Mocha Hits and Milk Bar Dreams: A Cauldron of Colours under Pressure. Les auteurs y assemblent « des mélodies d’opérette, d’authentiques hits d’Allemagne de l’est et de musique qui fait danser ».

Outre des concerts symphoniques, la saison se complète également de plusieurs reprises qui s’inscrivent dans la tradition du Komische Oper, qui fait la part belle aux comédies musicales (La Cage aux folles ou My Fair Lady), à l’opérette (A Woman Who Knows What She Wants), aux ouvrages destinés aux jeunes publics (Nils Holgersson’s Wondrous Adventures), ou aux opéras de répertoire – La Traviata dans la mise en scène de Nicola Raab ou Eugene Onéguine et Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny de Kurt Weill, l’un et l’autre mis en scène par Barrie Kosky. On en trouve le détail sur le site de l’Opéra-Comique de Berlin.

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