© OMC - Marco Borrelli
En 2019, l’Opéra de Monte-Carlo annonçait la nomination de Cecilia Bartoli à la tête de sa direction artistique pour succéder à Jean-Louis Grinda. Dans la foulée, elle nous confiait lors d’un entretien s’atteler à la programmation de sa première saison monégasque et alors que Cecilia Bartoli prendra officiellement ses fonctions en janvier prochain, elle esquisse une semi-saison prenant la forme d’un « voyage musical qui couvrira trois siècles », faisant ainsi écho à son « cheminement personnel ». Par voie de communiqué, la cantatrice se dit « fière que de nombreux artistes (...) avec lesquels (elle a) eu le plaisir de travailler au fil des ans, (la) rejoignent et (la) soutiennent dans cette nouvelle étape majeure ». Et à l’évidence, les productions de cette prochaine saison sont portées par de belles affiches.
Premières, début et prise de rôle
Cette saison 2023 de l’Opéra de Monte-Carlo s’ouvrira à partir du 20 janvier avec Alcina de Haendel (pour la première fois à Monaco en version scénique), donné dans la mise en scène de Christof Loy qui nous enthousiasmait déjà au Théâtre des Champs-Elysées en 2018. Sur scène, Cecilia Bartoli endossera le rôle-titre aux côtés de « quelques-uns de ses chanteurs baroques préférés » : Philippe Jaroussky en Ruggiero, Sandrine Piau en Morgana ou Varduhi Abrahamyan en Bradamante, accompagnés par le chef principal Gianluca Capuano à la tête de Musiciens du Prince - Monaco (l’ensemble fondé par Cecilia Bartoli, qui joue sur instruments historiques).
Autre première pour conclure la demi-saison (en avril 2023) avec l’Orfeo de Monteverdi : l’ouvrage sera ici inauguré sur la scène monégasque et permettra aux Musiciens du Prince d’aborder pour la première fois le répertoire musical du début du XVIIe siècle, toujours sous la direction du chef Gianluca Capuano. Quant à la production, l’Opéra de Monte-Carlo fait ici appel à la compagnie de marionnettes milanaise Carlo Colla & Figli : les marionnettes seront sur scène et les interprètes en fosse, incluant quelques spécialistes italiens du genre, dont Sara Mingardo, Carlotta Colombo et Renato Dolcini.
L’établissement monégasque donnera aussi Andréa Chenier, en février 2023, dans une nouvelle mise en scène de Pier-Francesco Maestrini et confié à la baguette de Marco Armiliato. Là encore, la production attire l’œil notamment pour sa distribution : Jonas Kaufmann y fera ses débuts in loco dans le rôle-titre (l’un de ses rôles signatures), avec Maria Agresta dans le rôle de Madeleine de Coigny.
Et au chapitre des prises de rôle, l’Opéra de Monte Carlo sera l’occasion d’entendre le premier Alfredo Germon de Javier Camarena en mars 2023 dans La Traviata mise en scène par Jean-Louis Grinda – la production était initialement prévue en 2020, avant d’être annulée pour cause de pandémie. Il sera bien entouré : Aida Garifullina chantera Violetta et Plácido Domingo le père Germont après quelques décennies d’absence sur la scène monégasque.
Des reprises festives
En mars 2023, le Staatsoper de Vienne donnera Les Noces de Figaro avec une distribution « typiquement viennoise » composée de jeunes membres de l’ensemble du Staatsoper et accompagnée par le Philharmonique de Vienne dirigé par Philippe Jordan. Quelques jours après sa première viennoise, le spectacle sera repris dans une version mise en espace de Katharina Strommer et Lisa Padouvas, adaptée pour Monte-Carlo.
On connait par ailleurs le lien étroit qu’entretient Cecilia Bartoli avec le Festival de Salzbourg – elle est directrice artistique du Festival de Pentecôte de Salzbourg. Elle importe donc le Barbier de Séville que Rolando Villazón avait mis en scène pour l’édition estivale 2022 du Festival. Et si nous n’avions pas été pleinement convaincus par le cabotinage du metteur en scène, le public était manifestement enthousiasmé par la bonne humeur de la production. Elle sera donc reprise en avril à Monte Carlo : Cecilia Bartoli y reprendra le rôle de Rosina, aux côtés notamment du Figaro de Nicola Alaimo et de Levy Sekgapane dans le rôle du Conte, d’Alessandro Corbelli en Don Bartolo et d’Ildar Abdrazakov en Don Basilio. Pour faire bonne mesure, au pupitre, on retrouvera Gianluca Capuano à la tête des Musiciens du Prince.
On le comprend, l’Opéra de Monte Carlo promet une saison d’un classicisme ouaté qui ne bousculera sans doute pas le public monégasque mais elle devrait au moins assurer quelques soirées tantôt impressionnantes, tantôt réjouissantes, et faisant surtout toujours la part belle à la musique. On en trouve le détail sur le site de l'Opéra monégasque.
19 septembre 2022 | Imprimer
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