Informations générales
- Nom:Hendricks
- Prénom:Barbara
- Date de naissance:20/11/1948
- Nationalité:États-unis
- Tessiture:Soprano
Biographie
Barbara Hendricks appartient à cette catégorie d’artistes qui ont le pouvoir d’entrer immédiatement en communion avec le public parce qu’ils ont le don de séduire par leur charme naturel et c’est pourquoi la chanteuse occupe depuis longtemps une place particulière dans le cœur des mélomanes. Tous sont conquis par la beauté lumineuse de sa voix au timbre d’opale et par cette force de conviction qui la fait vivre intensément à travers tout ce qu’elle interprète. Barbara Hendricks chante avec tout son être, en répondant à la même exigence morale que celle dont témoignent les engagements forts qu’elle a pu prendre, par exemple en tant qu’Ambassadeur de bonne volonté auprès du Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés. La diva a toujours été guidée par ce qui lui paraît être une évidence : « Je préfère les actes aux discours. Et toute ma vie, toujours, j’ai essayé de vivre mes convictions ».
Barbara Hendricks ; © DR
Barbara Hendricks est née en 1948 à Stephens, petite ville de l’Arkansas, une région fortement marquée par la ségrégation. Fille d’un pasteur méthodiste et d’une mère institutrice, l’enfant grandit au sein de la communauté noire, dans une famille modeste où le chant est une activité parmi d’autres : « J’ai toujours chanté à l’église et dans les chœurs d’école, de sorte que mon goût n’a pu se former qu’au contact de la musique qu’on y chantait : des cantates de Bach, des motets ». Mais cette pratique du chant, aussi précoce que naturelle, passe après une véritable passion pour les mathématiques et les sciences. A vingt ans, la jeune fille obtient une licence en Mathématiques et en Chimie tout en continuant à chanter, en particulier dans le chœur de l’Université du Nebraska, mais sans jamais songer à faire carrière : « J’ai toujours chanté sans penser qu’un jour je deviendrais professionnelle. A cette époque, c’était le plaisir du chant qui comptait. J’ai toujours essayé de garder dans ma carrière cette spontanéité, ce plaisir pur. » C’est probablement le secret de la formidable réussite de Barbara Hendricks.
Barbara Hendricks ; © DR
Le premier signe du destin se manifeste avec la rencontre d’une grande mezzo-soprano canadienne, Jennie Tourel, qui va convaincre Barbara de venir suivre ses cours à la Juilliard School de New-York. La candidature de la jeune fille est acceptée, mais il lui faudra fournir un travail acharné pour se hisser au niveau des grands concours internationaux, sésame nécessaire pour amorcer une carrière. Parallèlement, elle se passionne pour le théâtre, le mime et la danse, disciplines riches d’enseignement quand on veut réussir sur une scène d’opéra. En 1971, elle remporte un Prix spécial au Concours de Genève puis, en 1973, elle obtient une bourse du National Opera Institute. Malheureusement, cette même année est endeuillée par la mort de Jennie Tourel qui a joué un rôle décisif dans la vocation de la jeune chanteuse.
En 1974, Barbara Hendricks fait sa première apparition d’importance au Festival de Glyndebourne dans le rôle-titre de La Callisto de Cavalli. L’année suivante, elle triomphe à Carnegie Hall lors d’une exécution en concert de La Favorite de Donizetti, aux côtés de deux stars, Alfredo Kraus et Shirley Verrett. La presse salue la jeune soprano en soulignant « la luminosité de sa voix toute d’aisance dans l’aigu et sa technique vif-argent ». C’est le début d’un parcours qui fera de la chanteuse une des artistes les plus aimées à travers le monde entier où elle se produira sur toutes les plus grandes scènes, dirigée par les chefs les plus prestigieux, que ce soit Leonard Bernstein, Karl Böhm, Herbert von Karajan, Lorin Maazel ou Zubin Mehta, pour n’en citer que quelques-uns.
