Disparition du compositeur Aribert Reimann, à l’âge de 88 ans

Xl_aribert-reimann-2024 © Aribert Reimann

Figure incontournable de la scène lyrique allemande de la deuxième moitié du XXe siècle, compositeur passionné par la voix, Aribert Reimann s’est éteint à Berlin ce mercredi 13 mars, à l’âge de 88 ans.

Figure marquante de la musique allemande de la fin du XXe siècle, le compositeur Aribert Reimann est décédé ce mercredi 13 mars 2024, à Berlin, à l’âge de 88 ans. Si l’on lui doit plusieurs pièces instrumentales, parmi lesquelles deux concertos pour piano (il avait été pianiste et avait débuté sa carrière comme répétiteur à la Deutsche Oper où il avait accompagné de nombreux interprètes), Aribert Reimann restera néanmoins dans les mémoires principalement en tant que compositeur de musique vocale et de théâtre musical, grand amateur de voix – pour avoir lui-même pratiqué le chant étant enfant.

En plus d’un demi-siècle, Aribert Reimann a signé neuf opéras, tous ou presque rattachés à ce que la musicologie allemande qualifie de « Literatur-Oper », ces œuvres lyriques inspirées voire adaptées de grands ouvrages de la littérature. Son opéra le plus célèbre restera assurément Lear, d’après Le Roi Lear de Shakespeare, composé en réponse à la suggestion pressante du grand baryton Dietrich Fischer-Dieskau (1925-2012), qu’Aribert Reimann avait rencontré bien des années plus tôt à la Deutsche Oper et dont il était l’accompagnateur privilégié depuis les années 1960. Composé entre 1976 et 1978, l’ouvrage a fait l’objet d’une création à la Bayerische Staatsoper de Munich en 1978, avec Dietrich Fischer-Dieskau dans le rôle-titre et l’opéra y connaitra un succès immédiat – comme aucune autre tentative d’adaptation de l’œuvre colossale de Shakespeare. Aujourd’hui, Lear est encore donné régulièrement sur les grandes scènes mondiales et impose Aribert Reimann comme un compositeur incontournable de la seconde moitié du XXe siècle et comme un « maître incontesté de la musique vocale ».

Un répertoire de neuf opéras

Aribert Reimann signera néanmoins plusieurs autres opéras, donnés plus ou moins régulièrement. On peut mentionner Das Schloss inspiré du Château de Franz Kafka en 1992 ou Bernarda Albas Haus d'après García Lorca, ou encore une adaptation de Medea d'après Grillparzer commandé par l’Opéra de Vienne. En 2017, sa « trilogie lyrique » L'Invisible est créée à Berlin sur un livret en français que le compositeur signait lui-même d’après trois pièces de Maeterlinck, L’intruse, Intérieur et La mort de Tintagiles.

Le travail d’Aribert Reimann a été salué par de nombreux prix, dont le prix Ernst von Siemens reçu en en 2011, alors qu’il avait 75 ans. Encore récemment, le compositeur avait été récompensé du Prix allemand des auteurs de musique pour l’ensemble de son œuvre, saluant sa capacité à « développer sans compromis son propre langage musical », qui touche « autant les émotions que l’esprit du public, qui bouleverse et émeut ». Pianiste, pédagogue et compositeur, connu pour sa modestie (il affirmait « être l’homme le plus heureux du monde » quand il avait réussi « bien travaillé dans la journée en ayant le sentiment d’avoir bien avancé »), Aribert Reimann s’est éteint ce 13 mars, à 88 ans.

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