Après les Opéras de Madrid, Amsterdam, New-York ou encore Barcelone, c'est au tour de l'Opéra national de Paris de dévoiler les titres de sa prochaine saison, qui seront au nombre de 16 - contre 19 cette saison -, temps de crise oblige. Elle sera la dernière - comme on le sait - de Nicolas Joël, l'actuel directeur de l'Opéra de Paris (en poste depuis 2009) laissant sa place, à compter du mois d'août, au très attendu patron actuel de La Scala de Milan, Stéphane Lissner.
Si le site officiel se targue de six nouvelles productions, cette saison de « transition » n'en aura réellement que trois, les trois autres étant importées de grandes maisons européennes, où elles ont déjà été montées. Ainsi de la brillante mise en scène du Barbier de Séville de Rossini par Damiano Michieletto, que nos lecteurs auront peut-être eu l'occasion de voir au Grand-Théâtre de Genève ou à l'Opéra-Théâtre de Saint-Etienne. Une des étoiles montantes du chant rossinien, l'américain René Barbera, aura comme partenaire, dans le rôle de l'espiègle Rosina, la délicieuse mezzo française Karine Deshayes. De même, nous avons personnellement déjà vu la superbe mise en scène de David McVicar du rare Adriana Lecouveur de Francesco Cilea, au Covent Garden de Londres, puis au Liceu de Barcelone. Mais nous retournerons la voir à Paris, alléché par sa luxueuse affiche, réunissant notamment Angela Gheorghiu et Marcelo Alvarez. La troisième fausse nouvelle production est une proposition scénique signée par Charles Roubaud pour l'Opéra de Marseille, l'encore plus rare Cid de Jules Massenet. Roberto Alagna y incarnera le rôle-titre – comme à Marseille – et fera face à la Chimène de la sublime soprano italienne Ana Caterina Antonacci. Ils seront entourés par la non moins divine Annick Massis et le formidable baryton français Paul Gay. L'ouvrage massetien sera dirigé par le grand chef français Michel Plasson.
Les trois vraies nouvelles productions seront L'Enlèvement au sérail, Tosca et Le Roi Arthus (d'Ernest Chausson). Le premier titre sera confiée à l'actrice/réalisatrice Zabou Breitman qui signera là – sauf erreur de notre part - sa première mise en scène d'opéra. Le second à l'affiche sera successivement dirigé par Daniel Oren, puis par Evelino Pido, et la mise en scène sera confiée au prolifique metteur en scène (et directeur du Nederlandse Opera, qu'il dirige depuis 25 ans !) Pierre Audi. La fameuse cantatrice romaine sera défendue tour à tour par Béatrice Uria-Monzon, l'impossible Oksana Dyka (dernièrement catastrophique Aïda in loco), et la sculpturale soprano autrichienne Martina Serafin. Le dernier titre – que le lecteur peut d'ores et déjà aller découvrir à l'Opéra national du Rhin ce mois-ci – sera dirigé par le directeur musical de la maison, l'excellent Philippe Jordan, mis en scène par le non moins brillant Graham Vick, et verra surtout le retour, dans le rôle-titre, du magnifique baryton américain Thomas Hampson (bien trop rare dans la Capitale !), tandis que Roberto Alagna campera Lancelot et que Sophie Koch se glissera dans les habits de Guenièvre.
Parmi les reprises, l'on citera l'Alceste de Gluck, récemment mis en scène par Olivier Py au Palais Garnier, avec Véronique Gens dans le rôle-titre, et le jeune (et très prometteur) Stanislas de Barbeyrac dans celui d'Admète. C'est la superbe soprano albanaise Ermonela Jaho qui interprètera La Traviata qui ouvrira la saison parisienne (le 8 septembre), dans la régie de Benoît Jacquot. Entre autres grandes voix qui se produiront à Bastille ou Garnier, mentionnons Karita Mattila et Klaus Florian Vogt dans Ariane à Naxos, revue et corrigée par Laurent Pelly, Piotr Beczala et Krassimira Stoyanova dans Faust (Jean-Louis Martinoty), Stéphane Degout et Elena Tsallagova dans Pelléas et Mélisande, avec pour écrin la célèbre production de Bob Wilson, Olga Guryakova qui chantera la sirène Rusalka (Carsen), et le baryton-basse urugayen Erwin Schrott qui incarnera le sulfureux Don Giovanni, dans la mise en scène maintenant rodée du cinéaste autrichien Michael Haneke.
Conclusion, une saison plutôt équilibrée mais peu originale - et le public parisien devra attendre encore - mais on en parle dèjà pour les deux premiers mandats de Stéphane Lissner... - pour entendre les trois stars lyriques les plus enthousiasmantes du moment : Anna Netrebko, Jonas Kaukmann et Anja Harteros.
Plus d'informations sont disponibles sur le site officiel de l'Opéra de Paris
05 mars 2014 | Imprimer
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