On le sait, du fait des mesures de confinement visant à endiguer la propagation du Covid-19 qui s’appliquent actuellement dans nombre de pays, la plupart des maisons d’opéra ont interrompu leur saison de façon anticipée (en espérant rouvrir leurs portes à la rentrée de septembre) et bon nombre des festivals lyriques estivaux ont déjà été annulés, faute de pouvoir en organiser les préparatifs et ensuite d’accueillir le public.
Pour autant, plusieurs pays préparent, voire commencent d’ores et déjà une sortie progressive de confinement. C’est notamment le cas de l’Autriche, l’un des premiers pays européens à envisager de lever ces mesures restrictives, qui dès la semaine dernière autorisait par exemple à réouverture de ses petits magasins.
Et un « assouplissement de ces mêmes mesures de confinement » se prépare aussi au profit du secteur culturel du pays. C’est ce qu’annonçaient Werner Kogler, le ministre fédéral autrichien notamment en charge des Arts et de la Culture, et Ulrike Lunacek, secrétaire d’Etat autrichienne aux affaires culturelles, en fin de semaine dernière dans le cadre d’une conférence de presse.
Entre autres mesures, on retient notamment que les orchestres et groupes de musique, les chanteurs et les danseurs, seront « autorisés à reprendre les répétitions à partir du 1er juin prochain » en Autriche.
Les mesures de protections sanitaires restent néanmoins en vigueur et les deux responsables politiques en appellent à la responsabilité des artistes : autant que possible, les répétitions devront se tenir en comité réduit (évoquant par exemple des répétitions entre un chorégraphe et un petit groupe de danseurs) et le respect des mesures barrières reste encouragé. De même, la réouverture des salles de spectacles au public est toujours en suspens à l’heure actuelle – et sans doute peu envisageable à court terme (à titre d'exemple, l'Autriche ne prévoit pas la réouverture des musées avant au moins juillet).
En Autriche, ces annonces sont diversement appréciées par le monde de la culture : si la reprise des répétitions est évidemment un pas en avant significatif, d’aucuns reprochent à Ulrike Lunacek sa méconnaissance du secteur et la difficulté concrète à appliquer les mesures barrières dans le monde du spectacle – on imagine mal un chanteur répéter avec un masque ou un couple de danseurs respecter les principes de distanciation sociale.
Pour autant, cette date du 1er juin pour la reprise des répétitions est symbolique : c’est la date limite à laquelle le Festival de Salzbourg déterminera si son édition 2020 pourra ou non se tenir. Au-delà, si les préparatifs et répétitions n’ont pas pu débuter, le centenaire du Festival de Salzbourg devra être sinon annulé, au moins repoussé ou repensé dans une forme alternative.
Et on comprend aisément la problématique qui se pose à la fois aux pouvoirs publics et aux organisateurs : au-delà des évidentes considérations sanitaires, le Festival de Salzbourg est aussi porteur d’imposants enjeux économiques. L’année dernière, le Festival affichait un budget de près de 62 millions d’euros, pour des retombées économiques évaluées à 183 millions d’euros pour la seule ville de Salzbourg et 215 millions pour toute l’Autriche. Avec la reprise des répétitions dès le 1er juin, si l’édition 2020 du Festival de Salzbourg n’est pas encore sauvée (les organisateurs se prononceront fin mai prochain, alors que les rassemblements d’envergure sont encore interdits), une petite lueur d’espoir subsiste encore – et plus encore, la mesure peut être perçue comme un premier petit pas permettant de commencer à envisager le monde d'après.
Crédit photo : Vienna.at
23 avril 2020 | Imprimer
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