En septembre dernier, on se souvient qu’on commémorait les 40 ans de la disparition de Maria Callas (décédée le 16 septembre 1977) et pour l’occasion, les hommages étaient nombreux : que ce soit la réédition de ses principaux enregistrements en version remasterisée, le film Maria by Callas réalisé par Tom Volf ou encore la tournée de Béatrice Uria-Monzon chantant et racontant « la passion et le destin » de Maria Callas au travers de ses plus grands airs.
La diva grecque inspire aujourd’hui une nouvelle sorte d’hommage visant à la faire remonter sur scène, dans le cadre de la tournée « Maria Callas en concert - The Hologram Tour », débutée au Met de New York et faisant notamment halte à Paris à la Salle Pleyel le 30 novembre prochain, grâce aux technologies du studio Base Hologram qui, si elle ne permet pas de ramener la chanteuse à la vie, permettra au public de revoir la diva au travers de son hologramme.
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Cette initiative autour de la Callas n’est pas une première pour la société Base Hologram qui, grâce à ses grâce hologrammes, a ainsi déjà « ressuscité » le rappeur Tupac Shakur, Michael Jackson ou encore le chanteur de heavy metal Ronnie James Dio, notamment dans le cadre de shows à Las Vegas.
Maria Callas est néanmoins la première interprète lyrique à faire l’objet de ce traitement. Selon Stephen Wadsworth, le concepteur du spectacle et directeur du département lyrique de la Juilliard School de New York, l’expérience doit ainsi permettre « de rendre un hommage particulier à l'une des plus grandes artistes du XXème siècle et (...) le faire avec le plus grand soin : de son répertoire incroyablement diversifié à sa gestuelle inimitable en passant par sa relation compliquée avec le public. Nous sommes tous influencés par l’œuvre de Maria Callas. Son œuvre a rejailli sur la musique, l'opéra, le théâtre, la scénographie et la mode ». Le spectacle doit ainsi s’adresser autant aux « jeunes générations qui n’ont pas connu La Callas et qui souhaitent la découvrir sur scène, mais également (aux) amateurs d'opéra qui connaissent son travail, ses enregistrements et son histoire personnelle mouvementée ».
Pour autant, l’initiative interroge également. D’un côté, les hologrammes impressionnent (et c’est un premier pas vers l’émotion), tout en démontrant que les technologies les plus récentes ont toute leur place sur des scènes lyriques (qu’on dit parfois hâtivement un brin poussiéreuses). Sans doute que l’originalité de la « prestation » pourra attirer des spectateurs technophiles qui, peut-être, n’auraient pas franchis les portes d’une salle de spectacles lyriques plus traditionnels, et retrouveront dans la dimension spectrale de l’hologramme toute la fragilité de l’interprétation de Maria Callas. Pour autant, on ne peut pas non plus s’empêcher d’y voir le culte d’un passé qui pourrait laisser la place au présent : combien de jeunes interprètes bien vivants et talentueux luttent pour accéder à une scène, sans avoir besoin de la concurrence (des hologrammes) de leurs prédécesseurs disparus ? La question se pose d’autant plus que l’art lyrique est d'abord un art vivant, qui émeut et impressionne, aussi et avant tout au regard de la performance physique des interprètes, le plus souvent sans micro, c’est-à-dire dans une expression sans filtre à destination du public. Et qui poussait Maria Callas elle-même à peu apprécier le fait d’être enregistrée, préférant exercer son art sur scène.
On retiendra néanmoins qu’accompagnée par un orchestre symphonique de 60 musiciens (bien vivants), la cantatrice la plus célèbre du XXème siècle ressurgira du passé grâce à une technologie numérique ultra-réaliste et des enregistrements originaux intégralement remasterisés pour « rendre le timbre si particulier de cette voix qui a su captiver et qui captive encore avec son ambitus de près de trois octaves, sa grande virtuosité au phrasé et le talent de tragédienne de l'artiste qui a bouleversé le monde de l’art lyrique ».
Informations et réservations possibles sur le site officiel du spectacle.
26 février 2018 | Imprimer
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