Dans ce fantastique Opéra de Valence, un Opéra inauguré il y a cinq ans et qui prouve que l’architecture contemporaine peut offrir des exemples de réussite visuelle exceptionnels, Helga Schmidt, l’intendante allemande de ce fleuron de l’opéra en Espagne, a choisi de passer les fêtes à l’italienne avec une pimpante Cenerentola de Rossini.
La production, signée Luca Ronconi, vient tout droit du Festival de Pesaro : des décors époustouflants, avec des changements à vue qui déclenchent des applaudissements, des costumes somptueux et inventifs et une direction d’acteurs très dynamique, tout réjouit les yeux.
La distribution est dominée par les trois femmes, Serena Malfi d’une part, une jeune mezzo italienne de 26 ans qui campe le rôle-titre avec une belle voix moelleuse, ambrée, joliment vocalisante (son Non piu mesta final est impressionnant de facilité) et une forte présence scénique, et les deux sœurs pimbêches d’autre part, jouées avec humour, abattage et bel appariement vocal par deux artistes espagnoles, Maria José Moreno, aux aigus cristallins et Cristina Faus, au timbre ensoleillé. Si Dmitri Korchak affirme une fois encore son talent de ténor rossinien à la projection claire et ardente, si Mario Cassi en Dandini et Simon Lim en Alidoro tiennent fort correctement leurs rôles, on est en revanche déçu par le Magnifico un peu balourd de Valeriano Lanchas, voix pâteuse et jeu stéréotypé.
Mais le point faible du spectacle est dans la fosse : l’Orchestre de la Communauté Valencienne manque singulièrement de virtuosité sous la baguette bien prudente du jeune chef italien Michele Mariotti dont les tempi très (trop) retenus empêchent souvent que la folie ne prenne. Car cet opéra est une fable colorée : il ne faut pas le dessiner au fusain mais l’enflammer, le fouetter, il faut que les couleurs giclent pour que le tourbillon emporte. En fait, cette Cenerentola valenciennaise, belle à voir et portée par plusieurs belles voix, manque un peu de tequilà !
Alain Duault
La Cenerentola - 30 décembre 2011 - Palau de les Arts Reine Sofia de Valencia (Espagne)
À voir jusqu'au 4 janvier 2012
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