Informations générales
- Nom:Jeritza
- Prénom:Maria
- Date de naissance:06/10/1887
- Date de mort:10/07/1982
- Nationalité:Tchèque, république
- Tessiture:Soprano lyrique
Biographie
Le nom de la soprano tchèque Maria Jeritza reste associé à celui de deux des plus grands compositeurs du XXème siècle : Richard Strauss et Giacomo Puccini. C’est elle qui crée les deux versions d’Ariane à Naxos, puis l’Impératrice dans La femme sans ombre et elle triomphera régulièrement en Salomé ou en Octavian, du Chevalier à la rose, inscrivant à jamais dans la légende ses interprétations aussi lumineuses que saisissantes. Richard Strauss lui écrit le rôle-titre d’Hélène d’Egypte, qu’elle ne pourra finalement pas créer à Dresde le 6 juin 1928, mais qu’elle chantera quelques jours plus tard, sous la direction du compositeur, à Vienne. Impressionné par ses dons d’actrice et la qualité exceptionnelle de sa voix de soprano dramatique Puccini pense à elle lorsqu’il écrit le rôle de Turandot et elle assurera en 1926, au Met, la création américaine de ce dernier ouvrage du compositeur qu’elle chantera plus d’une vingtaine de fois en quatre ans. Maria Jeritza faisait aussi sensation dans Tosca où elle chantait « Vissi d’arte » allongée sur le sol, une « trouvaille » théâtrale qui, paraît-il, bouleversait Puccini lui-même. Au-delà de ses prouesses artistiques entrées dans la légende, Maria Jeritza a mené tambour battant une existence pleine de romanesque avec quatre mariages à son actif ; elle avait aussi un indéniable talent pour mettre en scène les excès de sa vie fastueuse. C’est sur les recommandations de l’Empereur François-Joseph qu’elle fait ses débuts à l’Opéra de Vienne en 1912 inaugurant une carrière placée sous le double signe de « sa formidable aura érotique et (de) sa voix littéralement volcanique », comme le souligne le dramaturge et critique viennois Marcel Prawy. Avec le Metropolitan Opera de New-York, le Staatsoper fut le port d’attache de cette chanteuse d’un rayonnement hors du commun, tant par son physique que par ses dons vocaux magnifiés par un exceptionnel tempérament dramatique.
Maria Jeritza en Carmen ; © DR
Maria Jeritza, née Mizzi Jedlitzkova, voit le jour à Brno le 6 octobre 1887. Elle étudie le chant dans sa ville natale, capitale de la Moravie, qui faisait alors partie de l’Empire austro-hongrois. En 1910, elle fait ses débuts à Oloumoc, en Elsa, dans Lohengrin ; puis, en 1911, on lui confie un autre grand rôle wagnérien, Elisabeth dans Tannhäuser au Volksoper de Vienne. Sur recommandation de l’empereur François-Joseph, elle intègre le Hofoper, actuel Staatsoper. C’est le début d’une ascension fulgurante qui lui permet d’enchaîner les plus grands rôles du répertoire : que ce soit Senta dans Le Hollandais volant de Wagner, Rosalinde dans La Chauve-Souris de Johann Strauss, Santuzza dans Cavalleria Rusticana de Mascagni ou encore la Carmen de Bizet, à laquelle elle donne une intensité des plus troublantes. Jusqu’en 1935, Maria Jeritza restera fidèle au Staatsoper ; elle y reviendra ensuite, en 1950, pour triompher à nouveau dans trois de ses rôles fétiches : chez Puccini, Tosca et Minnie, l’héroïne de La Fanciulla del West, et chez Strauss, Salomé. Après la seconde guerre mondiale, la diva contribua généreusement à la reconstruction du Staatsoper, détruit par un bombardement le 12 mars 1945.
Maria Jeritza ; © DR
Mais une des incarnations les plus impressionnantes de Maria Jeritza reste celle de Marietta dans La Ville morte. C’est dans ce rôle qu’elle fait sa première apparition sur la scène du Metropolitan Opera de New-York, le 19 novembre 1921, pour la création américaine du chef-d’œuvre de Korngold. Elle en avait assuré la première viennoise quelques mois plus tôt. Jusqu’en 1932, la soprano se produira plus de trois cents fois au Met Opera, acclamée dans tous les grands rôles wagnériens mais aussi dans Carmen et le répertoire vériste dans lequel elle excelle. Après la disparition de Caruso en août 1921, le directeur du Met, Giorgio Gatti-Casazza, était en quête d’artistes capables d’attirer autant de public que le mythique ténor. Il a désormais la chance d’avoir Maria Jeritza qui brille à l’affiche aux côtés d’une autre grande soprano, Amelita Galli-Curci. En 1924, autre événement marquant dans une carrière qui en compte tant, Maria Jeritza incarne l’héroïne de Janacek lors de la création américaine de Jenufa. Puis, en 1927, elle crée le rôle-titre de la Violanta de Korngold, se faisant encore une fois l’ambassadrice du compositeur aux Etats-Unis. En 1943, la soprano tchèque obtient la nationalité américaine.
Après 1945, la diva chante encore à Vienne jusqu’en 1953. Elle a déjà pris congé du public new-yorkais en 1951 avec la célèbre opérette de Johann Strauss, La Chauve-Souris. Pour l’apprécier, il faudra désormais écouter des enregistrements réalisés pour la plupart entre 1908 et 1930. Certains proches auront encore le plaisir de l’entendre quand elle chante dans le théâtre privé qui agrémente la somptueuse demeure qu’elle occupe à Newark avec son dernier mari, un très riche homme d’affaires.
Une anecdote émouvante témoigne des liens privilégiés de la chanteuse avec Richard Strauss. Le compositeur lui dédia son dernier lied, Malven, composé en 1948, un an avant sa mort, avec la dédicace suivante : « A ma chère Maria, cette dernière rose ». Maria Jeritza ne le chanta jamais en public préférant conserver la partition pour elle seule. Après sa disparition le 10 juillet 1982, à Orange (New Jersey), le manuscrit fut acheté par une fondation qui permettra à Kiri Te Kanawa de créer Malven le 10 janvier 1985 avec le New York Philharmonic Orchestra placé sous la direction de Zubin Mehta.
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