Au cours de ces dernières années, la ville d’Erl en Autriche et le Tiroler Festspiele se sont forgés une solide réputation de haut lieu dédié à la musique wagnérienne, notamment grâce à ses productions sortant résolument des sentiers battus.
Initialement, Erl est d’abord connu pour ses reconstitutions de la Passion du Christ, organisées tous les dix ans. Comme à Oberammergau, toute la population locale y participe et l’événement décénal commémore les souvenirs de la peste ayant frappée la région en 1613 – et l’an prochain, cette tradition marquera donc son 400e anniversaire. En 1959, le petit village agricole inaugurait par ailleurs son théâtre, imaginé par le célèbre architecte Robert Schuller. Le lieu s’impose depuis comme le centre névralgique de la culture locale, mais affiche aussi une envergure internationale grâce au Tiroler Festspiele.
Aujourd’hui, Erl franchit une nouvelle étape. Afin d’offrir au festival un lieu à sa mesure, permettant d’augmenter les capacités de représentations et d’améliorer les possibilités artistiques, le souhait d’une nouvelle salle de concert et d’une maison d’opéra est devenu la principale obsession du chef d’orchestre Gustav Kuhn bien connu.
Fort du soutien de la fondation de M. Haselsteiner, directeur et principal actionnaire de la société internationale STRABAG, il trouve là le sponsor et partenaire idéal. La fondation finance la concrétisation de ce rêve à hauteur de 36 millions d’euros et participe au fonctionnement opérationnel de la structure.
Il en résulte une maison des festivals conçue en harmonie avec le bâtiment blanc monolithique qui hébergeait les reconstitutions de la Passion et qui s’intègre parfaitement dans l’environnement local fait d’alpages verdoyants et de forêts noires. Le bâtiment est conçu dans les tonalités sombres des bois alentours, surmonté d’un toit noir. L’été, il s’inscrit donc dans le paysage sylvestre alors que le blanc éclatant de maison de la Passion s’impose de façon emblématique dans la région. Et l’hiver, la maison des festivals d’un noir éclatant prend le relai, tranchant avec le blanc des paysages enneigés. Un spectacle naturel parfaitement équilibré.
Et nous découvrons un autre type de spectacles à l’intérieur. Le palais des festivals offre, nous dit-on, la plus grande fosse d’orchestre au monde (160 m²) et revendique une capacité de 862 places assises. En tout et pour tout, entre zone d’accueil du public, scène et espaces administratifs, le lieu affiche une superficie de 7000 m². Les architectes viennois Delungan et Meissi sont en charge de la conception artistique, ainsi que des performances acoustique du lieu.
L’inauguration doit se tenir le 26 décembre prochain, et le festival d’hiver durera jusqu’au 6 janvier 2013, proposant de nouvelles productions des Noces de Figaro de Mozart et Nabucco de Verdi. Par ailleurs, les concerts donneront à entendre des œuvres symphoniques éclectiques, entre autres, de Rossini, Bach ou Bartok.
- Helmut Pitsch
19 décembre 2012 | Imprimer
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