Informations générales
- Nom:Jurinac
- Prénom:Sena
- Date de naissance:24/10/1921
- Date de mort:22/11/2011
- Nationalité:Autriche
- Tessiture:Soprano
Biographie
Deux rôles phares du répertoire lyrique ont fait de Sena Jurinac une des plus grandes sopranos de la seconde moitié du XXème siècle. Le Chérubin de ses débuts viennois et l’Octavian plein d’ardeur et de sensibilité qui lui ont valu la gloire restent à jamais gravés dans la mémoire des amateurs d’opéra. Mozart et Strauss auront été ses deux compositeurs de prédilection, essentiellement sur la scène du Staatsoper de Vienne qui fut son principal port d’attache. Cette soprano autrichienne d’origine croate a construit sa carrière avec une volonté d’exigence et un esprit d’indépendance qui l’ont poussée à privilégier un petit nombre de scènes où elle était certaine de pouvoir bénéficier de l’excellence. Loin des mirages du vedettariat, la chanteuse ne s’est limitée que pour mieux rayonner et s’imposer comme une des plus inoubliables mozartiennes de son siècle.
Sena Jurinac (les Noces de Figaro)
Srebrenka Jurinac est née le 24 octobre 1921 à Travnik en Bosnie-Herzégovine, d’un père croate et d’une mère viennoise. Elle étudie le chant à l’Académie de musique de Zagreb où elle fait ses débuts en 1942, dans le rôle de Mimi de La Bohème. Elle adopte alors le prénom de Sena, plus facile à prononcer pour faire carrière. Dès l’été 1944, elle ambitionne d’intégrer la troupe du prestigieux Staatsoper de Vienne, mais la guerre fait rage et le bâtiment est détruit par un bombardement le 12 mars 1945…Il ne sera reconstruit que dix ans plus tard. Engagée par Karl Böhm, Sena Jurinac fera pourtant ses débuts avec la troupe du Staatsoper, le 1er mai 1945, dans des Noces de Figaro données au Volksoper, devenu un refuge temporaire en ces temps troublés. La jeune chanteuse se révèle en Chérubin face à Irmgard Seefried en Suzanne. C’est le point de départ d’une brillante carrière viennoise. Aux côtés d’Elisabeth Schwarzkopf, Lisa Della Casa et Irmgard Seefried, Sena Jurinac contribuera à faire du Staatsoper un des temples de l’art lyrique dans les années d’après-guerre. Jusqu’à ses adieux à la scène en 1982, elle y donne plus de mille représentations dans quarante-six rôles différents ! Elle y chante cent trente-et-une fois Chérubin. Le disque a conservé toute la grâce frémissante et l’irrésistible exaltation de ce personnage qu’elle a incarné avec tant de sensibilité, sous la baguette d’Herbert von Karajan en 1950, face à la Comtesse d’Elisabeth Schwarzkopf et à la Suzanne d’Irmgard Seefried. Il faudrait aussi mentionner un magnifique enregistrement réalisé en 1954 avec Erich Kleiber. Parfaite dans les rôles de travesti, la chanteuse triomphe avec deux personnages straussiens qui sont comme l’écho de Chérubin, Octavian dans Le Chevalier à la rose et le Compositeur dans Ariane à Naxos.
Sena Jurinac (le Chevalier à la Rose)
Mais Vienne ne résume pas tout le parcours de Sena Jurinac dont la carrière a rapidement pris une dimension internationale. Dès 1947, Josef Krips la choisit pour être la Dorabella de son Cosi fan tutte au Festival de Salzbourg qui figurera parmi les lieux de prédilection de la chanteuse, comme Glyndebourne où, entre 1949 et 1956, elle interprète tous ses grands rôles mozartiens. Le Covent Garden de Londres, la Scala de Milan et le Théâtre des Champs-Elysées à Paris l’accueilleront souvent en tant qu’artiste invitée. Sous l’impulsion d’Herbert von Karajan, Sena Jurinac a progressivement élargi son répertoire jusqu’au lirico spinto abordant de nouveaux rôles chez Verdi et Puccini, mais elle a su également s’approprier le style de l’opéra baroque en s’aventurant chez Monteverdi ou Gluck. La discographie nous restitue le meilleur de ce panorama musical et dramatique qui témoigne de la richesse d’une personnalité artistique hors du commun. Toutefois, puisqu’il s’agit d’une chanteuse dotée d’un tempérament dramatique des plus affirmés, les DVD se révèleront d’aussi précieux témoignages que les disques. On peut citer deux réalisations incontournables : un Chevalier à la rose, tourné à Salzbourg en 1960, avec Karajan au pupitre, et un Wozzeck, filmé à Hambourg, en 1967, sous la baguette de Bruno Maderna.
Après ses adieux à la scène en 1982, Sena Jurinac se consacre essentiellement à l’enseignement. Christine Schäfer, Bo Skovhus ou encore Piotr Beczala figurent parmi ses élèves. La chanteuse s’éteint le 22 novembre 2011, au seuil de sa quatre-vingt dixième année. Elle laisse inconsolables les mélomanes viennois qui la surnommaient affectueusement « Die Sena » (« La Sena »), la considérant à juste titre comme une des étoiles de l’âge d’or du Staatsoper.
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