Les mesures d’économies de l’Etat touchent aussi les dotations des régions, avec des conséquences pour les établissements lyriques régionaux. La Ville de Bordeaux et de la région Nouvelle-Aquitaine s’apprêtent à baisser leur subvention à l’Opéra de Bordeaux de 500 000 euros. Les syndicats redoutent une réduction de programmation et des licenciements.
Si le gouvernement Barnier est tombé, les mesures d’économies qu’il réclamait aux collectivités sur le territoire restent d’actualité. Et elles auront manifestement des conséquences significatives sur l’Opéra national de Bordeaux : la Ville et la région Nouvelle-Aquitaine s’apprêtent à baisser les subventions qu’elles accordent à l’établissement lyrique, respectivement de 150 000 et 350 000 euros en 2025 – soit une réduction de 500 000 euros sur le budget global de 32,2 millions d’euros de l’Opéra (à titre indicatif, la subvention de la Ville était de 16,36 millions d’euros en 2022 quand celle de la région atteignait 1,38 millions – qui acte donc ici une coupe de 25% de sa contribution financière à l’établissement).
Une réduction significative qui s’explique par la baisse de 16 millions d’euros des dotations de fonctionnement de la ville de Bordeaux prévue par le budget Barnier (sur laquelle la ville base ses calculs, faute d’un autre budget voté à ce jour). Selon Dimitri Boutleux, président de l’Opéra de Bordeaux mais aussi adjoint au Maire de Bordeaux en charge de la création et des expressions culturelles, et dont les propos sont rapportés par le journal Sud-Ouest, la baisse de dotation de la ville se répercute mécaniquement sur le montant des subventions qu’elle peut accorder à l’Opéra, quand bien même l’élu précise son souci d’en « limiter au maximum l’impact sur la sphère culturelle : toutes les délégations ont vu leurs enveloppes réduites de 2,5 %, mais pour l’Opéra cette baisse a été limitée à 0,9 % ».
Un risque de réduction de la programmation
Quelles seront dès lors conséquences sur les activités de l’Opéra de Bordeaux ? Elles pourraient être lourdes, dans la mesure où les subventions publiques (de la Ville, la Région mais aussi de l’Etat) représentent 75% des ressources de l’établissement. Si le budget du nouveau gouvernement pourrait être moins sévère (conduisant alors au vote d'un budget rectificatif de la ville ou de la région), Tristan Liehr, violoniste et représentant syndical Samna-CGT, redoute néanmoins que l'actuelle « baisse des subventions (puisse) se traduire par une baisse de la programmation, une baisse des effectifs ou une augmentation du prix des places » à l'Opéra de Bordeaux.
On sait par ailleurs que l’Opéra de Bordeaux va devoir faire face à des couts importants afin de mener de lourds travaux de rénovations du Grand-Théâtre – de la toiture, la cage de scène, mais aussi de la protection incendie ou de l’isolation thermique. Ces travaux sont reportés depuis une dizaine d’années maintenant mais un schéma directeur est attendu en cette fin d’année, pour une réalisation des travaux envisagée en 2026-2027. Au regard du contexte économique, les plans de financement pourraient aussi être revus.
En cette période de fêtes de fin d’année, l’Opéra de Bordeaux donne actuellement une nouvelle production de Casse-Noisette. Selon les syndicats, aucune annulation de représentation n’est prévue pour l’instant mais dorénavant, un texte d’information sera lu avant le spectacle, afin de sensibiliser le public aux enjeux budgétaires de l’établissement. Un point entre la direction de l’Opéra de Bordeaux et l’intersyndicale FO/CGT est par ailleurs prévu ce vendredi 20 décembre.
publié le 18 décembre 2024 à 09h32 par Aurelien Pfeffer
18 décembre 2024 | Imprimer
Commentaires