Barbara Hendricks ; © DR
La carrière lyrique de Barbara Hendricks a très vite pris son essor. En 1978, elle fait des débuts remarqués à l’Opéra de Berlin dans le rôle de Suzanne des Noces de Figaro sous la direction de Daniel Barenboïm. Puis, elle reprend ce rôle au Festival d’Aix dans une mise en scène de Jorge Lavelli lors d’une soirée mémorable. La voix de Barbara Hendricks convient idéalement à Mozart pour lequel elle semble avoir été faite. La souplesse et le contrôle de la ligne de chant, la pureté de l’émission et la clarté du timbre, tout est réuni en elle pour exprimer l’humanité, la profondeur et la grâce du chant mozartien. En 1980, la soprano aborde la Gilda du Rigoletto de Verdi aux Chorégies d’Orange et c’est encore un triomphe annonciateur de beaucoup d’autres pour une chanteuse qui s’est alors définitivement installée au sommet du monde lyrique. Mais Barbara Hendricks connaît aussi une ascension fulgurante dans le domaine plus intimiste du récital. Dès 1978, à Paris, au Théâtre de l’Athénée, elle donnait la preuve de sa parfaite maîtrise de cet art exigeant en interprétant Schubert et Richard Strauss, deux de ses compositeurs de prédilection.
Barbara Hendricks dans Roméo et Juliette de Gounod ; © DR
Extrait du film La Bohème de Luigi Comencini, avec Barbara Hendricks ; © DR
La musique française a joué un rôle particulier dans le répertoire très diversifié dont Barbara Hendricks s’est fait l’ambassadrice à travers le monde. La souplesse caressante et la séduction naturelle de sa voix font merveille dans les mélodies de Debussy, de Fauré, de Ravel ou de Chabrier, dont elle sait restituer les inflexions tantôt tendres et délicates, tantôt mélancoliques et plus passionnées. Lors de ses récitals, elle a été accompagnée par les plus grands pianistes que ce soit Radu Lupu, Maria Joao Pires ou Michel Dalberto. Barbara Hendricks a aussi brillé dans le répertoire du lied allemand en s’imposant comme une grande interprète de Schubert. En dehors de ces choix artistiques attendus, la chanteuse a aussi exploré l’univers du jazz où elle a fait ses débuts en 1994 en participant au Festival de Montreux. Depuis, elle a donné de nombreux concerts à travers le monde, accompagnée par le Magnus Lindgren Quartet. Barbara Hendricks a aussi pris part à des aventures cinématographiques : en 1988, elle était Mimi dans La Bohème réalisée par Luigi Comencini et en 1995, elle incarnait Anne Truelove dans The Rake’s Progress avec Esa-Pekka Salonen à la baguette. En 1999, elle participait au Festival de Cannes en tant que membre du jury, présidé cette année-là par David Cronenberg.
Une carrière aussi riche méritait tous les honneurs du disque et Barbara Hendricks peut se vanter d’être une des artistes qui en a enregistrés et vendus le plus grand nombre ! Elle a réalisé plus de quatre-vingts enregistrements pour les labels les plus prestigieux et, en 2006, elle a fini par lancer sa propre maison de disques, Arte Verum, pour laquelle elle enregistre désormais en exclusivité. Si la chanteuse a reçu de nombreux prix artistiques, elle a aussi été fréquemment récompensée pour ses engagements humanitaires. Elle a en particulier reçu le titre d’Ambassadrice Honoraire à vie de l’UNHCR après avoir œuvré pendant plus de vingt ans pour la cause des réfugiés. En 1998, elle a fondé la Fondation Barbara Hendricks pour la Paix et la Réconciliation et chacun se souvient qu’au moment où la guerre faisait rage dans l’ex-Yougoslavie, on l’a vue donner deux concerts, en 1991 et 1993, à Sarajevo et à Dubrovnik, pour appeler à la cessation des combats.
Chanteuse charismatique et engagée, Barbara Hendricks a trouvé une terre d’élection en Europe et elle a adopté la nationalité suédoise. Dès 1976, elle s’était installée à Paris avec son premier mari, Martin Engstroem, devenu son agent. Puis elle a vécu en Suisse. Elle est très chère au cœur de ce public européen qui admire autant l’artiste que la femme engagée.
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