Arnold Schönberg

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Informations générales

  • Date de naissance:13/09/1874
  • Date de décès:13/07/1951
  • Nationalité:Autriche

Biographie

Arnold Schönberg, l’inventeur du dodécaphonisme

Fondateur et maître de l’ « Ecole de Vienne », Arnold Schönberg est à l’origine d’un profond bouleversement dans l’histoire de la musique au XXème siècle. Il fait éclater les conceptions musicales classiques en mettant au point le « dodécaphonisme » ou « sérialisme », c’est-à-dire, l’utilisation de la technique de « composition avec douze sons seulement reliés entre eux ». Alban Berg (1885-1935) et Anton Webern (1883-1945) seront ses principaux élèves.

Le déclin de la musique romantique va entraîner une progressive remise en cause des principes de l’écriture musicale appelée à subir d’importantes modifications au tournant du XXème siècle. La grande question qui agite alors les compositeurs est de savoir comment explorer de nouvelles voies en dehors des limites de la musique tonale reposant sur une échelle de huit notes conjointes, la gamme. On pourrait définir rapidement la  musique tonale comme celle qui va de Jean-Sébastien Bach à Maurice Ravel. Richard Wagner jouera un rôle déterminant dans la décomposition de ce système tonal, ainsi que Richard Strauss avec des œuvres comme Elektra (1901) et Salomé (1905). Plusieurs musiciens vont s’approcher de « l’atonalité », de manière empirique, mais c’est Arnold  Schönberg qui théorisera les principes d’un nouveau langage assez déstabilisant pour le public habitué à la continuité rythmique et mélodique.

Schönberg est un autodidacte que rien ne prédisposait à jouer un rôle aussi déterminant dans l’évolution de la musique. Né le 13 septembre 1874 à Vienne, il appartient à une modeste famille juive partagée entre une mère très croyante et un père libre-penseur. Schönberg commence par étudier le violon et le violoncelle, mais la mort de son père alors qu’il n’a que 16 ans l’oblige à gagner rapidement sa vie dans une banque. Pour améliorer ses fins de mois, il compose des opérettes et des valses viennoises dont les manuscrits se vendront très chers après sa mort. C’est sous l’influence de son professeur, le compositeur et chef d’orchestre Alexandre Zemlinsky (1871-1942), que Schönberg aborde la composition. Les deux hommes se rencontrent en 1897. Schönberg épousera en 1921 la sœur de Zemlinsky qui avait reconnu d’emblée les remarquables possibilités d’un élève auquel il ne prodigua que quelques cours de contrepoint et de composition. Les premières œuvres de Schönberg s’inscrivent d’abord dans le sillage de Brahms comme en témoigne son Quatuor à cordes en ré majeur (1897) qu’il écrivit sur les conseils de Zemlinsky. 

C’est le célèbre sextuor à cordes La Nuit transfigurée (1899) qui va marquer le début de l’exceptionnelle carrière de Schönberg. Imprégnée de poésie romantique et encore marquée par l’influence de Wagner, c’est l’œuvre de Schönberg la plus jouée de nos jours. En 1901, le compositeur écrit un vaste oratorio dramatique, Gurre-Lieder, dont la création n’aura lieu qu’en 1913. L’exceptionnelle importance des effectifs vocal et instrumental se retrouvera dans Moïse et Aaron (Moses und Aron). L’année 1901 est aussi marquée par l’installation de Schönberg à Berlin où il participe au lancement d’un cabaret appelé « Überbrettl » pour lequel il composera régulièrement. Le jeune musicien se lie avec Richard Strauss, puis avec Gustav Mahler en 1903 lorsqu’il revient à Vienne. Mahler restera un de ses fidèles défenseurs. C’est l’année suivante que Schönberg fait la connaissance d’Anton Webern et Alban Berg qui deviennent ses élèves. En 1906, la Symphonie de chambre opus 9 s’éloigne résolument de l’écriture orchestrale romantique, provoquant un scandale qui fait de lui le porte-parole des progressistes viennois. Le musicien s’intéresse aussi à la peinture qui va devenir son « violon d’Ingres », peignant en particulier plusieurs autoportraits. Schönberg organisera quelques années plus tard une exposition de ses propres tableaux qui révèlent, comme sa musique, l’influence de l’expressionisme. Schönberg s’était d’ailleurs lié d’amitié avec Vassily Kandinsky (1866-1944).

