Informations générales
- Compositeur:Gioacchino Rossini
- Librettiste:Giovanni Federico Schmidt
- Date de création:1817
- Lieu de création:Italie
- Nombre d'acte:3
- Langue originale:Italien
- Maison d'opéra de la production originale:Teatro di San Carlo.
Description de l'Œuvre
Adapté d’un célèbre épisode de La Jérusalem délivrée (1581) du Tasse, Armida se signale d’abord par l’extrême virtuosité du rôle-titre qui constitue un des sommets du « bel canto » romantique. Ce personnage de magicienne amoureuse, emblématique de l’univers baroque, avait déjà inspiré Lully, Haendel, Gluck et Haydn. L’enchanteresse Armide sera encore l’inspiratrice d’un dernier ouvrage créé en 1904 qui devait constituer le testament musical d’Antonin Dvorak. Source musicale intarissable, Armida et ses sortilèges sont pour Rossini une occasion inhabituelle de signer une œuvre qui mêle le merveilleux et le fantastique chers au romantisme naissant. Armida, seule femme de la distribution, est confrontée à six ténors. Le livret s’articule autour de l’opposition entre deux univers : celui de la chevalerie et celui de la magicienne dont la vocalité très sophistiquée traduit l’étendue des pouvoirs extraordinaires. Ce rôle, sans doute le plus difficile du répertoire rossinien, exige une interprète exceptionnelle comme l’était sa créatrice, Isabella Colbran. Maria Callas s’y illustra en 1952 lors du Mai musical Florentin. Plus près de nous, June Anderson au Festival d’Aix-en-Provence 1988 et Renée Fleming au Festival Rossini de Pesaro 1993 ont été aussi de grandes Armida. Les trois grands duos d’amour entre la séduisante magicienne et Rinaldo réclament raffinement et sensualité pour se déployer pleinement. Une autre originalité de la partition réside dans la grande recherche d’expressivité de la partie orchestrale qui donne forme au royaume enchanté de la magicienne. Malgré une création spectaculaire inaugurant la nouvelle salle du San Carlo dont c’était la réouverture après un incendie, l’ouvrage ne suscita guère l’enthousiasme des Napolitains. On ne peut citer ensuite que de rares productions. L’extrême difficulté du rôle principal explique en grande partie ce manque d’intérêt pour un opéra qui mérite vraiment d’être redécouvert.
Résumé
L’action se situe au temps des Croisades. Devant Jérusalem assiégée, on annonce l’arrivée d’une noble dame venue demander de l’aide aux troupes chrétiennes commandées par Goffredo (Godefroy de Bouillon). Il s’agit en réalité de la magicienne Armida qui souhaite ensorceler les meilleurs combattants pour mieux affaiblir les Chrétiens. Elle retrouve parmi eux Rinaldo qu’elle a aimé autrefois. Les deux amants qui s’aiment toujours, prennent la fuite pour se réfugier dans un palais merveilleux où Rinaldo oublie tout dans les plaisirs de l’amour. Mais il reprendra conscience de son devoir et finira par abandonner Armida.
Acte 1
Les Croisés campent devant Jérusalem assiégée. On annonce une « dame royale » venue en pleurs demander de l’aide pour résister à son oncle Idraote qui l’a chassée de Damas, dont elle se prétend la souveraine légitime. Goffredo refuse de différer le combat, puis il se laisse convaincre par Eustazio, tombé sous le charme ensorceleur de cette femme (quatuor : « Sventurata ! »). Il s’agit en réalité de la magicienne Armida qui cherche à faire tomber les Chrétiens dans un piège en les attirant hors de leur camp. Goffredo accepte de lui accorder une escorte pour sa défense. Rinaldo est élu pour en prendre le commandement au grand dam de Gernando qui poussé par la jalousie (« Non soffriro l’offesa »), décide de le provoquer en duel. D’autant plus qu’il a surpris Rinaldo et Armida qui se connaissent très bien pour avoir été amants autrefois. Ils s’avouent à nouveau leur amour (« Amor, possente nome »). Rinaldo tue Gernando et prend la fuite avec Armida pour échapper à la colère de Goffredo.
Acte 2
Armida arrive avec Rinaldo dans une forêt terrifiante où le sorcier Astarotte met toutes les puissances infernales au service de la magicienne (chœur « Alla voce d’Armida – Di ferro e fiamme »). Rinaldo est entièrement sous son charme. Il ne s’offusque même pas quand elle lui avoue son complot contre les Chrétiens. Armida transforme la forêt en un merveilleux palais dédié aux plaisirs de l’amour (« D’amore al dolce impero »). Rinaldo, oublie tout sentiment guerrier, en s’abandonnant aux charmes de la magicienne.
Acte 3
Dans le jardin enchanté d’Armida, arrivent deux compagnons de Rinaldo, Ubaldo et Carlo, partis à son secours (duo « Come l’aurette placide »). À leur tour, ils sont éblouis par tant de merveilles. Cependant, ils résistent aux assauts des nymphes car ils sont protégés par le sorcier Ascalone. Rinaldo et Armida apparaissent (« Soavi catene »). Ubaldo et Carlo parviennent à convaincre Rinaldo de se ressaisir pour retrouver sa bravoure et le sens du devoir. Prenant conscience de sa déchéance (trio « In quale aspetto »), il prend la fuite avec eux au grand désespoir de la magicienne qui convoque à son secours toutes les puissances de l’enfer. Elle supplie en vain Rinaldo de ne pas l’abandonner, puis vaincue, jure de se venger de ce départ (« Se al mio crudel tormento »). Armida détruit son palais enchanté et s’envole sur son char à la poursuite de son amant (« Ever, gode quest’anima in te fatal vendetta ! »).
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