Chaque semaine, Alain Duault nous explique en vidéo un terme spécifique au monde de la musique ou de l’opéra, issu de notre lexique. Après avoir présenté la voix de basses (la plus grave des voix masculines), nous poursuivons aujourd’hui notre tour d'horizon du vocabulaire de l'opéra en nous intéressant à la voix plus centrale de baryton, qui se décline en plusieurs catégories (le baryton-Martin, le baryton lyrique, le baryton dramatique, le baryton-Verdi et le baryton-basse), selon la tessiture, mais aussi selon les rôles et les emplois à l'opéra.
Dans la typologie des voix masculines, le baryton est la voix centrale. On pourrait dire que c’est celle qui correspond le mieux à la voix parlée car elle est intermédiaire entre la basse chantante et le ténor. L’étymologie nous indique que le mot « baryton » signifie « grave ». Le terme apparaît en France à la fin du XVIIIème siècle pour désigner une voix de ténor à la tessiture plutôt basse. Il y a plusieurs catégories de barytons. On distingue le baryton-Martin, le baryton lyrique, le baryton dramatique, le baryton-Verdi et le baryton-basse.
Le baryton-Martin, qui chante facilement dans l’aigu, est à mi-chemin entre le baryton et le ténor. Il se caractérise par une voix de puissance moyenne qui correspond à des rôles comme celui de Pelléas, le héros du Pelléas et Mélisande (1902) de Debussy. Le baryton-Martin peut aussi incarner un jeune premier d’opérette et un ami ou un confident dans l’opéra-comique ; il excelle particulièrement dans l’interprétation de la mélodie française. Le premier à s’être illustré dans ce type de voix est un baryton français à la voix claire et légère, Jean-Blaise Martin (1768-1837), d’où l’appellation de « baryton-Martin ».
Le baryton lyrique avec sa voix souple et chantante, capable de demi-teintes dans l’aigu, est le baryton qu’on entend le plus souvent. Très présent dans tout l’opéra du XVIIIème siècle, ce type de voix règne chez Mozart. Le Figaro des Noces de Figaro (1786) nous offre un bon exemple de baryton lyrique.
Le baryton dramatique, comme son nom l’indique, est utilisé pour des rôles au fort potentiel dramatique qui nécessitent prestance et autorité. Un timbre de basse allié à une tessiture de baryton permet, par exemple, d’incarner le Wotan de la Tétralogie de Richard Wagner.
Le baryton-Verdi est une sorte de baryton à la fois lyrique et dramatique pour lequel Verdi a écrit des rôles caractérisés par une grande complexité humaine. C’est une voix héroïque à la tessiture élevée et au timbre puissant qui correspond à des personnages de caractère noble, comme Germont père dans la Traviata (1853), ou amoureux rigide comme Renato dans Un Ballo in maschera (1859). Père, frère ou rival, le baryton-Verdi s’oppose souvent aux projets du ténor. Il incarne aussi des personnages très sombres et contradictoires comme le rôle-titre de Rigoletto (1851), l’intraitable Carlo de La Force du Destin (1862) ou le traître Iago dans Otello (1887).
Le baryton-basse possède une voix intermédiaire qui le place entre le baryton dramatique et la basse. Ne correspondant pas à un type vocal très précis, le baryton-basse peut choisir des rôles de baryton ou de basse. C’est le cas de Ruggero Raimondi qui a été un des plus célèbres interprètes du Don Giovanni (1787) de Mozart, et un magnifique Philippe II dans le Don Carlos (1867) de Verdi.
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