Non pas un mais trois noms supplémentaires pour la finale de la Sumi Jo International Singing Competition

Xl_sumi_jo_international_singing_competition_petite_finale_c_elodie_martinez © Elodie Martinez

La première édition de la Sumi Jo International Singing Competition continue de battre son plein au château de la Ferté-Imbault. Si huit finalistes ont déjà été annoncés pour la finale de ce soir au terme des premiers jours, la « petite finale » d’hier soir permettait au public de repêcher l’un(e) des candidat(e) non retenu(e). Le choix s’est avéré véritablement cornélien face au très haut niveau global. A tel point que finalement, ce n’est pas un(e) interprète mais trois qui ont été « sauvés » pour la finale de ce soir.

Rarement il a été donné de voir et d’entendre un niveau aussi excellent lors d’un concours de chant, ainsi qu’autant d’audace dans les choix des airs : Die Tote Stadt, La Reine Topaze de Massé, Le Maschere de Mascagni, Sapho de Gounod, La Favorita, ou encore rien de moins que le difficile « O Zittre Nicht » de La Flûte enchantée... Autant d’airs redoutables et parfois redoutés qui se sont parfois avérés des risques inutiles ou au contraire payants.

Une petite finale au niveau relevé

Sur les seize candidats de la soirée, certains noms ont particulièrement attiré notre attention. Parmi eux, le ténor coréen Junho Hwang et sa « Légende de Kleinzach » (Des Contes d’Hoffman) qui a su plaire au public. La prononciation était très bonne, la ligne de chant était fluide, claire, avec un beau timbre nuancé et une jolie projection. L’interprétation manquait peut-être quelque peu de naturel, mais on ressentait que cela venait d’un stress important qui n’a en rien entaché la voix et qui lui valut les bravos du public. Eliza Boom suivait avec « O Smania... D’Oreste, d’Ajace » (Idoménée), offrant une belle incarnation et une présence scénique notable, avec un jeu, des gestes et des déplacements naturels. La soprano de Nouvelle-Zélande a su déployer une voix puissante et redoutable, sans hurler un air qui pourrait aisément se laisser aller à un tel excès mais qui, de fait, ne laisse pas entendre toutes les possibilités de piano ou pianissimo dont la cantatrice est sans aucun doute capable.

La française Fanny Valentin ayant dû déclarer forfait pour des raisons de santé, c’est le baryton Sud-Coréen Jungrae Noah Kim qui chante en onzième position de la soirée. Il offre là aussi une magnifique projection, laissant entendre un chant puissant et parfaitement maîtrisé, ample et malléable, provenant davantage du palais que du fond de gorge ce qui induit cette sensation d’accessibilité. Son choix s’étant porté sur « Quella é une strada » (Le Maschere), l’amusement est au rendez-vous avec une incarnation drôle et naturelle qui ne couvre pas pour autant l’art et la technique du chant fort bien défendus ici.

La mezzo-soprano belge Linsey Coppens a particulièrement brillé dans l’air « O ma lyre immortelle » de Sapho. Elle a su nous embarquer avec elle grâce à une ligne de chant harmonieuse digne d’un chant de sirène qui ferait oublier la réalité pour nous guider vers des eaux profondes ou des cieux sans nuages malgré le cocon cotonneux dans lequel on se laisse aller. Quant au plus classique mais néanmoins efficace « Sempre libera » de la soprano canadienne Karoline Podolak, il conquiert lui aussi le public avec cette voix charnue qui n’empêche pas la moindre légèreté, sans accro, aux nuances multiples avec de belles couleurs dans une interprétation loin d’un chant scolaire. S’il fallait relever un seul point perfectible, ce serait peut-être le léger excès de théâtralité lors des premiers « follie ».

Le ténor sud-africain Katleho Mokhoabane a lui aussi fait entendre un très beau chant, aux couleurs chatoyantes, au souffle solide et aux élans particulièrement investis dans « Spirito gentil » (La Favorita), mais un ou deux aigus ont malheureusement paru légèrement fatigués. Un détail qui serait passé inaperçu ou presque si le niveau global n’avait pas été aussi élevé ! Le baryton serbe Milan Perisic a su faire jouer ses charmes dans « Ya vas lyublyu » (La Dame de Pique), de même que l’américano-polonaise Eliza Masewicz dont la personnalité plus exubérante trouvait de quoi s’exprimer dans le « Carnaval de Venise » particulièrement difficile – peut-être un peu trop pour être présenté à un concours. Quant à la soprano roumaine Daria Lupu, elle présentait un plus sobre « Era desso il figlio moi » (Lucrèce Borgia) maîtrisé, avec un chant solide sans accro qui ne souffre aucun reproche, sans pour autant se démarquer particulièrement à notre oreille. C’est toutefois ce nom que le public a choisi de repêcher pour rejoindre les huit autres finalistes déjà sélectionnés.

Non pas un, mais trois repêchés

Toutefois, la soirée s’est conclue par une surprise de taille : face à l’excellence générale, le jury n’a pas pu se résoudre à ce qu’un seul nom soit sauvé. Olivier Ojzerowicz-Medinger (Président du jury et copropriétaire du château accueillant le concours) ainsi que Sumi Jo ont décidé de repêcher chacun l’un des candidats entendus ce soir. Un choix toujours très difficile, et c’est finalement Milan Perisic qui fut choisi par Olivier Ojzerowicz-Medinger et Junho Hwang par Sumi Jo.

Une « petite finale » qui laisse présager le meilleur pour ce soir, et qui laisse au public une place importante dans ce concours qui lui demeure accessible du début à la fin. Rendez-vous donc à 20h pour la grande finale et l’annonce des lauréats !

publié le 12 juillet 2024 à 10h40 par Elodie Martinez

| Imprimer

En savoir plus

Commentaires

Loading