Informations générales
- Compositeur:Giuseppe Verdi
- Librettiste:Francesco Maria Piave
- Date de création:1847
- Lieu de création:Italie
- Nombre d'acte:4
- Langue originale:Italien
- Maison d'opéra de la production originale:Teatro della Pergola
Description de l'Œuvre
Macbeth appartient à cette période de création intense que Verdi a lui-même appelée « ses années de galère ». Après le formidable succès de Nabucco en 1842, le maestro va créer seize opéras en dix ans, travaillant sans relâche pour satisfaire les nombreuses commandes des directeurs d’opéra, désireux de répondre aux attentes d’un public enthousiaste. Au milieu de cette abondante production où se côtoient des œuvres de qualité très inégale, Macbeth occupe une place tout à fait privilégiée : c’est un des projets les plus audacieux du maestro qui se lance pour la première fois dans l’adaptation d’un drame de Shakespeare, ce fameux Macbeth, qu’il considère comme « une des plus grandes créations de l’homme ».
Toute sa vie Verdi rêvera d’écrire aussi un Roi Lear et ses deux derniers opéras, Otello (1887) et Falstaff (1893) seront encore inspirés par le dramaturge anglais auquel il vouait une sorte de vénération. La correspondance du compositeur avec Piave, son librettiste habituel, montre quelle part essentielle il prend à l’écriture du livret en multipliant les recommandations sur le style et sa nécessaire efficacité dramatique : « Je te prie d’écrire des vers courts ; plus ils seront courts, plus leur effet sera grand ». Le résultat de ce travail exigeant constituera une expérience théâtrale des plus abouties.
Le livret épure le texte shakespearien. L’action est resserrée, le nombre de personnages est considérablement réduit et Lady Macbeth prend une importance qu’elle n’avait pas dans le drame de Shakespeare. Pour incarner ce rôle quasi démoniaque qui reste un des plus impressionnants qu’il ait écrits, Verdi souhaitait une interprète à la voix « âpre, étouffée, sombre… ». La fameuse scène du somnambulisme (Acte 4, scène 4) où excella Maria Callas témoigne de la constante recherche d’une vocalité qui soit en parfaite adéquation avec le trouble et la virulence des personnages. Rarement on a vu une telle violence se déchaîner sur une scène lyrique. La triple horde des sorcières constitue la seule présence féminine en dehors de celle de la maléfique épouse de Macbeth.
Pour accompagner le couple dans son parcours criminel qui s’apparente à une inéluctable descente aux enfers, Verdi compose une musique « pleine de fureur et de bruits » à l’unisson de l’univers de Shakespeare. L’ouvrage triompha dès le soir de la première où Verdi fut rappelé une trentaine de fois.
En 1865, Verdi révisa Macbeth pour sa création en langue française au Théâtre Lyrique de Paris. C’est cette version retraduite en italien qui s’est imposée jusqu’à nos jours.
Résumé de Macbeth de Verdi
Au retour d’un combat victorieux, Macbeth et son ami Banco rencontrent trois sorcières qui leur prédisent l’avenir. Macbeth deviendra roi d’Ecosse et Banco sera le premier d’une lignée de rois. Lady Macbeth galvanisée par ces prédictions, dont elle souhaite ardemment la réalisation, pousse son mari à assassiner le roi Duncan pour s’emparer du trône. Puis, elle l’incite à tuer Banco qui parvient cependant à assurer la fuite de son fils. Vient ensuite le tour de Macduff, nouvel obstacle dont l’élimination est envisagée après l’assassinat de sa femme et de ses enfants. La frénésie meurtrière de Lady Macbeth et de son époux avide de pouvoir les entraîne dans une course sanglante qui s’achèvera tragiquement dans les tourments de leur culpabilité grandissante et la terreur inspirée par les terribles révélations des sorcières de la lande.
Acte 1
Dans un bois, la nuit, Macbeth et Banquo, deux généraux du roi Duncan, croisent trois groupes de sorcières qui leur font d’énigmatiques révélations. Elles saluent Macbeth comme seigneur de Cawdor et roi d’Ecosse et promettent à Banquo qu’il engendrera une lignée de roi sans être roi lui-même. Les deux hommes sont encore plus troublés quand surviennent des messagers qui annoncent que le roi vient justement de nommer Macbeth seigneur de Cawdor.
