Le 26 juillet dernier, le Washington Post consacrait un long article aux problématiques de harcèlement dans l’univers de la musique classique et de l’art lyrique, citant notamment les témoignages de deux sopranos rapportant le comportement sexuellement déplacé du chef italien Daniele Gatti à leur encontre – l’un en 1996 à l’Opéra de Chicago, l’autre en 2000 à l’Opéra de Bologne. Invité à s’exprimer par le journal américain, Daniele Gatti commentait en ces termes : « Toute ma vie, j’ai toujours été totalement étranger à tout comportement pouvant faire référence au terme "harcèlement", qu’il soit psychologique ou sexuel. À chaque fois que j’ai approché quelqu’un, je l’ai toujours fait avec la complète conviction que l’intérêt était réciproque. Les faits évoqués remontent à loin, mais si j’ai offensé quiconque, je présente de sincères excuses ».
À ce stade, aucune poursuite pénale n’est manifestement engagée à l’encontre du chef italien, mais dans le contexte actuel du mouvement #metoo (dont on se souvient notamment qu’il avait également touché le chef James Levine et mis en cause la responsabilité du Metropolitan Opera pour n’avoir pas agi assez promptement pour protéger ses salarié(e)s), le Royal Concertgebouw Orchestra d’Amsterdam vient d’annoncer, ce jeudi 2 août par voie de communiqué, avoir « mis fin à (s)a collaboration avec le chef d’orchestre Daniele Gatti avec effet immédiat ».
Le communiqué de l’Orchestre Royal d’Amsterdam précise que suite à la publication de l’article du Washington Post, les faits rapportés ont suscité « de nombreuses réactions à la fois parmi les musiciens et les collaborateurs de l’opéra, ainsi que parmi les actionnaires » de la maison. Et de poursuivre : « plusieurs collègues féminines du Royal Concertgebouw Orchestra ont rapporté des expériences avec Daniele Gatti, qui s’avèrent inappropriées en regard avec son rôle de chef d’orchestre. Cela a causé des dommages irréparables dans la relation de confiance qui unissait l’orchestre et son chef ».
En conséquence, tous les engagements de Daniele Gatti à Amsterdam sont donc annulés et il sera remplacé par d’autres chefs à l’avenir.
De son côté, Daniele Gatti nie les faits qui lui sont reprochés et le fait savoir par voie de communiqué signé par son avocat, Alberto Borbon, chargé « d’informer les médias que le maestro se dit extrêmement surpris et qu’il dément les allégations formulées contre lui ». Le cabinet d’avocat poursuit en indiquant être également chargé de « protéger la réputation du Maestro, qui se dit prêt à engager toute action nécessaire si cette campagne de diffamation devait se poursuivre ».
03 août 2018 | Imprimer
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