Informations générales
- Nom:Price
- Prénom:Margaret
- Date de naissance:13/04/1941
- Date de mort:28/01/2011
- Nationalité:Royaume-uni
- Tessiture:Soprano
Biographie
Il y a deux célèbres sopranos qui portent le même nom et qui n’ont pourtant aucun lien entre elles en dehors de leur excellence dans l’art du chant. Evitons de confondre l’Américaine Leontyne Price, sans nul doute la plus grande soprano verdienne de l’après-guerre, avec l’Anglaise Margaret Price qui s’est imposée dans l’univers mozartien durant les années 1970. Si les deux divas illustrent deux générations différentes, elles figurent, l’une et l’autre, parmi les interprètes les plus appréciées du public. Margaret Price possédait tous les atouts pour rayonner dans les grands ouvrages de Mozart où s’affirmaient pleinement ses qualités. La chanteuse se signalait par son timbre opulent et moiré, d’une grande homogénéité et elle séduisait d’emblée par la fermeté et la pureté de sa ligne de chant. On admirait également son impeccable contrôle du souffle ainsi que sa technique sans faille qui lui permettait de se jouer de tous les écueils. Margaret Price a beaucoup chanté à l’Opéra de Paris où elle était fréquemment invitée par Rolf Liebermann, directeur entre 1973 et 1980. Beaucoup se souviennent de l’avoir découverte en avril 1973, au Palais Garnier, dans la fameuse production des Noces de Figaro due à Giorgio Strehler.
Margaret Price jeune ; © DR
Margaret Price est née le 13 avril 1941 à Blackwood, au pays de Galles, dans une famille de musiciens. Elle pratique le chant dès sa plus tendre enfance mais elle se destine d’abord à la biologie tout en continuant d’acquérir une très solide formation musicale au Trinity College de Londres. La jeune femme finit par opter pour la carrière lyrique et elle fait ses débuts en 1962, en Chérubin, dans Les Noces de Figaro, au Welsh National Opera de Cardiff. L’année suivante, elle est engagée à Covent Garden pour remplacer Teresa Berganza dans le même rôle. C’est le début d’un magnifique parcours. En 1968, elle poursuit avec Mozart, en Constance dans L’Enlèvement au Sérail à Glyndebourne où elle rencontre le metteur en scène Jean-Pierre Ponnelle qui va jouer un rôle déterminant dans son ascension. C’est sur ses conseils qu’elle aborde Fiordiligi dans Cosi fan tutte, puis Dona Anna dans Don Giovanni, passant des rôles mozartiens les plus légers aux plus lourds pour finir par élargir son répertoire jusqu’à Verdi sans jamais compromettre son bel équilibre vocal. Peu de sopranos ont été capables de briller à la fois dans Mozart et dans Verdi ! De la grâce de Chérubin, aux élans dramatiques d’Amelia dans Un Bal masqué, en passant par les fulgurances d’une Aïda, il y a un chemin escarpé où beaucoup se sont fourvoyées ! Margaret Price, l’incomparable mozartienne, a réussi le tour de force de s’imposer comme un grand soprano verdien.
Margaret Price en Desdemone, 1985 ; © DR
Les années 1970 consacrent la dimension internationale de cette chanteuse qui a choisi, par défiance pour les longs voyages, de bâtir sa carrière sur les grandes scènes européennes, qu’il s’agisse de l’Opéra de Munich, de Vienne, de Milan ou de Paris où Rolf Liebermann la considère comme la plus grande interprète mozartienne de sa génération. Elle se produit aussi très régulièrement dans les grands festivals comme Glyndebourne ou Salzbourg. Il faudra attendre 1985 pour l’entendre au Metropolitan Opera de New-York en Desdémone avec Placido Domingo en Otello, sous la direction de James Levine.
Margaret Price, qui n’a jamais sacrifié aux exigences de l’ambition, commence, dès la fin des années 1980, à espacer ses apparitions sur les scènes lyriques, car elle souhaite désormais se consacrer à ce qu’elle déclare être sa véritable passion, le récital et le concert. Elle avouera : « En fait, je ne souhaitais pas du tout devenir chanteuse d’opéra : ce qui m’attirait, c’était le lied et la musique religieuse, Bach en particulier. C’est mon père qui m’a convaincue de la nécessité de me consacrer à l’opéra. » En 1998, le public parisien l’ovationne une dernière fois à la Salle Gaveau. L’année suivante, à cinquante-huit ans seulement, Margaret Price met définitivement fin à sa carrière pour regagner le pays de Galles où elle compte se consacrer à l’élevage de chiens. Elle affirme qu’elle préfère que le public garde d’elle une image positive et « non celle d’une cantatrice sur le déclin ». Restée fidèle à ce choix de mener une existence des plus paisibles, la chanteuse est morte dans la plus grande discrétion le 28 janvier 2011.
On peut regretter que Margaret Price n’ait pas abordé plus de rôles avec les formidables atouts qui étaient les siens. La pureté de son timbre d’une grande homogénéité et la maturité dramatique qu’elle avait acquise sous la direction des plus grands chefs auraient sans doute dû lui ouvrir bien d’autres horizons. Heureusement, elle laisse une abondante discographie d’où se détachent deux enregistrements d’exception : celui de Cosi fan tutte, sous la direction d’Otto Klemperer, qui l’a révélée sur le plan international et surtout, celui réalisé avec Carlos Kleiber, qui l’avait convaincue d’enregistrer Tristan et Isolde de Wagner, un ouvrage qu’elle n’a jamais chanté en scène.
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