Informations générales
- Compositeur:Nikolaï Rimski-Korsakov
- Librettiste:Vladimir Bielski
- Date de création:1929
- Lieu de création:Russie, fédération de
- Nombre d'acte:5
- Langue originale:Russe
- Maison d'opéra de la production originale:Théâtre Solodovnikov
Description de l'Œuvre
Rimski-Korsakov (1844-1908) est un des plus grands compositeurs russes même si l’ensemble de son œuvre, et singulièrement ses quinze opéras, demeure largement méconnu du grand public en dehors de Russie. Membre du fameux « Groupe des Cinq » aux côtés de Balakirev, Borodine, Cui et Moussorgski, mais aussi professeur d’Igor Stravinsky (1882-1971), Rimski-Korsakov joua un rôle déterminant dans la vie musicale russe. Dernier ouvrage lyrique du compositeur, Le Coq d’or est un des opéras les plus subversifs qu’on ait jamais écrits. Rimski-Korsakov et son librettiste Vladimir Bielski accentuent encore la charge satirique du petit conte de Pouchkine dont ils se sont inspirés. Très affecté par les événements politiques de l’année 1905 marquée par l’épouvantable fusillade connue sous le nom de « Dimanche sanglant », le musicien semble régler ses comptes à travers une caricature à peine voilée du Tsar Nicolas II qu’on devine sous le ridicule portrait du tsar Dodon, désireux de gouverner en dormant… Le Coq d’or constitue un genre original mêlant la féérie et la poésie du conte traditionnel à l’ironie mordante de la satire politique. La censure impériale retarda constamment la création d’un ouvrage qui remettait en cause le régime tsariste. Mais Rimski-Korsakov se refusa toujours de son vivant à envisager des modifications, ce qui explique que Le Coq d’or ne fut créé qu’en 1909, un an après sa mort, avec un texte édulcoré. Un sombre pessimisme imprègne cet opéra qui professe un égal mépris pour le tsar Dodon et pour le peuple chez lequel on ne perçoit aucune velléité de révolte. Avec Le Coq d’or Rimski-Korsakov signe sa partition la plus novatrice, annonçant la musique à venir de son dernier disciple, Stravinsky. L’utilisation habituelle de « leitmotive » qui réapparaissent en se transformant et la virtuosité de l’écriture vocale sont deux traits caractéristiques du Coq d’or. Le rôle de l’Astrologue a été écrit pour un « ténor-altino », une voix de haute-contre, et la reine Chemakha, soprano colorature, apparaît comme une sorte de « maléfique Lakmé » russe. Ses airs sont remarquables, en particulier son célèbre « Hymne au soleil » de l’Acte II où s’exprime toute sa sensualité de femme fatale dont les caprices gouvernent le lâche et ridicule tsar Dodon.
Résumé
Le vieux tsar Dodon aimerait bien se reposer mais pour cela il lui faudrait trouver le moyen de se prémunir efficacement contre ses ennemis. L’Astrologue arrive à point nommé pour lui donner la solution. Il présente à Dodon un coq en or doté de pouvoirs magiques. Ce merveilleux animal donnera l’alerte dès qu’une menace se fera sentir. Dodon est conquis mais il est finalement contraint de reprendre les armes – pour finir par les déposer avec son royaume aux pieds de l’ensorcelante Reine de Chemakha qui le mène par le bout du nez. Dodon s’apprête à épouser la dangereuse séductrice, lorsque l’Astrologue la réclame pour prix du coq magique. Furieux, Dodon frappe mortellement l’Astrologue. La Reine maudit alors le meurtrier et le Coq exécute la sentence : il tue Dodon d’un coup de bec. « Comment vivre sans tsar ? » se lamente le peuple totalement désemparé.
Prologue
L’astrologue annonce au public « les masques drolatiques d’une fable ancienne » qui prendront vie dans un conte « trompeur mais riche d’enseignement ».
Acte 1
Dans son riche palais le vieux tsar Dodon fait part à ses fils et à son proche entourage de son aspiration à profiter d’une paisible retraite. Comment renoncer à guerroyer contre des voisins belliqueux ? Arrive un vieillard tout décrépit qui sort d’un sac coloré un petit coq magique. Il promet à Dodon que ce merveilleux animal, placé au sommet d’une flèche, l’avertira de toute tentative d’incursion dans son royaume. Dodon est conquis en pensant que désormais il peut, « les bras croisés, régner du fond de son lit » ! En échange du Coq, l’Astrologue ne demande qu’une attestation certifiant que le tsar tient ses promesses. A quoi Dodon répond : « La loi ? Que veut dire ce mot ?...Le caprice et ma fantaisie sont les seules lois que je connaisse ». Soudain le Coq donne l’alerte. Les deux fils de Dodon partent au combat tandis que Dodon peut se rendormir en rêvant à une très belle femme. Mais le Coq le réveille à nouveau et il doit partir à la guerre lui aussi.
Acte 2
Dodon découvre en pénétrant dans leur campement que ses deux fils sont morts. Quand le jour se lève apparaît une tente somptueuse d’où sort une merveilleuse jeune femme, la reine de Chemakha («Réponds-moi, astre de lumière »). Elle ensorcelle littéralement Dodon qui se plie à tous ses caprices en se couvrant de ridicule. Le pitoyable pantin finit par lui proposer de l’épouser et de lui donner la moitié de son royaume. Les esclaves de la reine se moquent cruellement de Dodon qu’ils jugent sans complaisance: « Il est tsar par le rang et par l’habit mais il a le corps et l’âme d’un esclave ».
Acte 3
Le peuple s’apprête à accueillir le tsar et sa nouvelle fiancée. De sombres nuages s’amoncellent à l’horizon et chacun commence à s’inquiéter. L’intendante de Dodon, Amelfa, se lance dans des explications extravagantes en encourageant le peuple à fêter le curieux cortège nuptial qui s’avance à sa rencontre : il est composé d’êtres monstrueux ou fantastiques qui semblent tout droit sortis d’un conte. Passé le premier étonnement, le peuple finit par acclamer Dodon. Mais soudain l’Astrologue réapparaît et réclame la reine de Chemakha en échange du Coq. Indigné par une telle exigence, Dodon tue l’Astrologue en le frappant au front avec son sceptre. La reine de Chemakha choisit ce moment pour dévoiler ses véritables sentiments : « Disparais, vieux laideron, toi et ton peuple imbécile ! » dit-elle en s’adressant au tsar incrédule. Le Coq chante pour annoncer la mort de Dodon qu’il tue aussitôt en le piquant au front. La reine disparaît comme si elle n’avait jamais existé… Le peuple en larmes se prosterne, inconsolable : comment vivre sans le tsar ?
Epilogue
L’Astrologue revient pour rassurer le public en affirmant que seuls la reine et lui-même étaient « vivants » tandis que les autres personnages n’étaient que de « pâles fantômes ».
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