Dans son château où le roi doit venir passer la nuit, l’ambitieuse Lady Macbeth pense que le moment est venu de voir se réaliser la prophétie des sorcières. Macbeth se laisse convaincre par sa femme qui le pousse à assassiner le roi pour s’emparer de sa couronne. Macbeth accomplit son forfait mais il est accablé par l’horreur de son crime. Lady Macbeth l’accuse de lâcheté et s’empare du couteau ensanglanté avec lequel il vient de tuer le roi. Elle devient complice du crime en dissimulant l’arme pour faire croire à la culpabilité des gardes. Macduff, un noble écossais, et Banquo découvrent le roi assassiné. Tous maudissent l’auteur de ce crime.
Acte 2
Macbeth est devenu roi d’Ecosse tandis que Malcolm, le fils du roi Duncan, a dû prendre la fuite après avoir été accusé du meurtre de son propre père. Lady Macbeth veut maintenant que son mari se débarrasse de Banquo et de son fils pour mettre en échec la prédiction des sorcières. Banco est assassiné à son tour, mais son fils parvient à s’enfuir. Lors d’un banquet qui réunit toute la cour, Macbeth voit apparaître le spectre de Banco. Lady Macbeth ne parvient pas à sauver les apparences. L’attitude étrange et les propos incohérents de Macbeth font naître la suspicion dans l’assemblée. Macduff croit plus prudent de quitter ce pays qui lui semble désormais « gouverné par une main maudite ».
Acte 3
Dans une caverne obscure, les sorcières préparent leur sabbat. Macbeth se présente pour les interroger à nouveau. Trois apparitions viennent d’abord rassurer Macbeth en lui apprenant qu’aucun homme né d’une femme ne pourra lui nuire et qu’il n’a rien à craindre tant que la forêt de Birnam ne se mettra pas en marche contre lui. Mais soudain la terreur s’empare de lui à la vue d’une procession de huit rois suivis de Banquo tenant un miroir. Macbeth s’évanouit. Quand il se réveille, sa femme est à ses côtés pour lui insuffler le désir de tuer encore pour survivre. La femme et les enfants de Macduff devront périr.
Acte 4
À la frontière de l’Ecosse et de l’Angleterre, les proscrits écossais pleurent leurs morts, victimes innocentes de la fureur de Macbeth encouragé à tuer par sa terrifiante épouse. Macduff est déterminé à venger la mort de sa femme et de ses fils. Héritier légitime du trône après l’assassinat de son père, Malcolm arrive à la tête d’une troupe de soldats. Il ordonne que chacun coupe une branche de la forêt de Birnam pour se dissimuler tout en avançant vers le château de Macbeth. Dans une effrayante crise de somnambulisme, Lady Macbeth avoue les crimes horribles qu'elle et son mari ont commis. Macbeth réagit à peine quand on vient lui annoncer la mort de son épouse mais il est bouleversé en apprenant que la forêt de Birnam marche sur lui. Au cours du combat qui s’engage, Macbeth est tué par Macduff qui lui révèle qu’il n’est pas né de sa mère, mais qu’il a été « arraché de son sein ». Toutes les prophéties se sont accomplies. Malcolm est proclamé roi.
Pour aller plus loin
Durant toute sa vie Verdi a été un lecteur passionné de Shakespeare auquel il vouait une admiration sans borne. Il le proclame lui-même avec ferveur : « Il est un de mes poètes de prédilection, que j’ai eu entre les mains depuis ma prime jeunesse, que je lis et relis continuellement ». Le maestro n’abandonnera jamais le rêve d’écrire un Roi Lear et ses deux derniers opéras seront Otello (1887) et Falstaff (1893) une adaptation des Joyeuses Commères de Windsor. Dans l’abondante production des « années de galère » où se côtoient des œuvres de qualité très inégale, Macbeth occupe donc une place singulière.
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