1908 est une date charnière marquée par le Deuxième Quatuor où se dessine la rupture avec le système tonal. 1909 instaure une ère définitivement nouvelle, avec les Trois Pièces pour piano opus 11 et le monodrameErwartung dans lequell’écriture se libère de tout fondement thématique et tonal.  Chaque œuvre matérialise ainsi une étape de la révolution compositionnelle entreprise par le musicien précurseur. L’influence théorique et pédagogique de Schönberg ne va cesser de croître et ses créations révolutionnaires vont établir définitivement sa notoriété comme chef de file de la musique atonale. Son effort de théorisation aboutira à la parution en 1911 d’un Traité d’harmonie dédié à la mémoire de Gustav Mahler. Un autre ouvrage résolument novateur voit le jour en 1912, le Pierrot Lunaire, un cycle de 21 mélodrames pour voix parlée et cinq instruments. Schönberg y fait un usage systématique du « sprechgesang », un type de déclamation rythmée qu’on pourrait qualifier de « chant parlé ». Cette innovation suscite de violentes réactions chez le public et les critiques attaquent violemment le musicien. 1912 marque également l’émergence de ce qu’on appelle la « seconde Ecole de Vienne » par opposition à la « première » qui auraient été constituée par les trois compositeurs viennois, Mozart, Haydn et Beethoven, bien qu’ils n’aient pas formé à proprement parler une « Ecole » contrairement à celle constituée autour de Schönberg, qui dispense un enseignement d’une grande exigence. Les principaux élèves du musicien, comme Berg et Webern mais aussi de jeunes compositeurs moins connus, se rangent sous la bannière de Schönberg qui leur laisse cependant une grande liberté d’évolution.   

En 1918, Schönberg fonde à Vienne la « Société pour les exécutions musicales privées » qui exclut la présence de tout critique… et de toutes critiques, car on ne doit y émettre aucun jugement de valeur ! Il faut souligner que généralement la critique n’avait pas de mots assez durs pour fustiger et déconsidérer une musique lui paraissant à la limite de l’audible… L’évolution créatrice de Schönberg était loin d’être comprise par ses contemporains et le compositeur s’est souvent montré découragé par les difficultés qu’il rencontrait pour faire exécuter sa musique.

La première œuvre reposant entièrement sur le nouveau langage musical élaboré par Schönberg sera La Suite pour piano op. 25 (1923). En 1925, le compositeur est nommé professeur à l’Académie prussienne des arts, à Berlin, où il restera  jusqu’en 1933, date à laquelle il sera congédié par le régime nazi en raison de ses origines juives. C’est dans ce contexte que s’inscrit la difficile et longue genèse de Moses und Aron, l’œuvre qui lui a coûté tant d’efforts et valu tant de tourments, à tel point qu’elle est restée inachevée. Les premières esquisses de l’ouvragedatent de 1930. Les deux premiers actes sont achevés début 1932. Le livret du troisième acte ne sera terminé qu’en 1935 aux Etats-Unis où Schönberg s’est exilé dès octobre 1933 pour fuir la montée du nazisme et de l’antisémitisme. Avant son départ, il avait abandonné le protestantisme auquel il s’était converti en 1898 dans un souci d’assimilation. Pour affirmer sa solidarité avec le peuple auquel il appartenait, Schönberg avait préféré renouer avec le judaïsme le 24 juillet 1933 à Paris, à la synagogue de la rue Copernic.  Conscient des difficultés de réalisation que présentait son opéra, le musicien craignait qu’il ne soit jamais représenté. L’ouvrage fut d’abord créé en version concert en 1954 à Hambourg. La première représentation n’eut lieu qu’en 1957 au Stadttheater de Munich. Moses und Aron est une œuvre testamentaire dans laquelle on perçoit tout le questionnement théorique de l’artiste et tout le cheminement religieux de l’homme.

Schönberg enseignera aux Etats-Unis jusqu’en 1944 où la limite d’âge l’obligera à cesser son activité. De grandes difficultés financières marqueront les dernières années de celui qui fut une des personnalités musicales les plus marquantes de son époque. Le compositeur peinait à entretenir sa famille. Après la mort en 1924 de sa première femme, Mathilde, avec laquelle il avait eu deux enfants, Arnold Schönberg s’était remarié avec Gertrud Kolisch qui lui donna trois enfants dont une fille Nuria qui épousera le compositeur Luigi Nono. Schönberg essaiera d’obtenir une bourse de la Fondation Guggenheim comme n’importe lequel de ses étudiants. Mais là encore, il se heurtera à la limite d’âge ! C’est à la suite de ce refus et des remous qu’il provoqua dans le monde musical, que la célèbre fondation modifia ce point de son règlement. En 1941, le musicien adopta la nationalité américaine, puis modifia l’orthographe de son nom de Schönberg en Schoenberg. Il s’éteignit le 13 juillet 1951 à Los Angeles. Ironie du sort, car Schönberg, très superstitieux avait toujours eu peur du chiffre 13... Il voyait une sorte de malédiction dans le fait d’être né un 13 septembre et, lorsqu’il s’était aperçu que le titre de son opéra Moses und Aaron comportait treize lettres, il n’avait pas hésité à supprimer le second « a » de Aaron pour en obtenir 12 !...

Catherine Duault 

Œuvres

Moses und Aron

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