Informations générales
- Nom:Gigli
- Prénom:Beniamino
- Date de naissance:20/03/1890
- Date de mort:30/11/1957
- Nationalité:Italie
- Tessiture:Ténor
Biographie
Trois ténors italiens ont successivement marqué le XXème siècle par leur talent exceptionnel couronné par une immense popularité : le premier est Enrico Caruso (1873-1921), le troisième est Luciano Pavarotti (1935-2007) et le deuxième est Beniamino Gigli, une des plus belles voix jamais entendues dont le disque a su préserver l’enchantement jusqu’à nous. Véritable successeur du grand Caruso, Beniamino Gigli a mené pendant plus de quarante ans une brillante carrière, d’abord à travers l’Italie, puis sur les scènes du monde entier. Les métaphores abondent pour qualifier sa voix ensorcelante et lumineuse qui semble annoncer celle d’un Pavarotti : pour l’un comme pour l’autre, on évoque le rayonnement du soleil, l’onctuosité du miel, le scintillement de l’or… Evoquant Beniamino Gigli, le grand baryton Tito Gobbi n’hésitait pas à affirmer : « quand il ouvrait devant vous ce gosier miraculeux, il n’y avait pas besoin d’être un spécialiste pour entendre qu’un don de Dieu, et l’un de ses plus beaux, vous était accordé ». Ce ténor de légende donnait l’impression de pouvoir s’adapter à chaque répertoire. La clarté du timbre, la longueur du souffle et la flexibilité de la ligne de chant en faisaient un interprète idéal pour le plus pur bel canto. Mais le « tenore di grazia » pouvait aussi aborder des rôles de lirico spinto chez Verdi ou chez Puccini et il triomphait dans les ouvrages véristes où son sens du drame faisait merveille.
Beniamino Gigli Metropolitan ; © DR
Beniamino Gigli est né le 20 mars 1890, à Recanati, dans une famille modeste. Son père, cordonnier, est sonneur de cloches à la cathédrale ; c’est un passionné d’opéra. Après avoir pris ses premières leçons de musique à la Schola Cantorum de Recanati, Beniamino Gigli devient élève de la prestigieuse Accademia Santa Cecilia à Rome. Il a pour professeur Antonio Cotogni (1831-1918), un des barytons préférés de Verdi, et il suit aussi les cours d’Enrico Rosati. En juillet 1914, le jeune ténor remporte le concours international de Parme qui lui permet de faire ses débuts, en octobre, au Teatro Sociale de Rovigo, en Enzo dans La Gioconda de Ponchielli. Puis, en deux ans seulement, il est programmé au Teatro Massimo de Palerme, au San Carlo de Naples et à l’Opéra de Rome, toujours dans le même rôle, celui de Faust, le héros du Mefistofele d’Arrigo Boïto. Dès 1917, Beniamino Gigli chante à Barcelone et à Madrid. Poursuivant son irrésistible ascension il triomphe à la Scala de Milan, le 19 novembre 1918, toujours dans Mefistofele, donné sous la direction d’Arturo Toscanini au cours d’une soirée d’hommage au compositeur disparu quelques mois plus tôt. Cinq ans après ses débuts, le ténor est déjà à l’affiche du Teatro Colon de Buenos Aires, puis du Metropolitan Opera de New-York, le 26 novembre 1920, une fois encore dans Mefistofele. Cette scène prestigieuse va bientôt devenir son port d’attache. En effet en août 1921 est mort le « roi du Met », le grand Caruso : Beniamino Gigli prend alors sa succession sous le surnom de « Caruso II ». Jusqu’en 1932, aux côtés de deux autres grands ténors italiens, Giovanni Martinelli et Giacomo Lauri-Volpi, Gigli triomphera sur la scène new-yorkaise à travers un vaste répertoire, allant de Mozart à Mascagni, en passant par Donizetti, Bellini, Verdi ou Gounod.
I Pagliacci, avec Beniamino Gigli et Alida Valli ; © DR
En 1932, Beniamino Gigli quitte le Met à la suite d’un désaccord sur le montant de ses cachets. Désormais, l’Europe sera sa terre d’élection même s’il continue à donner quelques représentations en Amérique. Toutes les grandes scènes européennes l’accueillent, en particulier l’Opéra de Paris, où il fait ses premiers pas en 1934 dans deux Verdi, La Traviata et Rigoletto. Mais c’est surtout dans son pays natal que le ténor fait l’objet d’un véritable culte, appuyé sur une quinzaine de films qu’il tourne régulièrement à partir de 1935 avec des partenaires aussi prestigieuses que la soprano Maria Cebotari ou les actrices Alida Valli et Gina Lollobrigida. Ces films ne méritent pas des palmes d’or mais ils viennent amplifier l’immense succès des disques qui nous restituent encore aujourd’hui l’inimitable séduction d’une voix extraordinaire, au sens propre du terme. Inaugurée en 1918, la carrière discographique de Beniamino Gigli est une des plus considérables de la première moitié du XXème siècle. On y trouve à la fois des intégrales d’opéra et des airs séparés, des lieder et des mélodies, mais aussi des chansons napolitaines…
Beniamino Gigli ; © DR
Après la Seconde Guerre Mondiale, le ténor connaît quelques difficultés car il est accusé d’avoir côtoyé de trop près le régime mussolinien. Cependant, Beniamino Gigli est toujours aussi populaire quand il se produit pour la dernière fois à la Scala de Milan en 1947. Il poursuit ensuite sa carrière en récital. Exemple étonnant de longévité, il chante encore à soixante-trois ans Nemorino dans L’Elixir d’amour de Donizettiet et Turridu dans Cavalleria Rusticana de Mascagni ! En 1954, il entreprend encore une vaste tournée d’adieux à travers le monde mais, l’année suivante, il doit se soumettre à l’avis des médecins en mettant un terme définitif à sa carrière. Il meurt le 30 novembre 1957 à Rome, laissant à tout jamais le souvenir d’un chanteur devenu une légende.
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