Le Théâtre du Capitole vient de mettre en ligne sa prochaine saison, et l'introduit ainsi : « nous vivons une période difficile, une grave crise qui touche chacun d'entre nous. Comme vous le savez sans doute, le Théâtre du Capitole est fermé et a dû annuler nombre de ses spectacles. Dans ce contexte, nous croyons plus que jamais en la beauté, l'émotion et l'esprit. Plus que jamais, nous croyons en l'effet magique des chefs-d'œuvre sur nous. Cette nouvelle saison en regorge et nous fera retrouver les grands titres du répertoire lyrique », mais aussi des oeuvres plus rares.
Sur le front des oeuvres de répertoire, la saison lyrique débutera par une nouvelle production des Pêcheurs de perles sous la direction d'Emmanuel Plasson, le fils de Michel Plasson, et dans la mise en scène de Thomas Lebrun. Anne-Catherine Gillet, Mathias Vidal et Alexandre Duhamel tiendront les rôles de Léila, Nadir et Zurga. Le talentueux ténor qu'est Mathias Vidal sera d'ailleurs également présent pour la version de concert de Pénélope dont l'un des nombreux attraits devrait être la direction d'Anne Le Bozec, que l'on a l'habitude de trouver au piano dans l'accompagnement de récitals, un art qu'elle maîtrise avec superbe. La découvrir dans cet exercice a donc de quoi piquer la curiosité, d'autant plus qu'elle retrouvera également son instrument fétiche pour l'occasion. Catherine Hunold tiendra le rôle-titre, un autre attrait de ce concert, aux côtés de l'Euryclée d'Anaïk Morel, de l'Alcandre d'Andreea Soare, de l'Ulysse d'Airam Hernández ou encore de l'Eumée de Frédéric Caton.
Deux autres nouvelles productions suivront. D'abord Le Viol de Lucrèce de Benjamin Britten, pour la première fois à Toulouse, viendra clore l'année dans la mise en scène d'Anne Delbée, à qui l'on doit déjà une Norma ici-même en 2019. Agnieszka Rehlis, impressionnante sorcière à Aix-en-Provence en 2018 dans L'Ange de feu, tiendra le rôle-titre face au Tardquin de Duncan Rock, le Collatin de Dominic Barberi (qui nous avait fait forte impression à Montpellier en mai 2019), sans oublier le Junius de Marc Scoffoni, la Bianca de Julie Pasturaud, ou le choeur masculin interprété par Cyrille Dubois. Puis 2021 débutera avec Eugène Onéguine, signé par Florent Siaud qui a proposé de beaux Bains macabres cette année. On est donc impatient de voir ce qu'il saura faire du drame de Tchaïkovski, porté par une distribution haute en couleur puisque la Tatiana de Valentina Fedeneva répondra à l'Onéguine de Stéphane Degout qui signera par cette occasion une prise de rôle que l'on devine déjà magistrale. Ne doutons pas également que l'Olga d'Eva Zaïcik et le prince Grémine de Nicolas Cavallier sauront marquer les esprits.
Février sera marqué par un deuxième ouvrage en version de concert, Teuzzone de Vivaldi, composé en 1719 sur un livret d'Apostolo Zeno. L'intrigue tourne autour du pouvoir et de la manigance : après la mort de Troncone, sa promise Zidiana se rapproche du gouverneur Cino et du général Sivenio afin de s'emparer du pouvoir, alors que Teuzzone est l'héritier légitime. Heureusement pour lui, sa fiancée, Zelinda, fait tout pour contrecarrer les manoeuvres adverses, surtout lorsque celles-ci consistent à voir Zidiana épouser Teuzzone. Une oeuvre rare donc, où les femmes mènent la danse – interprétées par Giuseppina Bridelli et Francesca Biliotti –, et qui sera servi avec maestria par Jordi Savall et son Concert des Nations. Suivra le Pelléas et Mélisande d'Eric Ruf que nous avions vu au Théâtre des Champs Elysées en 2017, et que nous qualifiions alors comme étant « le meilleur Pelléas et Mélisande donné à Paris de ces quinze dernières années ». Le couple de héros sera alors interprété par Marc Mauillon et la première Mélisande de Victoire Bunel, appuyé par le légendaire Arkel de Franz-Josef Selig.
Autre reprise de la saison, Les Noces de Figaro imaginées par Marco Arturo Marelli, offrant « une vision poétique et sensible de l‘ouvrage » ainsi qu'on le souligniait en 2016. Là aussi, des prises de rôles marqueront la production, et pas des moindres puisqu'il s'agira des premières Comtesse de Karine Deshayes et Susanna d’Anaïs Constans qui découvriront ces personnages sous la baguette de Maxim Emelyanychev ! Quant à Eléonore Pancrazi, elle reprendra le rôle de Chérubin dans lequel nous l'avions entendue en novembre dernier au TCE. Le même mois d'avril, le Théâtre du Capitole proposera un diptyque composé du poème lyrique La Demoiselle élue de Debussy et du Journal d'un disparu de Leoš Janáček, mis en scène par Silvia Costa. L'artiste signera ici sa toute première mise en scène en France avec ces deux oeuvres rarement données sur les scènes lyriques. Pour cela, elle pourra notamment compter sur Chiara Skerath.
Enfin, deux oeuvres qualifiées de « lames de fond » par Christophe Ghristi, directeur artistique de la maison, viendront clore la saison, en commençant par La Force du Destin dans la reprise de la mise en scène de Nicolas Joël. Là aussi, on se réjouit d'avance d'entendre Catherine Hunold dans le répertoire verdien, a fortiori face au Marquis de Calatrava de Nicolas Courjal et sous la direction de Paolo Arrivabeni. Puis viendra une nouvelle production d'Elektra signée par Michel Fau qui aura à sa disposition "un cast d’exception" avec dans le rôle-titre « l’une des artistes les plus envoûtantes de notre temps », à savoir Ricarda Merbeth. Elle sera entourée par Violeta Urmana (Clytemnestre), Johanna Rusanen (Chrysothémis) et Matthias Goerne (Oreste) sous la direction de Frank Beermann qui a triomphé sur cette même scène en février dernier, offrant une prestation cinq étoiles dans Parsifal.
Avec cette programmation qui compte notamment cinq nouvelles productions, de nombreuses prises de rôle, et la réunion d'interprètes à l'indéniable attrait, le Théâtre du Capitole devrait une fois encore ravir son public.
Plus d'informations sur le site officiel du Théâtre du Capitole.
02 avril 2020 | Imprimer
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