La soprano Montserrat Figueras, figure de la musique médiévale et baroque, s’est éteinte ce mercredi 23 novembre à Bellaterra en Espagne, à l’âge de 69 ans, des suites d'un cancer.
D’origine catalane, issue d’une famille de mélomanes et se consacrant dès son plus jeune âge à la musique (notamment au sein de l’ensemble Ars Musicae - elle y rencontrera Jordi Savall, qui deviendra son mari en 1968), Montserrat Figueras s’est attachée tout au long de sa carrière à diffuser et partager sa passion des musiques anciennes.
Aux côtés Jordi Savall (que l’on connait notamment comme chef d’orchestre et ardent défenseur de la musique médiévale et de la viole de gambe, entre autres), la soprano espagnole a développé « une approche à la fois personnelle et originale de l’interprétation de la musique vocale ancienne » offrant une interprétation mélancolique, profonde et envoûtante de compositions rares. Avec son mari, elle était notamment à l’origine des ensembles Hespèrion XXI (plusieurs fois primé pour ses interprétations de musiques médiévales, de la Renaissance et baroques), de La Capella Reial de Catalunya ou plus tard de l'orchestre Le Concert des Nations (qui enregistrera notamment une production de l’Orfeo, de Monteverdi, imaginée par le couple pour Théâtre de Liceu de Barcelone en 2002).
Forte d’une impressionnante discographie (quelque 60 albums, dont des succès planétaires), Montserrat Figueras aura su populariser et faire aimer la musique ancienne et hispanique. Ferran Mascarell, ministre de la Culture de la Generalitat de Catalunya, salue ce soir « la référence » qu’était la soprano en la matière, soulignant son « rôle essentiel dans l’enseignement et la valorisation du patrimoine Catalan à travers le monde ».
Depuis 2003, Montserrat Figueras était Chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres. En 2008, avec Jordi Savall, fort de son engagement militant en faveur de la rencontre des arts musicaux de tout le bassin méditerranéen, elle était nommée « Artiste pour la paix » par l’Unesco en reconnaissance de son « exceptionnel engagement musical en faveur du dialogue interculturel et pour [sa] contribution à la promotion des idéaux de l’Organisation ». Comme un ultime pied-de-nez à la maladie, son dernier concert l’été dernier à l’Abbaye de Fontfroide (où le couple donnait rendez-vous au public chaque année depuis six ans) était intitulé "Les cycles de la vie".
Commentaires (1)