L’opéra est d’abord et avant tout un art vivant, qui ne s’apprécie pleinement que dans une salle de spectacles. Dès lors, l’ouverture d’une nouvelle maison d’opéra est toujours un événement en soi. Ainsi, érigé au pied du Burj Khalifa (la plus haute tour du monde du haut de ses 828 mètres), l'Opéra de Dubaï, dont la construction a débuté en 2013, ouvrait ses portes voici quelques mois et s'apprête inaugurer sa toute première saison lyrique ce 31 août 2016, avec un concert de Placido Domingo, accompagné à cette occasion par la soprano portoricaine Ana Maria Martínez et de l'Orchestre du Teatro Lirico Giuseppe Verdi de Trieste, dirigé par le chef Eugene Kohn.
Doté de 2000 places, l'Opéra de Dubaï entend se faire une place de renom dans la scène culturelle du Golfe en pleine expansion. Cette région du monde, déjà réputée comme l'un des centres d'affaires majeurs du globe, souhaite développer et renforcer ses horizons culturels. Après l'ouverture en 2007 de l'Opéra d'Oman, il devient le second à ouvrir aux Emirats. Réalisé par le cabinet d'architectes Atkins, l'établissement a été pensé afin de pouvoir accueillir toutes sortes d'évènements culturels, et pas seulement musicaux, mais aussi des expositions d'art, des défilés de modes, où encore des conférences, entre autres grâce à 900 de ses 2000 sièges, qui se ré-agencent aisément via un système hydraulique.
Quant à son architecture, le bâtiment trouve son inspiration dans les boutres, ce type de voiliers arabes traditionnels originaires de la mer Rouge, dont la proue abrite la scène centrale, l’orchestre et la salle, alors que la coque renferme le foyer et la zone d’accueil.
Et si la ville-état affiche d'ores et déjà de grandes ambitions, souhaitant offrir sur le plan culturel autant que des villes telles que Londres ou New York, la programmation éclectique de son nouvel opéra semble en suivre la voie, avec Les Pêcheurs de Perles de Bizet les 1er et 3 septembre prochains, parallèlement au Barbier de Séville de Rossini avec Massimo Cavaletti dans le rôle de Figaro les 2 et 4 septembre, ou encore du 14 au 18 février 2017, la récente production originale de Jerome Robbins de West Side Story qui s'étrennait cet été à Salzbourg, en plus d'inviter le célèbre chanteur madrilène pour son inauguration.
Pour son directeur général Jasper Hope (ancien directeur du Royal Albert Hall de Londres), le timing semble idéal pour voir naitre cette nouvelle scène lyrique. Dubaï, qui ne disposait pas de grande salle de concert, accueille déjà son propre festival du film et son salon Art Dubaï, et elle accueillera en 2020 l'Exposition Universelle, tandis que son voisin qatari hébergera la Coupe du Monde de Football en 2022.
Néanmoins, si cette effervescence culturelle profite aux nombreux touristes qui viennent visiter Dubaï chaque année (14 millions en 2015) ainsi qu'aux nombreux internationnaux expatriés qui y vivent, il semble qu'un travail de sensibilisation de ses habitants soit nécessaire pour s'installer définitivement comme l'une des références de la scène artistique mondiale. En témoigne la programmation de son nouvel opéra, pour l'instant intégralement constituée de productions importées et essentillement portées par des artistes européens, faute d'une équipe artistique et créatrice locale.
Tala Badri, directrice du Centre pour les Arts musicaux, regrette : "Il y a peu d'écoles de musique, de danse et de théâtre mais nous allons encourager activement la création locale, l'art de l'opéra restant pour le moment un concept étranger à la culture arabe, l'opéra est une excellente idée, mais si vous voulez son succès, vous devez former la population à le comprendre", et espère ainsi pouvoir inciter les artistes locaux à créer.
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