Il a commencé par le piano avant de découvrir le chant et, après avoir travaillé avec Maryse Castets, de faire ses débuts à l’Opéra de Bordeaux en janvier 2010 dans le rôle de Papageno. Depuis, il est allé très vite et, après deux années passées à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris (dont il a remporté le Prix Carpeaux en 2012), il affirme à présent non seulement une voix mais aussi un tempérament qui vient d’éclater avec le Figaro qu’il chante depuis le 15 octobre sur la grande scène de l’Opéra Bastille. La mise en scène que Stéphane Lissner a eu la bonne idée de faire venir à l’Opéra de Paris est signée Damiano Michieletto, ce jeune metteur en scène vénitien (dont on avait vu à Salzbourg une étourdissante Bohème, diffusée la saison dernière dans les cinémas UGC) : elle situe l’action dans un quartier populaire de Séville, au milieu d’un tourbillon qui semble plonger l’opéra de Rossini dans le monde d’Almodovar. C’est époustouflant de vivacité, de rythme scénique, avec une direction d’acteur très imaginative, qui ne se relâche jamais et sollicite les chanteurs dans leurs capacités d’acteurs comiques.
Si l’on peut souhaiter une baguette plus pétillante que celle de Carlo Montanaro pour animer cette « folle journée », si l’on se dit qu’une distribution plus al dente donnerait toute sa folie à ce spectacle, on demeure soufflé par la performance de notre jeune baryton français Florian Sempey : le public ne s’y trompe pas d’ailleurs qui, au rideau final, lui réserve une ovation bien méritée. Car la voix, superbe de timbre et de projection, est conduite avec intelligence, sait s’appuyer sur le souffle pour se relancer, ne faillit jamais à la ligne dès que les phrases se développent, affirme un sens du rythme dont on sait l’importance chez Rossini : un vrai sans faute. Plus que cela, car il y a chez Florian Sempey un plaisir de jouer qu’il sait rendre contagieux : on sent chez ce jeune homme un talent de meneur de revue et une endurance (car la mise en scène fait courir, monter et descendre des escaliers sans nombre aux chanteurs !) qui augure de nombre de rôles à sa mesure dans les prochaines années. A côté (pour ne s’en tenir qu’aux barytons) d’Alexandre Duhamel ou de Vladimir Kapschuk, l’Ecole d’Art lyrique de l’Opéra de Paris montre une fois de plus qu’elle est un foyer d’excellence et un vivier de chanteurs d’avenir. Courez donc entendre Florian Sempey : c’est non seulement un Figaro épatant mais un chanteur à suivre.
Il Barbiere di Siviglia à l'Opéra Bastille (jusqu’au 3 novembre)
16 octobre 2014 | Imprimer
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